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Assises de la Corse-du-Sud : 30 ans requis à l’encontre de Paul-Roch Martini, accusé d’avoir violé et battu à mort Joanna Tavera


le Vendredi 31 Janvier 2014 à 23:53

L’avocat général de la Cour d’Assises de Corse-du-Sud a requis vendredi soir 30 années de réclusion (soit la peine maximale encourue) à l’encontre de Paul-Roch Martini, accusé d’avoir violé et battu jusqu’à la mort sa compagne, Joanna Tavera le 21 septembre 2010 à Cauro. Contre le père, Gérard Martini, poursuivi pour non-assistance à personne en danger, 5 ans dont 2 ans fermes ont été requis. Le délibéré devait suivre et à l’heure ou nous publions, le verdict n’était pas encore tombé. Ce dernier devrait survenir plus tard dans la soirée ou samedi matin. Nous rendrons compte de ce dernier et des réactions dans une mise en ligne ultérieure.



L'avocat général a requis 30 ans de prison à l'encontre de Paul-Roch Martini, accusé du viol et du meurtre de Joanna Tavera. Pour le père du meurtrier présumé, Gérard Martini, 5 ans dont 2 fermes ont été requis. (DR)
L'avocat général a requis 30 ans de prison à l'encontre de Paul-Roch Martini, accusé du viol et du meurtre de Joanna Tavera. Pour le père du meurtrier présumé, Gérard Martini, 5 ans dont 2 fermes ont été requis. (DR)
Compte rendu d’audience de ce vendredi, au 3è jour du procès de Paul-Roch Martini et Gerard Martini
Au troisième jour du procès de Paul-Roch Martini, poursuivi pour viol et violences volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner sur la personne de Joanna Tavera, l’horreur a de nouveau investi le prétoire.
Le matin, un gendarme de l’identification criminelle a fait un récit détaillé particulièrement sordide de la découverte du corps de Joanna Tavera et de la scène de crime le 21 septembre 2010.
L’après-midi, c’est la mère de la victime qui s’est exprimée, avant la plaidoirie de la partie civile, le réquisitoire de l’avocat général et la plaidoirie de la défense. Le verdict de la Cour est attendu tard dans la nuit de vendredi ou samedi matin.

Le technicien du service de l’identification criminelle fait un récit complet de la découverte de la scène de crime, la nuit du 21 septembre 2010 à Cauro
Le travail des avocats de la défense se complique de jour en jour, devenant un vrai casse-tête au fur et à mesure que l’on entre plus avant dans les auditions et l’évocation des faits.           
La matinée du troisième jour d’audience a été particulièrement éprouvante, avec notamment le témoignage d’un gendarme du service d’identification criminelle qui a découvert la scène de crime dans la nuit du 21 septembre 2010.
Mais également celles de médecins et enfin le face à face avec Josiane Tavera, la mère de la victime.
Dès vendredi matin, ce sont donc les gendarmes qui sont venus témoigner à la barre et faire un récit complet et détaillé des nombreuses investigations menées.
Parmi eux, le technicien du service de l’identification criminelle qui a procédé aux premières constatations sur les lieux du crime, le soir du 21 septembre 2010 dans la maison de Cauro où Joanna Tavera a perdu la vie après un déluge de coups assénés sur l’ensemble de son corps.
Le gendarme s’approche de la barre et le sentiment d’une horreur absolue va encore s’amplifier dans la salle d’audience suspendue aux propos du technicien.

« C’était une jeune femme méconnaissable, ce qui m’a frappé avant tout, c’est sa maigreur »
Ce dernier, pourtant aguerri et rompu à affronter les scènes les plus dures dans son métier, va éprouver les plus grandes difficultés à faire le récit de la découverte du corps de Joanna Tavera. Interrogé par le juge, il entame son récit, presque à reculons…
« Ce qui m’a frappé avant tout, c’est sa maigreur. C’était une jeune femme méconnaissable » assure t-il, avant de développer, en s’arrêtant à plusieurs reprises, comme pour se laisser le temps d’évacuer le choc produit par ses propres propos.
Ce qu’il raconte est absolument abominable, à la limite du soutenable. Une scène de crime particulièrement sordide, un corps famélique recouvert d’ecchymoses et partout dans la pièce, de nombreuses projections de sang, « sur les meubles, sur les murs, sur le sol, il y en avait partout » confie t-il.
Confirmant que Joanna Tavera a bien succombé à des polytraumatismes à cause des coups, mais aussi des mauvais traitements qui lui ont été infligés.
Et le gendarme de conclure : « ce n’était pas beau à voir ».

