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Covid-19 - Conseil scientifique : "Se préparer maintenant pour anticiper un retour du virus à l’automne"


C.-V. M le Mercredi 5 Août 2020 à 09:19

Pour la France métropolitaine, le Conseil Scientifique considère que le déconfinement qui a démarré de façon progressive le 11 mai 2020 a globalement été une réussite. En effet, pendant les deux mois qui ont suivi sa mise en place, il n’y a pas eu de reprise marquée de l’épidémie. Le Conseil Scientifique note cependant avec inquiétude une recrudescence récente du nombre de cas COVID-19 dans plusieurs régions métropolitaines. Une situation qui, selon l'avis du Conseil scientifique, doit nous inciter à la plus grande vigilance



La circulation du virus est redevenue plus importante, depuis quelques semaines, sur l’ensemble du territoire, avec une remontée du R0 autour de 1,3 au niveau national. Ceci correspond à des mouvements de populations liés aux vacances, mais surtout à une perte progressive des mesures barrières, du port du masque mais aussi de distanciation physique,  en particulier dans la population la plus jeune. L’obligation du port du masque dans les lieux  publics clos est une mesure qui pourrait être étendue à l’ensemble des lieux publics. Des campagnes d’information et de sensibilisation, répétées en particulier en ciblant la population  jeune, doivent être menées pour leur expliquer qu’en se protégeant, ils protègent les autres  mais aussi leur projet professionnel et personnel à moyen terme. Durant cette période de  l’été, l’accès au tests doit être simplifié ; il faut insister sur l’importance des tests dans cette  population mais aussi en général. Les conditions d’isolement et de traçage des contacts  doivent être optimisées en particulier sur la condition des délais encore trop long.

Le Conseil scientifique juge fortement probable la survenue d’un retour du virus en novembre ou plus tard dans l’hiver (venant de l’hémisphère Sud et quand nous allons passer  plus de temps dans les espaces confinés que dehors). Cette deuxième vague doit être  anticipée et préparée pour éviter de se trouver dans la situation de mars 2020. C’est une  responsabilité majeure pour les pouvoirs publics. Les protocoles du plan de prévention et de  préparation doivent être finalisés avant septembre en particulier ceux concernant les 20 grandes agglomérations.
Le Conseil scientifique invite fortement les autorités de santé à améliorer plusieurs points


La gouvernance opérationnelle
La gouvernance opérationnelle tant au niveau central que dans les territoires. Comment  se fait le lien entre l’autorité centrale et les différents acteurs des territoires (préfets, ARS,  municipalités...) ? qui aura un rôle accru au cours des mois qui viennent ? qui prend la décision d’activer telle ou telle mesure au niveau régional ? sur quels critères ?

La communication qui doit être repensée et actualisée début septembre
La lutte contre l’épidémie n’implique pas seulement des enjeux et des professionnels de santé. L’ensemble de nos concitoyens est concerné dans l’ensemble des dimensions de la vie sociale. Il importe dans ce contexte que la lutte contre l’épidémie soit l’objet d’une large appropriation des enjeux et des modalités de protection et de lutte contre le virus. Les outils de communication jusqu’alors mobilisés ont surtout privilégié des stratégies de communication descendantes et à dominante sanitaire. Il importe qu’ils soient dorénavant complétés par de nouvelles formes d’implication de nos concitoyens, à travers des dispositifs et des outils de communication plus ouverts, plus participatifs et moins spécifiquement médicaux ou sanitaire, favorisant la formation d’une large « alliance » pluraliste autour de la lutte contre l’épidémie. Cette alliance pourrait associer des acteurs collectifs ou individuels décidant de s’impliquer de manière  volontariste dans la lutte contre l’épidémie.
Cette communication devra clarifier la doctrine des autorités sur les tests, et sur les décisions à envisager en cas de deuxième vague. Elle devra également s’appuyer sur de nouveaux  acteurs porteurs de message, différents des politiques et des scientifiques.

La participation citoyenne
Depuis le début de l’épidémie, les stratégies mises en œuvre à l’échelle nationale et locale ont nécessité l’adhésion et l’implication, parfois éprouvante, de tous nos concitoyens. Cette adhésion a porté sur des mesures fondées sur les connaissances scientifiques et médicales disponibles, souvent évolutives. La reprise de l’épidémie sollicitera de nouveau l’ensemble de nos concitoyens, dans un contexte de meilleure connaissance de l’épidémie et des difficultés qu’elle entraîne d’un point de vue sanitaire et sociétal.
Le Conseil scientifique a réclamé à plusieurs reprises depuis début avril, sans aucun succès, la mise en place d’un «comité de liaison citoyenne COVID-19». Le Conseil scientifique renouvelle cette demande. Le mois de septembre permettrait de mettre en place un dialogue avec la société civile sur les décisions à prendre en cas de seconde vague. Ces décisions seront politiques et sociétales, bien plus que sanitaires.
« La pandémie COVID-19 n’est pas terminée... »