Elle n’avait pas de caméra, mais déjà une envie : celle de faire rire. C’est à Centuri, d’où elle est originaire, que Morgane Bastid Albertini découvre la chaîne YouTube de Raph & Max, deux humoristes corses. Si l’envie de jouer la comédie est déjà présente chez elle, c’est une direction qu’elle laisse de côté pendant de nombreuses années. “Quand on est au village, il n'y a rien pour jouer la comédie. Lorsque je suis arrivée à Bastia, je ne me suis pas dit que j’allais pouvoir m’inscrire au théâtre. J’ai simplement continué à me concentrer sur le lycée, et plus tard à l’université”, se remémore-t-elle.
Pendant le confinement, tout bascule pour la jeune femme, alors âgée de 26 ans. “J’ai vu plein de créateurs se lancer, et comme j’avais aussi envie de faire des vidéos, je me suis dit qu’il était possible de faire ce que je veux avec les réseaux sociaux, et je me suis lancée complètement.” Très vite, ses vidéos sont de plus en plus regardées. “Au début, j'avais 500 ou 600 vues, ce qui est déjà pas mal pour un début sur Facebook. J’ai continué, et c’est ensuite monté à 6 000, 7 000 vues”, explique-t-elle.
Un jour, c’est une vidéo, postée comme toutes les autres, qui va prendre de l’ampleur sur les réseaux sociaux : le Corse qui s’énerve au volant. “Je suis au restaurant, mon téléphone vibre, et je vois arriver plein de notifications”, explique Morgane. “Je ne comprends pas, la vidéo passe de 30, 40, 50 000 vues. Je vois ça, et je me dis que c’est un miracle. Au fil du temps, je me suis dit que je ne pouvais pas m’arrêter à une seule vidéo, et qu’il fallait faire autre chose.”
Un changement de contenu
Faire autre chose, c’est aussi prendre le risque de changer. Après plusieurs années à parler de la Corse et de ses clichés, Morgane décide d’ouvrir son univers, après une remarque lancée par un inconnu dans la rue. “Il m’a dit : ‘De toute façon, à part parler des touristes, tu ne sais rien faire d’autre’. J’ai de l’égo, et finalement, sa remarque m’a servie. Je me suis dit que j’avais passé trois ans à faire ça, et qu’il était temps de changer. Je garde toujours mon identité corse, parce que je ne veux pas l’enlever, mais je fais maintenant des vidéos où les Corses, les sudistes, et plus généralement tous les francophones peuvent se reconnaître. Je me suis lancée ce défi, et ça a marché.”
Désormais, ses vidéos ne se résument plus à la vie insulaire. Elle explore d’autres personnages, quitte à camoufler son accent selon les rôles. “Je peux jouer une personne qui n’a pas d’accent, je peux parler avec un langage plus soutenu, mais je peux aussi être moi-même, notamment quand je fais des vidéos en voiture. J’ai reçu des commentaires me disant que je ne les faisais plus rire parce que j’avais changé, mais c’est un risque que j’ai pris. Quand on est comédien, on peut tout faire.”
Même si elle assure “ne pas craindre le regard des autres”, et ne pas avoir honte “de porter des perruques ou de me déguiser en chat”, parce qu’elle sait “que les gens me critiqueront tout le temps, on ne peut pas plaire à tout le monde”, Morgane confie que sa pire ennemie, c’est elle-même. “Je ne sais pas pourquoi je n'ai toujours pas confiance en moi. Mon oncle, qui était salarié et qui a repris le bar du village, m’a dit un jour : ‘Si je n’avais pas tranché, je serais encore en train de piocher.’ Cette phrase m’a marquée, parce que c’est vrai qu’il faut prendre des risques. Mais j'ai d'autres personnes dans ma famille qui ne supportent pas l'échec et qui pensent qu’il faut rester dans une case.”
Bien qu’elle indique “ne pas arriver à garder mon côté positif”, à cause d’un autre côté “qui me dit que je ne suis personne”, Morgane essaie d’être “dans le juste milieu”. “Si, à l'heure actuelle, je me considère comme une personne qui n'a rien accompli, avec l'amour que m'ont donné les gens, c'est ne pas les respecter. Je ne peux pas non plus dire que je n’ai rien fait dans ma vie.” Aujourd’hui, elle continue de poster sur les réseaux sociaux. Depuis peu, elle a quitté son emploi dans la location de voitures pour se concentrer à plein temps dans la création de contenu. “Je m’inspire de situations du quotidien pour mes vidéos. J’ai une centaine d’idées sur mon ordinateur, il faut que je les épluche”, conclut-elle avec le sourire.
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