Corse Net Infos - Pure player corse

Après une année en demi-teinte, les viticulteurs corses espèrent conquérir de nouveaux marchés


MP le Mercredi 5 Février 2025 à 19:11

Si la crise ne semble pas aussi importante que sur le continent, la filière viticole corse subit de plein fouet les conséquences d'un pouvoir d'achat en chute libre et d'une consommation de vin en baisse. Afin de dynamiser leurs ventes, les producteurs insulaires espèrent pouvoir conquérir de nouveaux marchés, notamment grâce à l'export. Pour ce faire, 44 d'entre eux seront notamment présents au salon Wine Paris du 10 au 15 février. En amont, François Franceschi, le président du Conseil Interprofessionnel des Vins de Corse (CIV Corse), dresse un état des lieux de la situation.



(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration)
- Comment se porte la filière viticole corse ?
- La filière viticole se porte mieux que sur le continent, où un grand nombre de régions sont en crise, même si elle a un peu de fièvre. En 2024, nous avons eu une saison touristique en demi-teinte. Le pouvoir d’achat des consommateurs est fortement impacté pour diverses raisons, et, que ce soit en restauration ou en grande distribution, le premier achat n’est donc pas le vin. Le marché du vrac est aussi à l’arrêt. En fin de saison, nous avons eu des stocks anormalement hauts, alors qu’on avait fait une récolte 2023 qui était pléthorique. Les producteurs ressentent de plus en plus cette réalité et veulent sortir de la saisonnalité du marché. Tout cela fait que du 10 au 15 février, pour la première fois, nous avons 44 entreprises viticoles corses qui partent à l’assaut du marché national et international au Wine Paris. L’année dernière, nous en avions 36 et c’était déjà un record. Cette participation inédite est aussi liée à l’effet collectif : nous avons un grand dynamisme dans la filière qui fait que cela incite les producteurs à venir à Paris avec nous et à aller voir ce qui se passe à l’extérieur pour se faire connaître.
 
- Quelles sont les attentes des viticulteurs corses qui participeront à ce salon ?
- Les attentes sont différentes en fonction des producteurs. Pour ma part, je suis vice-président d’une cave coopérative qui a sa récolte pré-vendue, puisque nous avons des marchés qui se reconduisent d’une année sur l’autre. Quand on est au Wine Paris, cela nous permet de rencontrer nos clients et nos fournisseurs à l’extérieur d’un bureau, autour d’un verre, d’un déjeuner. C’est toujours plus convivial et cela nous permet de mettre le vin dans une autre situation, dans un moment de dégustation. C’est un entretien de clientèle. Ensuite, pour les entreprises plus petites qui veulent se faire connaitre et se développer hors du marché corse, elles peuvent étoffer leur portefeuille et partir à la conquête du marché national voire international, car le Wine Paris devient la rencontre mondiale du vin aujourd’hui. Cette année, le salon regroupera plus de 4000 exposants. La Corse y sera donc représentée par 44 vignerons et un restaurant dans lequel, grâce à un partenariat avec des chefs, nous allons mettre nos vins en scène dans des repas composés de spécialités corses, avec de l’agneau, du poisson, et toutes sortes de produits frais. 

François Franceschi est le nouveau président du CIVCorse depuis le 2 août dernier.
François Franceschi est le nouveau président du CIVCorse depuis le 2 août dernier.
- Vous le disiez, l’un des objectifs du Wine Paris est de permettre aux producteurs insulaires de se faire connaitre à l’international. Que représente l’export des vins corses aujourd’hui ?
- Le premier marché des vins de Corse à l'extérieur, c'est l'Allemagne, qui représente environ 3 millions de bouteilles par. Le second marché, ce sont les États-Unis, qui ont été un des fleurons du grand export des vins corses, puisqu'avant le Covid, on y vendait près de 10 000 hectolitres par an. On avait réussi à créer quelque chose de magnifique. Mais aujourd'hui, on vend péniblement 4 000 hectolitres par an. C’est une baisse liée à la fois aux taxes imposées par Donald Trump lors de sa première mandature, mais aussi au fait que des importateurs de vin français ont fait faillite pendant le Covid. Or, retrouver des marchés prend beaucoup de temps, d'énergie, mais aussi beaucoup de moyens, puisqu'il faut se rendre là-bas. 
 
- Justement, on sait que Donald Trump entend mettre en place de nouvelles taxes douanières sur les produits européens. Un écueil que vous craignez ?
- Forcément, puisque s'il rajoute 25% de taxes douanières à ce qui existe déjà, cela va être très difficilement supportable pour le consommateur américain d'acheter un vin français, sauf pour les gens qui ont le pouvoir d'achat de Donald Trump. Les producteurs qui continuent à vendre du vin là-bas sont inquiets.
 
- Si cette taxe devait être mise en place, avez-vous déjà d’autres pays en ligne de mire pour développer l’export des vins de Corse ?
- Justement, les salons comme le Wine Paris nous permettent de chasser de nouveaux marchés. Nous avons commencé déjà à l'automne dernier à attaquer le marché canadien, puisque les vins français y sont très présents. Les vins de Corse sont pour leur part encore au stade du balbutiement au Canada, mais il faut dynamiser la chose. Nous avons fait un premier voyage l'an dernier avec sept producteurs. Nous allons renouveler l’opération au mois de novembre cette année pour dynamiser ce que nous avons commencé. Nous espérons que l'essai soit transformé. En tout cas, nous faisons tout pour.