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Autonomie : Le Rassemblement National demande l’organisation d’un référendum en Corse


MP le Lundi 11 Août 2025 à 12:39

À l’occasion d’une conférence de presse organisée à Bastia samedi dernier, la représentation locale du Rassemblement National a exprimé ses doutes et inquiétudes face au projet d’autonomie de la Corse validé récemment par le Gouvernement. François Filoni, le délégué territorial du parti à la flamme, a notamment pointé les risques financiers liés à une autonomie sans garanties et a insisté sur la nécessité d’un référendum pour que les Corses puissent se prononcer clairement sur l'avenir institutionnel de l'île



Autonomie : Le Rassemblement National demande l’organisation d’un référendum en Corse
Définir le contenu pour mieux adapter le contenant. Alors que le Gouvernement a validé le projet d’écritures constitutionnelles relatif à l’autonomie de la Corse il y a quelques jours, François Filoni, délégué territorial du Rassemblement National en Corse, et une dizaine de représentants locaux du parti à la flamme tenaient une conférence samedi dernier à Bastia afin de faire part de leurs inquiétudes vis-à-vis de ce processus. 
 
« Avant que l’on n’aille plus loin, nous avons intérêt à définir quels sont les réels besoins de la Corse. Il faut éviter d’avoir un contenant trop gros, sinon on va perdre de l’énergie et cela ne va pas prendre. Mais pour cela, il faut d’abord déterminer le contenu », explique François Filoni.  « Nous, nous partons déjà du principe que nous ne voulons pas rompre avec la solidarité nationale », ajoute-t-il par ailleurs en développant : « En cas d’autonomie, le principe est que le territoire lève ses propres impôts, ait ses propres recettes et fasse ses propres dépenses. Un des exemples concrets, c’est que la Sécurité Sociale dépense en Corse 1,6 milliard d’euros. Or les recettes de l'URSSAF et toutes les autres cotisations qui concernent ce domaine-là représentent seulement 1,2 milliard d’euros. Dans ce cas de figure, rien que pour le social, il nous manque 400 millions. Et quand on fait le tour de nos recettes et le tour de nos dépenses, on constate qu’il y a un déficit partout. On ne pourra jamais arriver à l’équilibre car il y a des choses qui ne sont pas gérables sans la solidarité nationale ». 
 
Au-delà des questions financières, François Filoni s’inquiète également d’un climat politique local qu’il qualifie de « clanique », qu’il estime marqué par des « alliances contre nature » dictées par des intérêts personnels et la préservation de privilèges que par des projets concrets pour le développement de l’île. Selon lui, cette dynamique détourne l’attention des vrais enjeux, comme le relancement de l’agriculture ou la création d’une économie plus inclusive. Pis, la gestion de ressources vitales, telles que l’eau, fait selon le délégué territorial du RN partie des sujets sur lesquels le projet d’autonomie ne donne aucune garantie, alors qu’il s’agit d’un enjeu majeur pour l’avenir de la Corse. Par ailleurs, François Filoni dénonce une situation préoccupante sur le marché de l’emploi. Il estime que la Corse doit pouvoir garantir des débouchés aux Corses eux-mêmes, sans que ceux-ci soient mis en concurrence avec des travailleurs étrangers, parfois en situation irrégulière, ce qui, selon lui, contribue à fragiliser la cohésion sociale.
 
Malgré ces critiques, il reconnaît que la Corse a besoin « d’une nouvelle respiration démocratique ». Mais pour lui, la solution peut tenir dans davantage de décentralisation. « La différence entre décentralisation et autonomie est financière. Dans le cas de la décentralisation, l'État va donner la possibilité de choisir, mais assure les finances via la solidarité nationale. Pour notre part, nous ne sommes pas contre le fait de ramener davantage de décentralisation, de déconcentrer l'État en Corse, à condition que les moyens de contrôle suivent derrière. Mais aller vers l'autonomie, c'est aller vers l'aventure, d'autant qu'on ne sait pas le projet où il va nous porter », expose-t-il. 
 
« Gérald Darmanin nous a promis une autonomie à la polynésienne. Mais si on prend les chiffres on voit qu’en Polynésie, 60% de la population est en dessous du seuil de pauvreté et que le SMIC en Polynésie est à 1300 euros quand chez nous il est à 1800. Et de surcroît, en dehors de la paupérisation, ce territoire affiche le mètre carré le plus cher sur la planète, après le Japon », assure-t-il par ailleurs en martelant : « Nous ne voulons donc pas de ce type d’autonomie ».  Et d’insister sur la nécessité d’organiser un référendum le plus rapidement possible. « Il faut que l'on consulte les corses. Est-ce qu'ils sont pour ou contre l'autonomie ? Et à travers ce référendum, il faut engager ce débat qui a manqué et qui consiste à se demander une autonomie pour qui et pourquoi ? Il faut un vrai débat sur le fond. Et si c’est le choix des Corses, on suivra la démocratie ».