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Conférence des bâtonniers en Corse : Une première et un symbole fort


Pierre BERETTI le Vendredi 29 Mars 2019 à 21:00

Pour la première fois depuis sa création, la conférence des bâtonniers s’est tenue dans la cité impériale. De nombreux travaux à l’ordre du jour mais également l’occasion pour le bâtonnier d’Ajaccio et le maire Laurent Marcangeli, avocat de profession de mettre en exergue les dernières problématiques consécutives aux reformes impactant les avocats.



(Crédit photo: Michel Lucioni)
(Crédit photo: Michel Lucioni)
C’était une première ! En effet c’était la première fois qu’Ajaccio ou même que la Corse recevait la conférence des bâtonniers. Ils étaient donc venus nombreux au Palais des Congrès pour cette assemblée générale. C’est avec solennité et émotion que Stéphane Nesa a introduit la journée de travail de ceux qui coordonnent chacun dans leur barreau l’ensemble des avocats.


Le bâtonnier d’Ajaccio a souligné le symbole fort de cette première organisation dans l’île de beauté et rendu hommage à Antoine Sollacaro.
" Depuis la création de cette conférence il y a 117 ans, c’est la première fois qu’elle se déplace en Corse. Ajaccio c’est la ville natale de celui qui promulgua entre autres, le Code Civil, le Code ¨Pénal, le Conseil d’Etat, les institutions consulaires. Ajaccio est aussi le barreau de celui qui a été la voix d’une défense sans concession, d’une défense toujours assidue, je salue la mémoire du bâtonnier Antoine Sollacaro lâchement assassiné en octobre 2012. Si aujourd’hui d’anciens bâtonniers peuvent se joindre à nous, s’il y en a un qui manquera ce sera lui. Notre petite île fût la première le 18 novembre 1755 à se doter le temps de son indépendance de la première constitution écrite du monde moderne qui a prôné la séparation des pouvoirs, la souveraineté du peuple, qui avait mis en place le droit de vote pour tous, y compris les femmes. La Corse est aussi la terre natale de l’un de nos plus illustres représentants, Vincent de Moro Giafferi. La Corse était finalement un lieu privilégié pour cette assemblée générale ».

Une longue journée de travail donc pour les bâtonniers venus traiter de diverses questions telles que la réforme prud’homale, des retraites, l’aide juridictionnelle, de la justice des mineurs mais aussi le harcèlement et les discriminations dans la profession d’avocat. 
L’occasion aussi pour le bâtonnier ajaccien d’évoquer les dernières revendications des avocats face à la réforme de la justice. « Nous avons pu mesurer les avancées que nous avons eu par une implication de tous les instants concrétisée ou confirmée cette année par le travail de tous et une indéfectible volonté d’œuvrer pour le justiciable. Je peux dire que de ce côté de la Méditerranée, nous avons modestement participé à cet effort avec les moyens qui sont les nôtres et, il faut le souligner, le soutien des élus qui ont répondu rapidement positivement à toutes nos sollicitations allant jusqu’à adopter des délibérations en conseil municipal ou des motions à l’Assemblée de Corse. Ceci, afin de soutenir le mouvement qui était le notre dans l’intérêt du justiciable et d’un maillage territorial cohérent pour lui assurer la garantie de l’accessibilité au droit ».
C’est également dans cette voie que c’est engagé le discours du Maire d’Ajaccio Laurent Marcangeli, avocat de profession et ancien député qui s’est exprimé sans discours écrit au préalable, à la fois heureux de recevoir ses anciens confrères mais empreint de nombreuses inquiétudes quant à l’avenir de la profession. Si la casquette politique a croisé celle du « sacerdoce » qui a animé Laurent Marcangeli dans son parcours, c’est clairement sans langue de bois et avec sincérité que l’homme avec ses multiples fonctions exercées s’est adressé à l’assemblée présente. 

« C’est avec honneur que la ville d’Ajaccio reçoit la conférence nationale des bâtonniers. Je ne peux pas ne pas penser à l’attaque dont la profession fait souvent l’objet. Dans mes fonctions de parlementaire, j’ai eu l’occasion de m’en apercevoir. C’est une réalité quotidienne que nous rencontrons dans les médias, dans certains ouvrages mais également dans la confection de la loi. En tant que jeune député je n’ai pas pu choisir ma commission. Néanmoins j’étais autorisé à assister à la réunion de la commission des lois. Je me suis rendu compte que notre profession n’était pas forcément bien défendue à l’Assemblée Nationale et dans le cadre des différentes lois qui peuvent avoir une influence sur l’exercice de notre profession ou de la justice dans notre pays. J’ai malheureusement ce sentiment malgré le fait que certains confrères exercent des responsabilités au plus haut niveau de l’Etat. La République doit pourtant beaucoup aux avocats. Si cette conférence aura pour objectif d’évoquer ces modifications législatives, elle traitera aussi des succès obtenus avec les censures du conseil constitutionnel. Le combat doit continuer, l’accès à la justice, la défense du justiciable, la modernisation de notre institution ne doit pas se faire au détriment de la profession d’avocat qui demeure une garantie ». 

(Photos Michel Luccioni)