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🇺🇦 TÉMOIGNAGE. Réfugiées à Prunelli-di-Fiumorbu, trois amies ukrainiennes louent la solidarité des Corses


le Vendredi 24 FĂ©vrier 2023 Ă  08:50

Après avoir dû quitter Kiev pour se mettre à l'abri des affres de la guerre, Olesia, Olga et Hanna, ont trouvé asile en Corse. Loin de leur pays bien aimé, elles affirment y rencontrer chaque jour des personnes leur apportant un soutien précieux. Même si à l’heure du premier anniversaire du conflit, elles espèrent pouvoir rapidement rentrer chez elles et reprendre le cours de leur vie.



Zlata, Olga, Olesia, Hanna et la petite Suzanna
Zlata, Olga, Olesia, Hanna et la petite Suzanna
Cela fait presque un an qu’Olga, Olesia, et Hanna n’ont plus revu l’Ukraine. Fuyant les bombardements qui ne cessent de massacrer leur chère Kiev, ces trois amies quadragĂ©naires ont trouvĂ© refuge en Corse. « Quand la guerre a Ă©clatĂ© le 24 fĂ©vrier, nous sommes restĂ©es quelques jours Ă  Kiev, mais nous avons compris que la situation allait empirer, donc nous avons dĂ©cidĂ© de quitter notre pays Â», raconte Hanna qui Ă©tait manager financier jusqu’au dĂ©but du conflit. 
 
Dès le 2 mars, elle partira ainsi Ă  la recherche d’un « endroit sĂ»r Â» avec sa fille Suzanna. Olga, Olesia et Zlata, l’une des deux filles de cette dernière, prendront pour leur part la route de l’exil quelques jours plus tard. « Nous sommes parties en voiture sans trop savoir oĂą nous pourrions aller. Olga avait des amis Ă  Nice et nous avons dĂ©cidĂ© d’aller lĂ -bas et d’y rĂ©flĂ©chir Ă  ce que nous pourrions faire. Nous espĂ©rions alors que la guerre finirait bientĂ´t Â», se souvient Olesia. « Mais tous les jours c’était de pire en pire Â», soupire Olga Ă  ses cĂ´tĂ©s, « Nous avons donc demandĂ© Ă  tout le monde de nous aider et de nous dire oĂą nous pourrions aller. Et grâce Ă  Dieu, par le biais d’amis d’amis, nous avons rencontrĂ© le Dr Natalia Khobta*. Nous lui sommes toutes très reconnaissantes. C’est grâce Ă  elle que nous sommes venues en Corse en avril Â». 

" Nous ne pensions pas que les gens pouvaient ĂŞtre si serviables "

RĂ©fugiĂ©es en Pologne, Hanna et sa fille sont vite invitĂ©es Ă  venir les rejoindre. Depuis, elles partagent toutes les cinq un appartement du cĂ´tĂ© de Prunelli-di-Fiumorbu. Un village oĂą les Ukrainiennes affirment avoir pu compter dès les premières heures sur une immense solidaritĂ©. « Le maire, AndrĂ© Rocchi, a fait des choses incroyables pour nous. Il nous aide avec tous nos problèmes et nos questions. Et tous les gens ici sont très amicaux et nous soutiennent. Nous ne pensions pas que les gens pouvaient ĂŞtre si serviables Â», sourit Olga. Pour subvenir aux besoins du petit groupe, elle a rapidement trouvĂ© un emploi dans un supermarchĂ© avec Olesia, Ă  quelques encablures de leur foyer temporaire. « LĂ  aussi beaucoup de personnes viennent nous voir pour savoir comment nous soutenir. Ils nous demandent toujours si nous avons besoin d’aide. Autant de solidaritĂ©, c’est magnifique. Vous avez des gens merveilleux dans ce pays Â», renchĂ©rit-elle.
 
Alors pour tenter de mieux communiquer avec ces nombreuses personnes qui souhaitent leur apporter un peu de rĂ©confort, chaque jour, après le travail, les trois amies mettent un point d’honneur Ă  apprendre le français sur leur temps libre. Tout comme la jeune Suzanna qui prend des cours du soir en plus de ses journĂ©es Ă  l’école. « C’est une enfant très communicative. Donc ce n’est pas trop difficile pour elle d’échanger avec ses camarades. Les enseignants m’ont mĂŞme dit qu’elle communique avec les mains. Mais bien sĂ»r je vois que ce n’est pas très facile pour elle d’apprendre en français. Elle a tout juste huit ans, et elle ne connait pas encore tout, mĂŞme en ukrainien. Maintenant, elle a besoin d’apprendre avant tout le français Â», explique sa maman Hanna. « Et puis elle attendait septembre pour pouvoir retourner dans son Ă©cole Ă  Kiev, car nous pensions que la guerre serait terminĂ©e plus tĂ´t et que nous serions rentrĂ©es chez nous après l’étĂ© dernier. Quand elle a compris en aoĂ»t que ce ne serait pas possible, elle a beaucoup pleurĂ© Â», confie-t-elle en avouant sans dĂ©tour que l’Ukraine leur manque beaucoup Ă  toutes. « Pour ma part, j’ai laissĂ© ma mère en Ukraine. Elle a 82 ans et je ne l’ai pas vu depuis presque un an. WhatsApp nous donne au moins la possibilitĂ© de parler et de se voir au tĂ©lĂ©phone. Mais nous voir en vrai nous manque. Nous n’avons pas vu nos proches depuis un long moment. C’est pourquoi nous souhaitons toutes pouvoir rentrer chez nous dès que la situation sera plus calme en Ukraine Â», souffle-t-elle.

" Retourner très vite dans notre Ukraine bien aimée "

Ă€ l’heure du premier anniversaire de l’invasion russe, c’est donc avec un goĂ»t amer et un flot d’émotions continu que les trois femmes observent de loin ce qui se passent dans leur pays. « Le matin, quand nous nous rĂ©veillons, nous nous rappelons de ce jour du 24 fĂ©vrier 2022.Pour ma part, c’est un appel d’une amie qui m’avait rĂ©veillĂ©e ce jour-lĂ . Elle m’a dit « la guerre a commencĂ©, et la Russie a dĂ©jĂ  envahie l’Ukraine Â». C’était une information très dure Ă  avaler. Et Ă  ce moment-lĂ  je me demandais ce que je devais faire pour sauver ma fille Â», livre-t-elle. « Nous, les Ukrainiens, nous attendons le jour oĂą nous pourrons cĂ©lĂ©brer la victoire de l’Ukraine, quand la Russie aura quittĂ© notre territoire et que nous pourrons reconstruire nos maisons et reprendre le cours de nos vies en paix Â», martèle-t-elle pleine d’espoir avant de conclure : « Mais le plus important, c’est que depuis un an, nous avons tous compris que nous aimons très fort notre pays et Ă  quel point nos vies Ă©taient belles avant. Nous voulons tous retourner très vite dans notre Ukraine bien aimĂ©e Â».
 
 
 
* Le Dr Natalia Khobta-Santoni est la présidente de l’association Corse-Ukraine. Dès le début de la guerre, elle a entrepris de nombreuses actions pour aider son pays, depuis Ajaccio où elle est installée depuis de longues années.