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Alain Mosconi : "Le front réactionnaire joue avec le service public, la continuité territoriale et nos emplois"


Nicole Mari le Vendredi 26 Février 2016 à 21:40

C’est avec seulement les 24 voix de la majorité nationaliste que l’Assemblée de Corse a adopté, jeudi soir, à l’arraché, un rapport amendé sur les transports maritimes autorisant, notamment, le lancement d’études sur les modalités de création de la compagnie régionale. Face au front commun de l’opposition de droite et de gauche qui s’est liguée contre le texte initial, l’Exécutif a du revoir sa copie pour éviter un vote négatif. Le STC (Sindicatu di i travagliadori corsi) Marins, qui défend le principe d’une compagnie publique corse, a suivi tous les débats de cette longue journée. Réaction, pour Corse Net Infos, de son leader, Alain Mosconi, qui tire à boulets rouges sur ce qu’il nomme « le front réactionnaire ».



Alain Mosconi, leader du STC Marins entouré de militants.
Alain Mosconi, leader du STC Marins entouré de militants.
- Comment réagissez-vous au blocage de l’opposition sur la compagnie régionale ? Etes-vous déçu ?
- Déçu, oui ! Dans la mesure où cette assemblée a, une fois de plus, fait le contraire de ce qu’on était en droit d’attendre d’elle ! Lorsqu’on voit, par exemple, que se constitue, non pas un front républicain, mais un front réactionnaire partant de la droite la plus extrême et, peut-être, la plus ridicule du monde, allant jusqu’au Front de gauche qui s’imagine être la gauche la plus lumineuse, mais qui ne brille pas, et ce depuis des décennies ! Preuve en est : la situation dans laquelle on se trouve ! Ce sont des apôtres du statu quo ! Pour eux, ne rien faire, c’est bien faire ! Ils jouent avec le service public, la continuité territoriale et avec nos emplois ! Donc, bien évidemment une forme de déception, mais, pour autant, ils n’ont pas d’autre alternative.
 
- C’est-à-dire ?
- Nous allons à la liquidation judiciaire. Que vont-ils faire pour sauver les emplois du service public ? Chacun s’assumera à ce moment-là. Nous, nous prendrons nos responsabilités. Nous avons une très bonne mémoire. Nous en userons le moment venu pour rappeler à ceux, qui, aujourd’hui, n’ont pas voulu avancer d’un pas vers la main tendue, qu’ils portent la responsabilité écrasante de ce qui se passe.
 
- Etes-vous en train de dire que la MCM a déjà vécu et qu’elle est condamnée ?
- Ce n’est pas moi qui le dit ! Chaque observateur avisé dit que la compagnie est dans un état de plus en plus difficile, voire critique. Alors que fait-on ? On ne prévoit rien ? On laisse mourir la bête ? Une fois qu’elle sera morte de sa belle mort, enterrera-t-on les emplois avec ? Quand on est élu, il faut, me semble-t-il, penser à autre chose qu’aux soirées mondaines et aux petits fours ! Il faut, peut-être, essayer de construire l’avenir.
 
- Estimez-vous que rien n’est fait pour cela ?
- Il n’a échappé à personne que, dans cette assemblée, les majorités d’hier se retrouvent en minorité aujourd’hui. Elles dépassent allègrement les frontières politiques pour s’unir dans ce fameux front réactionnaire qui est comme un espèce de cordon sanitaire qui empêcherait les seuls vrais progressistes, les Nationalistes, de faire évoluer les choses.
 
- Que vous inspire l’attitude du Tribunal de Marseille qui joue encore la montre ?
- Chacun doit prendre ses responsabilités ! A l’instar des élus de l’opposition à l’Assemblée de Corse, la justice fait de même à Marseille. Mais, ça commence à être très chaud ! Si les choses n’évoluent pas, on va vers une catastrophe sociale ! Nous le disons clairement. Les espèces de pingouins, qui refusent d’avancer, porteront la responsabilité de ce qui va arriver.
 
- Etes-vous favorable à la fusion actée, jeudi matin, entre Corsica Marittima et votre compagnie, la MCM ?
- Que la fusion ait été actée, je n’en suis pas convaincu ! Pas comme l’espéraient les opérateurs eux-mêmes ! Je crois qu’on en est même très loin ! Nous verrons. Nous attendons.
 
- Etes-vous inquiet ?
- Oui ! Effectivement ! On le serait à moins quand on connaît le dossier ! Les choses, selon nous, vont aller en se dégradant. Ceux qui ne veulent pas de la compagnie régionale, quelle alternative proposent-ils ? Quel est leur projet ? Que veulent-ils ces bien-pensants ? Ils veulent du statu quo ! Ça les rassure !
 
- La droite, par exemple, veut une société privée. Qu’en pensez-vous ?
- Une partie de la gauche, aussi, veut du privé. J’avais cru comprendre que quand on est de gauche, par définition et par essence politique, on est pour le service public. Etre de gauche et s’opposer à une entité publique, c’est la seule assemblée au monde où ça arrive ! Lorsqu’on est prétendument de la gauche réelle, de la gauche lumineuse, bien-pensante, marxisante… et qu’on préfère les privés au public, qu’on soutient un modèle privé au détriment d’un modèle public, ça devient une hérésie ! Eh bien, on en est là ! C’est vous dire la médiocrité des débats de cette assemblée !
 
Propos recueillis par Nicole MARI.