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Cherté des carburants en Corse : une timide mobilisation ce samedi à Bastia


Philippe Jammes le Samedi 3 Avril 2021 à 17:22

A l’appel du collectif Agissons Contre la Cherté des Carburants en Corse, une centaine de personnes a manifesté samedi 3 avril après midi à Bastia, du Palais de justice à la préfecture où des prises de paroles ont eu lieu.



Cherté des carburants en Corse : une timide mobilisation ce samedi à Bastia
L’appel avait été relayé par le Parti Communiste et Forza Nova mais c’est un véritable patchwork de la société civile qui y a participé : partis politiques de tous bords (gauche, droite, nationalistes), syndicats (FO et CGT), Gilets jaunes, associations diverses, motards… « Aujourd’hui les groupes privés, qui mettent la Corse sous monopole nous pressent comme de vulgaires oranges » déclare Frédéric Poletti, porte parole de A4C. «Il est temps de dire que cela suffit ! Non la cherté de carburants n’est pas une fatalité».  

Jusqu’en 1985, la Corse disposait des carburants les moins chers de France parce qu’elle bénéficiait d’une TVA réduite et en même temps de la régulation des prix au niveau national.  C’est à partir de la dérégulation de 1985 que les carburants y sont devenus les plus chers de France.  «Si nous disposions de prix identiques à ceux des Bouches du Rhône, cela représenterait entre 200 et 300 euros d’économie par ménage et surtout ça serait environ 32 millions d’euros de pouvoir d’achat cumulés par an qui seraient investies dans notre économie au lieu d’être dépensés en carburants » poursuit Frédéric Poletti. «Nous demandons aujourd’hui que l’Etat mette en place la régulation des prix  et pour cela il faut que nos élus se mobilisent et se saisissent politiquement de l’avis de l’Autorité de la concurrence pour le réclamer. Si nos élus ne prennent pas position, l’Etat se cachera derrière leur silence pour au mieux trainer, au pire enterrer le problème ». 

Dans ce dossier, l'Autorité de la concurrence vient de pointer du doigt le monopole du groupe Rubis sur l'approvisionnement et le stockage des carburants sur l’île. « Cela constitue une véritable entrave à l'expression de la libre concurrence. Depuis 2014, Total Corse, Vito Corse et DPLC ont généré un bénéfice cumulé de 43 224 065 € et ont distribué des dividendes cumulés de 43 006 849 €, qui, rappelons-le, ont échappé à la sphère économique insulaire puisque les actionnaires ne sont pas en Corse.La Corse est donc un marché de rente ».


Les organisateurs se félicitaient ce samedi de la pluralité de la participation. «Cette mobilisation se voulait avant tout citoyenne. Il y a des gens de toutes obédiences politiques, différentes structures syndicales, de simples citoyens. Nous considérons que nul ne peut prétendre au monopole de l’intérêt commun et que nous pouvons être unis, au-delà, de nos divergences, pour le défendre. Aujourd’hui c’était l’occasion de montrer aux élus de l'assemblée de Corse et aux futurs candidats notre exaspération. L'heure n'est plus aux questions, aux notes d'intention ou aux débats stériles. Nous attendons de l'assemblée de Corse qu'elle prenne ses responsabilités et qu'elle demande à l'Etat la mise en œuvre de la régulation des prix préconisée par l'Autorité de la concurrence afin de corriger une situation de monopole. Les élus sont l'expression démocratique du peuple. Leur silence sur le sujet sert de prétexte à l'Etat pour ne pas bouger ».