Corse Net Infos - Pure player corse

Marivaudage sous les étoiles de Balagne


Laurent Hérin le Mercredi 18 Août 2021 à 13:46

Dans le cadre des créations de l’Aria, le metteur en scène René Loyon a monté, avec une troupe de comédien.n.e.s insulaires, « La Mère Confidente », d’après Marivaux. Ce spectacle partenaire, joué à trois reprises pendant les 23e Rencontres internationales de Théâtre en Corse, vient de partir sur les routes de Balagne.



René Loyon vient saluer avec sa troupe
René Loyon vient saluer avec sa troupe
L’avantage d’une représentation en plein air est que les acteurs n’ont pas de limite de lieu et de jeu, pas de mur ou de plafond pour les retenir. Dans La Mère confidente, travaillée et jouée en extérieur, ils entrent et sortent de « scène » en courant s’ils le veulent, à l’image de l’acteur Antoine Albertini virevoltant dès le premier acte et galopant à en perdre son chapeau. Dans le rôle de Dorante, jeune homme sans le sou amoureux d’une bourgeoise, il excelle dans un registre différent de ses deux dernières apparitions théâtrales sur l’île : Être et avoir l’air d’Alexandre Oppeccini et Sintinelli de Laurent Simonpoli. Il faut dire qu’il est très bien accompagné, particulièrement par le trio qu’il forme avec Angèle Canu – dans le rôle de sa dulcinée Angélique – et Simone Grenier, épatante dans celui de la bonne Lisette. À leurs côtés, on retrouve Pascal Cannebotin, Marie Murcia et Loïc Soleilhavoup qui a du remplacer son frère Raphaël après une malheureuse fracture au pied. Si la mise en scène de René Loyon s’avère relativement classique, la pièce est portée par cette troupe d’acteurs et d’actrices insulaires débordants d’énergie et qui, très vite, régalent le public.
Après trois représentations à Valleca en sortie de résidence à l’Aria, ils ont joué hier soir à Ville di Paraso et seront ce mercredi soir à Algajola. Enfin, après-demain, jeudi 19 août la représentation aura lieu à Santa Reparata, pour la dernière de cette mini-tournée balanine.
 
La Mère Confidente
L’action de cette comédie de Marivaux se passe dans un jardin, celui de la belle demeure où vit en villégiature une famille bourgeoise parisienne. Là règne Madame Argante, maîtresse femme, à la fois autoritaire et aimante, qui va devoir s’atteler à une rude tâche : convaincre sa fille, éperdument amoureuse, de renoncer à l’erreur dangereuse qu’il y aurait à épouser un jeune homme bien né, certes, mais, hélas, sans le sou. La bataille sera vive, Madame Argante, en mère sûre d’agir pour le bien de sa fille, emploiera tous les recours, jusqu’à lui proposer de ne voir en elle, non plus sa mère, mais sa confidente, celle à qui on peut tout dire… et de qui l’on peut tout entendre.
L’amour, bien sûr, triomphe, comme souvent chez Marivaux. Mais, au-delà du happy end et des péripéties comiques, ce qui frappe dans cette pièce, c’est la finesse et l’acuité du regard qu’il porte sur la nature humaine. Le philosophe qu’il est ne manque jamais de relier ces comportements intimes à la réalité du monde social. C’est ce regard, à la fois critique et profondément bienveillant, qui fait encore aujourd’hui la grâce de son théâtre.
 
Mise en scène : René Loyon
Assistante mise en scène : Marie Murcia
Avec : Antoine Albertini, Angèle Canu, Simone Grenier, Pascal Cannebotin, Marie Murcia et Loïc Soleilhavoup

Programme :
- mercredi 18 août à 21h : Terre-plein de la gare dAlgajola
- jeudi 19 août à 21h : Piazza à l'Olmu – Santa Reparata