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Conseil Général de Haute-Corse : Enfin, une femme élue !


Nicole Mari le Dimanche 8 Décembre 2013 à 23:09

Le Conseil Général de Haute-Corse a la réputation justifiée d’être un pré-carré masculin. Il était même l’un des 14 départements français à ne compter aucune femme élue. Il aura fallu le décès brutal de Pierre-Louis Nicolaï, Conseiller général du canton de Campoloro-Moriani, pour qu’une femme, sa suppléante, Henriette Danti, y fasse son entrée. Originaire de San Giovanni di Moriani où elle est adjointe au maire, cette enseignante du primaire, âgée de 51 ans, politiquement à gauche, livre, à Corse Net Infos, ses premières impressions de Conseillère générale et ses premiers pas dans un fief d’hommes.



Henriette Danti, nouvelle conseillère générale du canton de Campoloro-Moriani, adjointe au maire de San Giovanni di Moriani.
Henriette Danti, nouvelle conseillère générale du canton de Campoloro-Moriani, adjointe au maire de San Giovanni di Moriani.
- Comment êtes-vous devenue suppléante de Pierre-Louis Nicolaï ?
- Je suis élue de la communauté de communes de la Costa Verde. Par ce biais, j’ai rencontré plusieurs fois Pierre-Louis Nicolaï, qui était maire de Cervioni, puis est devenu Conseiller général. En 2008, a été votée une loi qui oblige tout Conseiller général à avoir un suppléant ou une suppléante de sexe opposé pour renforcer la parité. En Corse, la plupart du temps, c’est une suppléante ! Pierre-Louis Nicolaï m’a demandé d’être la sienne.
 
- Que ressentez-vous en vous retrouvant si brutalement propulsée Conseillère générale ?
- Je ne suis pas très rassurée. Je ne connais pas vraiment la fonction. Je suis en train de prendre connaissance des attributions du Conseil général. J’ai discuté avec quelques collègues. Je me rends compte qu’être conseillère générale est une fonction assez importante vis-à-vis des maires de mon canton. Je vais essayer de faire au mieux. Le 19 décembre, lors de la prochaine session, je me présenterai, officiellement, aux Conseillers généraux qui, pour la plupart, ne me connaissent pas. Je rendrai, bien sûr, un hommage à Pierre-Louis Nicolaï, d’abord parce que c’est la tradition et, ensuite, parce que vraiment je lui dois cela et tant d’autres choses ! Je tiens à lui rendre un hommage appuyé et sincère.
 
- Vous êtes la seule femme dans un bastion masculin. Comment le vivez-vous ?
- Seule femme ? Pourquoi pas ! Mes collègues n’ont pas l’air trop méchant ! (Rires). Je survivrai ! Je m’y ferai ! Je me sens assez à l’aise. En général, j’ai le sens de la communication, que ce soit avec des hommes ou des femmes. Je me débrouillerai !
 
- Est-ce important qu’il y ait enfin une femme dans ce fief masculin ?
- Il me semble ! La perception féminine est, quand même, différente de celle des hommes. Apporter une note, une vision différente des choses, j’espère que ce sera bénéfique à mon canton et, par ricochet, à la collectivité départementale.
 
- Qu’est-ce qu’une femme peut apporter de différent ?
- Je ne connais pas encore assez ni les dossiers, ni la façon de travailler, ni la façon dont se déroulent les sessions pour dire, aujourd’hui, ce que je peux apporter de différent. Je vous le dirai dans quelques mois. Je crois, cependant, que les femmes font plus attention aux détails, elles sont plus réalistes, plus pragmatiques.
 
- Savez-vous, déjà, quelles seront vos priorités en tant que conseillère générale ?
- Je suis de gauche. Je suis, donc, à priori, plus tournée vers le social. Je suis enseignante à l’école primaire de Sainte-Lucie de Moriani. Je suis en contact tous les jours avec des parents qui emmènent leurs enfants à l’école. Je connais la situation sociale de mon canton, elle n’est pas brillante. Je vis dans un canton fortement rural, pas très urbanisé et qui n’a pas beaucoup de débouchés. Beaucoup de personnes sont en difficulté. Je voudrais essayer de faire bouger les choses à ce niveau-là, j’espère que le Conseil général pourra apporter un plus. Déjà beaucoup d’efforts ont été faits par Pierre-Louis Nicolaï qui était très soucieux, très préoccupé par les problèmes sociaux. Je vais continuer dans cette voie. Ensuite, je fais partie de la Commission des infrastructures routières. Ce qui tombe bien parce que, dans mon canton, le réseau routier est un vaste sujet ! Ce sera ma deuxième priorité. J’aurai de quoi faire !
 
- Avez-vous un message à transmettre aux maires de votre canton ?
- Je n’ai pas encore eu l’occasion de les rencontrer. Ma prise de fonction est, encore, toute neuve. Je le ferai début 2014, à l’occasion des vœux. Je ne sais pas encore si je les rencontrerai tour à tour ou collectivement. A ce moment-là, je leur parlerai de ce que je veux faire. Mais, il faut savoir que mon mandat ne court que jusqu’à mars 2015. Pour l’année 2014, tout ce qui concerne le budget, les subventions et les aides a déjà été voté. Ma marge de manœuvre n’est pas très importante. Je ne pourrais pas apporter de révolution. Je vais essayer de m’inscrire dans la continuité de Pierre-Louis Nicolaï, de suivre sa route avec, peut-être, quelques modifications. Mais, à ce jour, il est encore trop tôt pour en parler.
 
- Ce mandat, peut-il vous donner envie d’aller plus loin en politique et, en 2015, de vous investir dans un autre mandat ?
- Carpe diem ! Pierre-Louis Nicolaï m’a demandé d’être sa suppléante parce que la loi l’imposait. Le destin et la loi ont, donc, voulu que je me retrouve Conseillère générale. Je ne m’étais pas préparée à cette éventualité. Elle est là ! J’assumerai mes responsabilités. Pour le reste, on verra !
 Propos recueillis par Nicole Mari.

La parité homme-femme dans les Conseils généraux en 2015
 Lors des élections cantonales de 2011, 14 départements, dont la Moselle, la Haute-Savoie, l'Indre et la Haute-Corse, n'ont élu aucune femme au sein de leur Conseil général.
Sur les 101 départements français, 4 sont présidés par une femme.
A partir de 2015, le scrutin uninominal à deux tours, en vigueur depuis 1871, sera remplacé par l'élection d'un binôme, un homme et une femme, dans un scrutin majoritaire à 2 tours. Il y aura, alors, autant de femmes que d'hommes sur les bancs départementaux. De 544 femmes conseillères générales en 2011, on passera à plus de 2 000. Environ 1 500 élus masculins devront passer la main. Si plus de 86 % des conseillers généraux sont des hommes, ils sont également plus de la moitié à être âgés de plus de 50 ans.