Il ne mesure pas encore qu’il est sur le point de réaliser un grand exploit dans sa jeune carrière. À seulement 12 ans, Claude-Bernard Emmanuelli fera ses débuts sur la scène internationale en participant au Championnat du monde junior de golf, qui se déroulera à Malaga (Espagne) à partir du 20 février. Une consécration pour le préadolescent qui devient ainsi le premier Corse à y participer.
Rendez-vous est pris au début du mois de février sur la place Saint-Nicolas. Ce soir-là, Claude-Bernard revient des cours, et il est accompagné de sa première supportrice, sa mère Flore, qui suit tous ses déplacements sur les greens. Assis sur la banquette du Pub Concorde, le jeune joueur de 12 ans n’en mène pas large pour sa première interview. Pour autant, une fois lancé sur le sujet du golf, le timide collégien devient intarissable, expliquant avec pédagogie les différents types de frappes pour donner de l’effet à sa balle, comment gérer les dénivelés ou encore les subtilités qu’il existe sur certains parcours de golf. Plus qu’un simple hobby, le golf est une passion qui dirige l’intégralité de sa vie. Il faut dire qu’il a été piqué très tôt par cette activité, qu’il a commencé à l’âge de deux ans et demi. « Un jour, alors qu’on se promenait avec ma mère et ma marraine, j’ai assisté à une journée portes ouvertes au golf de Casinca, à Vescovato », raconte le jeune homme. C’est à cette occasion qu’il tape ses premières balles, et que ce sport tournera vite à l’obsession. Un an plus tard, il participera à sa première compétition, qui lui mettra vraiment le pied à l’étrier et depuis, il n’a plus lâché. « Ce qui m’attire dans ce sport, c’est le fait d’être concentré, de pouvoir jouer pour soi et surtout, contre soi-même. Lorsque les choses ne se passent pas comme prévu, je ne peux pas m’en prendre aux autres, ce qui me pousse à devoir constamment m’améliorer », réagit le principal intéressé.
Tout faire pour devenir joueur professionnel
Cette abnégation qui le pousse vers l’excellence lui a permis d’atteindre très tôt un bon niveau pour son âge. Comme pour le tennis, le golf est régi par un classement, appelé index. Pour devenir professionnel à sa majorité, un joueur doit avoir un index inférieur à 3. À seulement 12 ans, Claude-Bernard possède déjà un index de 5,7. La marche qu’il lui reste à accomplir pour réaliser son rêve est donc à sa portée, et ses parents réfléchissent d’ailleurs à l’inscrire en sport-étude à partir de l’année prochaine pour qu’il puisse continuer de progresser. « Devenir professionnel, j’en ai envie depuis que j’ai commencé à faire des compétitions », dit-il avec des étoiles dans les yeux. Cette âme de compétiteur l’a amené jusqu’au Championnat du monde de golf junior de Malaga. Si c’est la première fois qu’il sera confronté aux 35 meilleurs joueurs du monde, Claude-Bernard se dit confiant et a pour objectif « de finir parmi les dix premiers », lance-t-il avec détermination, même s’il ne connaît pas encore le niveau des autres concurrents. Il faut dire que la compétition n’est pas chose étrangère pour le golfeur, qui en a plus d’une cinquantaine à son compteur, que ce soit en Corse, en Sardaigne, au Maroc ou sur le continent, où il a notamment reçu une médaille d’argent en 2019 lors du tournoi de la région PACA. C’est d’ailleurs lors d’une compétition qu’il a été repéré par Paul Canarelli, le propriétaire du domaine de Murtoli. « À la fin de la partie, il est venu me voir pour me dire que Claude-Bernard avait du potentiel. Il m’a promis de suivre son évolution, mais à condition qu’il s’en donne les moyens », évoque sa mère. Depuis, la famille Canarelli a tout fait pour que le joueur puisse atteindre son plein potentiel, que ce soit en lui ouvrant les portes de son domaine, ou en le sponsorisant.
Ce championnat du monde junior sera donc l’occasion de briller pour le jeune Corse, qui se prépare tel un athlète de haut niveau pour cette échéance. Tous ses week-ends, Claude-Bernard les passes à améliorer son jeu avec au moins deux entraînements, avec « des parcours de 18 trous pendant cinq heures, et si jamais je souhaite travailler un mouvement en particulier, je fais des sessions plus courtes de deux heures », souligne le licencié l’école de golf de Murtoli. « Depuis qu’il a été sélectionné au mois d’août pour participer au Championnat du monde, il a adapté ses cours particuliers en vue de cette compétition, précise Flore Emmanuelli. Il s’entraîne toutes les semaines sur les différents parcours que compte la Corse », afin de renforcer son jeu. Claude-Bernard a une affection particulière pour le terrain de Murtoli, où il est licencié, mais également pour la base militaire de Solenzara, où il s’entraîne régulièrement. L’adolescent a également fait appel à un coach mental, pour lui apprendre à canaliser la pression et la frustration, dans ce sport où la gestion du stress est primordiale pour réussir. Au final, peu importe le classement final à l’issue de ce tournoi, Claude-Bernard est déjà « fier d’être le premier Corse à participer à cette compétition internationale, cela montre que c’est possible et que tout le monde à ses chances d’y parvenir. Il faut juste travailler et y croire », souligne le jeune homme.
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