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Bastia : Patrizia Gattaceca, entre musique, écriture et One woman show


Odile de Petriconi le Samedi 23 Janvier 2016 à 14:55

Patrizia Gattaceca est une figure incontournable de la chanson corse et du Riacquistu, mais elle est aussi auteure, compositrice, interprète et poétesse. Ces derniers mois elle a eu l'occasion de publier un recueil de poésies "Paesi Ossessiunali" et un album "Passagera". Et en ce début d'année elle s'est produite dans le cadre de l'association Musanostra et doit encore se produire sur scène aux quatre coins de l'île.



Una Volta, décembre 2015, Patrizia Gattaceca  accompagnée par Frédéric Antonpietri (dit Tonton) du collectif  "Corsica Sound"
Una Volta, décembre 2015, Patrizia Gattaceca accompagnée par Frédéric Antonpietri (dit Tonton) du collectif "Corsica Sound"
Dans un texte intitulé "Plus fort que la mémoire, le poème ?" , Ghjaccumu Thiers rend un vibrant hommage au dernier recueil de poésies "Paesi Ossessiunali" écrit par Patrizia Gattaceca et paru en septembre 2015 aux éditions Albiana-CCU. L'éminent intellectuel Corse évoque aussi l'album "Passagera" sorti en juillet 2015:
 
L’enracinement dans le terroir de la Castagniccia, si bien affirmée et symbolisé par Patrizia dès ses débuts d’artiste par l’inoubliable Mulinu vivu n’est en rien incompatible avec la déambulation, le voyage au-delà de l’île. Qu’il s’agisse de la Corse ou du lieu où l’on réside, où l’on est, existe ou va. Où voudrait aller. En touchant l’Utopie.Si Passagera, la dernière création musicale de la poétesse-compositrice-interprète engage elle aussi cette thématique de la
mouvance créatrice, le dernier recueil de poèmes Paesi ossessiunali exhibe dans son titre et sa structure ce qu’il faut désormais considérer comme un invariant lié à l’identité même de la création qu’il sollicite. La récurrence prend ici la forme de l’obsession positive conjointe à la notion de paese volontairement sollicitée dans toutes
les variations de sa polysémie.La soixantaine de poèmes ordonnés en quatre sections aux titres évocateurs Utopie, Altri lati, Cerca, Andati esotichi n’arrête en rien le mouvement que suggère l’idée qui sans doute a présidé à l’éclosion de ce projet confié à la publication."
(...)
"(Or), dès les premiers sondages d’une lecture buissonnière, l’évidence s’impose. La pérégrination poétique à travers paysages et souvenirs est mise en branle parce que la certitude du poème l’emporte, à ce qu’il semble, sur l’improbable résultat d’une quête mémorielle. Aussi le recueil déploie-t-il pour notre lecture ses découvertes
panoramiques ou révélées dans l’éclat d’une concentration de l’attention sur un détail. Il peut s’agir d’un geste, une main passée dans une chevelure –las ou distrait ?- dans l’atmosphère d’une salle obscure où la fiction d’un court métrage se métamorphose en bannissement (storia corta/spechjà si ci/cum’è in esiliu) ; de métamorphoses où le regard oscille entre vie et mort (U ciucciu turchinu) ; d’appels à l’attention de tous les sens pour prolonger et
densifier encore un peu, de prolonger ce qui est irrémédiablement voué à la disparition (Desertu) ; de regards si intenses au besoin qu’il pourraient conférer à la majesté de l’arbre toute l’étendue, d’un territoire atemporel et physique (Paese di legnu)."
(...)
Ghjaccumu Thiers

Quatrième de couverture

Gode l'universu

E piove u to visu
nantu à u mo sguardu
U silenziu diventa l'onda
duve ti vecu
Gocce di sole è sale
mi stritanu l'albore
In u ventu ci batte u celu
à tiru d'ale...
Paese nidicale
spechju di u mo sognu
dorme d'amore bramu
à la to notte tornu...

E gode in issu donnu l'universu

L'album : "Passagera" (Ricordu)

Passagera est le troisième album solo de Patrizia Gattaceca, il est le fruit d'un long travail. Il évoque le passage et c'est à partir de ce thème que l'album a été écrit. Ici, la voix a pris de l'ampleur et se mêle à des sons acoustiques, électriques ou encore synthétiques. Après avoir choisi ce thème du passage pour ce nouvel album, Patrizia Gattaceca s'est laissée guider par son inspiration et poétesse dans l'âme aussi par sa passion pour l'écriture. "Passagera" est un voyage, une ouverture sur le monde, mais aussi une introspection. Les textes de cet album racontent des histoires, des vies, des destins. L'humain y est très présent et cet album rend hommage à la vie.



"Porti"
i u portu in sussuru
anima à tempu nata
a luce ti pigliò
per insignà a strada
Un trattu si pisò
l’idea d’un viaghju
chì tandu principiò…
U mondu, u mare l’altrò
duve vanu e vele
à u ventu ideale…
Di a to zitellina
cuntrastanu i moli
Batte u sciappittime
di a schjuma zergosa
Sghjumellanu i so canti
e sirene laziose
è tù posi pensosu…
In poppa i to sensi
a to vela si pesa
Sò l’isule quallà
chì si sveglianu, trè
Voca u to vascellu
à sculinà paesi
Sì capitanu è rè.
L’infinitu palesu
al dilà di e terre
un ragiu si ne more
ti fughjenu e sarre
Hè solu acqua in bullore
scritta in l’eterna stesa
a to storia d’amore.
U mondu , u mare , l’altrò
Duve vanu e vele…

"Port" (traduction)
Dans le fracas du port
âme dès la naissance
la lumière te prit
pour indiquer la voie
Et le vent se leva
le désir d’un voyage
né à ce moment-là…
Et le monde et la mer l’ailleurs
où se porte la voile
aux souffles de l’idée…
Entends se quereller
les môles de ton enfance
et claquer les assauts
de l’écume en furie
Le désir des sirènes
dévide leur beau chant
et tu songes immobile…
A l’appel de tes sens
tu as hissé la voile
Là-bas voici les îles
dont les trois corps se dressent
Tu conduis ton vaisseau
vers des terres inconnues
tu es roi, capitaine.
L’infini se découvre
loin par delà les terres
un rayon s’est éteint
et la crête n’est plus
Tout n’est qu’amas de flots
qui traverse les Temps
l’histoire de ton amour.
Et le monde, et la mer, et l’ailleurs
Où se rendent les voiles…
(Patrizia Gattaceca)
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Les prochains rendez-vous avec Patrizia Gattaceca :
- Le dimanche 24 janvier  à Ghisonaccia
- Le vendredi 29  et le samedi 30 janvier: One Woman Show humoristique au Petit Théâtre de l'Opéra de Bastia.
- Le jeudi 7 avril : concert au Théâtre de Bastia
- Le vendredi 8 avril  : concert à l'Aghja d'Ajaccio