Paul-Roch Martini a maintenu n’avoir porté que « quelques coups » durant la bagarre…
Une remarque qui vise directement le second mis en cause dans ce procès, Gérard Martini, père du meurtrier présumé, poursuivi pour non assistance à personne en danger.
Des paroles qui frappent également de plein fouet les parents de la victime, qui se serrent sur le banc, le visage défait.
Et lorsque le juge s’adresse au technicien pour lui demander comment, pour un professionnel aguerri, ces constatations l’ont à ce point marqué, la réponse est claire : « Je suis moi-même père de famille et je suis bouleversé ».
Interrogé par le juge pour savoir s’il maintient sa version de seulement quelques coups portés lors de la bagarre, Paul-Roch Martini s’est contenté de lâcher un simple « oui » en guise de réponse.

La ligne de défense du père, Gérard Martini, de nouveau mise à mal suite aux déclarations des gendarmes sur la reconstitution des faits
La suite des témoignages des gendarmes va davantage s’axer sur le profil psychologique de Paul-Roch Martini et sur les éléments récoltés lors de la reconstitution des faits dans la maison de Cauro. Les gendarmes brossent tout d’abord le portrait d’un homme « détaché » et « manipulateur ». Puis c’est l’épisode de la reconstitution des faits dans la maison de Cauro qui est relatée dans le détail.
Fait qui porte un coup supplémentaire aux affirmations de Gérard Martini, le gendarme affirme que lors de la reconstitution, les cris poussés étaient perceptibles depuis la pièce d’habitation où se trouvait Gérard Martini…
Une chose que ce dernier a toujours niée, affirmant n’avoir rien entendu d’anormal qui aurait pu l’alerter.
Si l’on y ajoute l’affirmation des gendarmes selon laquelle Joanna Tavera est morte suite aux coups, agonisant pendant plusieurs heures, mais également à des maltraitances antérieures qui ont duré 6 jours, la ligne de défense du père du meurtrier présumé semble clairement être déstabilisée.

Face à face entre Josiane Tavera, la mère de la victime et le meurtrier présumé de sa fille
Lors de la reprise de l’audience vendredi après-midi, un nouvel épisode poignant s’est déroulé. Le face à face entre Josiane Tavera, la mère de Joanna Tavera et le meurtrier présumé de sa fille. Un face à face intense et douloureux à la fois.
Josiane Tavera, abasourdie par les nombreux exposés entendus sur le meurtre de sa fille s’est toutefois montrée d’une dignité exemplaire à la barre. « Je vais parler de Joanna telle que je m’en souviens et non pas comme elle est présentée ici » a-t-elle expliqué.
Elle a ensuite brossé le portrait de Joanna, une jeune fille gaie et pleine de vie, de qualités, de gentillesse. Josiane Tavera a ensuite exprimé ses attentes concernant ce procès : « Je veux la vérité, je veux savoir ce qu’il lui a fait » a-t-elle dit, en croisant le regard de Paul-Roch Martini dans le box.
Ce dernier se fait le plus petit possible, évitant de croiser le regard de la mère de Joanna.

Des messages téléphoniques déposés par Paul-Roch Martini à des ami(e)s qui évoquent le massacre…
D’autres témoignages des gendarmes ont fait état de plusieurs messages téléphoniques déposés par Paul-Roch Martini sur le répondeur de plusieurs ami(e)s.
Le premier message évoque la scène de carnage et la présence massive de sang « partout » dans l’appartement. Le dernier, particulièrement effroyable, évoque la mort de Joanna Tavera.
Après les diverses auditions qui se sont poursuivies jusqu’en début de soirée, comme il est la règle dans un procès d’Assises, ont eu lieu la plaidoirie de la partie civile, puis le réquisitoire de l’avocat général (pour le ministère public) et enfin la plaidoirie de la défense.

30 ans de réclusion requis par l’avocat général à l’encontre de Paul-Roch Martini. Concernant Gérard Martini, l’avocat général a requis 5 ans dont 2 ans fermes
L’avocat général de la Cour d’Assises de Corse-du-Sud a requis vendredi soir 30 années de réclusion (soit la peine maximale encourue) à l’encontre de Paul-Roch Martini, accusé d’avoir violé et battu jusqu’à la mort sa compagne, Joanna Tavera le 21 septembre 2010 à Cauro. Contre le père, Gérard Martini, poursuivi pour non-assistance à personne en danger, 5 ans dont 2 ans fermes ont été requis.

Yannis-Christophe GARCIA

Ndlr : Le délibéré devait suivre et à l’heure où nous publions, le verdict n’était pas encore tombé. Ce dernier devrait survenir plus tard dans la soirée ou samedi matin. Nous rendrons compte de ce dernier ainsi que des diverses réactions dans une mise en ligne ultérieure.

SAVOIR +
Lire également notre chronique de la première et seconde journée du procès, ainsi que notre article de rappel des faits