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Affaire Maxime Beux : le policier condamné à deux ans de prison avec sursis


CNI avec AFP le Vendredi 7 Octobre 2022 à 20:46

Christophe Mercier, le policier qui avait éborgné Maxime Beux lors d'échauffourées après un match de Ligue 1 à Reims en 2016 a été condamné ce vendredi 7 octobre à deux ans de prison avec sursis.

Cette peine, annoncée à l'issue de presque 5 heures de délibérée, est conforme aux réquisitions de l'avocat général, Matthieu Bourrette. La défense avait plaidé l'acquittement.



Maxime Beux à Reims (Photo AFP)
Maxime Beux à Reims (Photo AFP)
"Le scénario catastrophe, ça aurait été un acquittement", a réagi la victime Maxime Beux. "Le réquisition a été suivie. Dont acte (...) Ça va me permettre de passer à autre chose." "Ne pas condamner" cet ancien de la BAC, jugé pour avoir "volontairement commis des violences" serait "tout simplement illégal, mais le condamner trop lourdement serait tout simplement inique", avait déclaré M. Bourrette dans ses réquisitions. Il avait demandé aux jurés d'admettre que le policier "a commis un crime, mais, par le choix de la sanction, qu'il n'est pas un criminel". Ce procès, "ce n'est pas la mise en cause de la police. Le police bashing est un jeu collectif bien trop répandu", a-t-il pointé. Mais ce n'est pas non plus "le procès du hooliganisme corse", a-t-il ajouté, après des témoignages policiers sur "l'hostilité" du groupe d'ultras bastiais auquel appartenait Maxime Beux, 22 ans à l'époque.


Des regrets
"Fut-il un menteur, fut-il un meneur, il demeure un homme blessé, une victime", a souligné le procureur. Frappé alors qu'il prenait la fuite, Maxime Beux "n'était pas dangereux". Le policier, 50 ans, désormais en service dans un commissariat de Reims et privé du port d'arme, encourait 15 ans de réclusion criminelle.
A la barre, il a rejeté toute idée de "violences volontaires", estimant avoir agi de manière proportionnée et obéissant à des ordres. "Je n'ai aucunement voulu détruire sa vie", a-t-il lâché, réaffirmant ses "regrets" vendredi.
Le 13 février 2016, à l'issue du match remporté par Bastia, le policier avait fait usage de sa matraque télescopique contre Maxime Beux dans le centre-ville de Reims, entraînant la perte de son oeil gauche.
L'incident avait eu lieu après une montée de tension entre policiers et supporters. Déjà victime d'un jet de fumigène, l'accusé s'était lancé à la poursuite de la victime, qui venait de donner un coup de pied dans sa voiture, et lui avait asséné ce coup.
Maxime Beux sera menotté, malgré une blessure saignante, et placé en garde à vue. Sa prise en charge par les secours n'interviendra que plus d'une heure plus tard. Une faute "de taille", qualifiée d'"insupportable" par l'avocat général. 


"Mensonge initial" 
En garde à vue, le policier affirme d'abord que le jeune homme s'est blessé en chutant sur un poteau, une version reprise pendant deux ans par les autorités. Le coup de matraque "visait l'épaule", a assuré l'accusé devant la cour. "Il était inconcevable que cela finisse dans l'oeil", a-t-il encore affirmé. 
"Ce dossier part d'un mensonge initial, éhonté" d'un policier "couvert pendant trop longtemps par sa hiérarchie", et qui "nie l'évidence", a plaidé l'avocat de la victime, Me Benjamin Genuini. 
"Tout ce qu'il a fait est parfaitement légal", a répliqué en défense Me Nicolas Brazy, demandant l'acquittement. "Etait-il nécessaire d'utiliser son bâton télescopique ?". "Je dis trois fois oui" et le coup n'a "pas été porté de manière excessive", a affirmé cet avocat.
Depuis l'ouverture du procès mardi, policiers et supporters se sont renvoyés la responsabilité des échauffourées. Les premiers ont pointé du doigt des insultes racistes, chants anti-français et anti-police, et des tags haineux griffonnés dans les toilettes, dont un proclamant: "On a tué votre préfet". 
Pour Maxime Beux, interdit de stade à deux reprises en 2014 et 2017, les policiers "voulaient se faire les Bastiais" et ont harcelé son groupe.