
(Photo : Archives CNI)
Entre dimanche et mercredi, une série d'attaques coordonnées a visé plusieurs centres pénitentiaires un peu partout sur le continent. Des faits largement dénoncés par le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui a adressé jeudi une circulaire aux procureurs généraux et aux procureurs de la République pour « appeler à une mobilisation sans faille de l’ensemble des acteurs de la chaîne pénale contre les auteurs des atteintes intolérables à la sécurité des agents pénitentiaires ». « Les attaques coordonnées qui se sont multipliées depuis plusieurs jours sur le territoire national ont visé spécifiquement des établissements, logements ou véhicules de l’administration pénitentiaire ou de leurs agents, ainsi que l’École nationale de l’administration pénitentiaire », écrit-il en insistant : « Ces agissements constituent une atteinte intolérable à la sécurité des agents pénitentiaires qui servent avec dévouement et engagement nos institutions républicaines ».
Pis, pour le Garde des Sceaux « de tels faits caractérisent manifestement la volonté de déstabiliser le fonctionnement de cette administration et la capacité de ses agents à exercer leurs missions ». Exigeant une réponse ferme, il a demandé aux procureurs d’assurer « un traitement diligent et empreint de la plus grande fermeté, s’agissant des faits de violences, de menaces ou d’intimidations commis à l’égard des agents pénitentiaires ou de leurs familles » Dans le même temps, avec le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, il a adressé un télégramme aux préfets afin de demander un renforcement immédiat de la surveillance des prisons et de la protection des agents pénitentiaires.
S’ils conviennent d’une « situation tendue » sur le continent, en Corse les agents pénitentiaires affirment ne pas avoir « d’inquiétude particulière ». « Nous sommes un peu plus méfiants. On fait attention quand on commence son service ou qu’on sort de l’établissement, mais sans plus. Ici, il existe encore un certain respect envers les agents pénitentiaires », indique José Caria FO, secrétaire local FO Pénitentiaire de la maison d’arrêt d’Ajaccio. « Par rapport à ce qui se passe actuellement sur le continent, on ne ressent aucune menace sur les personnels pénitentiaires en Corse », appuie Raphaël Barallini, délégué régional FO Pénitentiaire. Néanmoins, tous deux tiennent à rappeler que les établissements et agents pénitentiaires de l’île ont subi des violences, bien avant ceux du continent. « Nous sommes plutôt précurseurs en Corse. Nous avons commencé à être ciblés bien avant tout le monde. Nous avons subi des attentats à Casabianda, à Borgo et même à Ajaccio. Il y a moins de deux ans, le chef de détention de la maison d’arrêt d’Ajaccio a vu son véhicule brûlé devant chez lui. Il y a cinq ans, un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation s’est vu brûler sa maison de village. Et puis on se rappelle les tirs contre la maison d’arrêt d’Ajaccio en 2013, les impacts de balle sont d’ailleurs toujours visibles », liste José Caria.
Dans le droit fil des mesures mises en place au niveau national en cette fin de semaine, et malgré la relative sérénité en Corse, la sécurité a toutefois été renforcée autour de la maison d’arrêt d’Ajaccio, du centre pénitentiaire de Borgo et du centre de détention de Casabianda. « À partir du moment où il y a une circulaire prise par les ministres, elle est automatiquement applicable à chaque établissement pénitentiaire de France », souligne Raphaël Barallini. Alors que les ministres de l’Intérieur et de la Justice ont demandé aux préfets de mettre en place des « patrouilles dynamiques » autour des établissements, José Caria a ainsi constaté que « les forces de l’ordre font un peu plus de rondes » autour de la maison d’arrêt d’Ajaccio. Il a également été demandé aux agents d’avoir une vigilance accrue, notamment en stationnant leurs véhicules à l’abri autant que possible. « Mais à Ajaccio, en plein centre-ville, cela est toutefois difficile », glisse encore José Caria.