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Yvan Colonna : après le recueillement, le temps de la Justice


Pierre-Manuel Pescetti le Mercredi 23 Mars 2022 à 18:48

Yvan Colonna a été mortellement agressé à la prison d’Arles le 2 mars dernier par un codétenu djihadiste de 36 ans, Franck Elong Abé. Il a succombé à ses blessures le 21 mars. Plusieurs enquêtes ont été ouvertes pour faire la lumière sur ce qui s’est passé en prison ce jour-là. Parmi elles, une mise en examen vise l’agresseur pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».



À Ajaccio, dès ce 22 mars, l'heure était au recueillement. Crédits Photo : Michel Luccioni
À Ajaccio, dès ce 22 mars, l'heure était au recueillement. Crédits Photo : Michel Luccioni
Maître Stella Canava, s’apprête à rentrer en audience dans une des salles du Palais de Justice de Bastia. Une affaire de plus, bien différente de celle qui se profile après le décès d’Yvan Colonna, le 21 mars dernier, dont elle est le conseil. Mais avant la rhétorique des prétoires et la lourdeur des dossiers, Stella Canava n’en oublie pas la douleur de la famille Colonna qui « vient de perdre un père, un mari, un fils, un oncle ».

Son rôle restera inchangé. Conseiller la famille au cours de l’instruction et de la mise en examen visant l’assassin d’Yvan Colonna, Franck Elong Abé, pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste. Instruction où « la famille Colonna s’est constituée partie civile », rappelle Stella Canava. L’intitulé de « tentative d’assassinat » a fait l’objet, le 22 mars dernier, d’une requalification en « assassinat » de la part du Parquet National Antiterroriste (Pnat) après qu’Yvan Colonna ait succombé la veille à ses blessures, le 21 mars.

Une multitude d’enquêtes en cours ou à venir

Pour avoir de potentielles premières réponses sur ce qui s’est passé ce 2 mars, le temps sera long. Il sera celui de la Justice. « Cela peut prendre plusieurs années avant que Franck Elong Abé ne soit jugé. Rien que l’instruction peut prendre un an », explique Stella Canava.

À l’enquête judiciaire s’ajoute l’enquête administrative sur les dysfonctionnements pénitentiaires dans la surveillance des détenus concernés ouverte par le premier ministre Jean Castex au lendemain de l’agression d’Yvan Colonna. La commission des lois de l’Assemblée Nationale a aussi lancé un cycle d’auditions le 16 mars dernier et une possible enquête parlementaire pourrait voir le jour après les élections législatives de juin prochain.

Autant d’enquêtes avec une question commune : comment une telle agression a-t-elle pu avoir lieu dans une prison française ? Mais pour Stella Canava, il faut surtout s’interroger sur les raisons qui ont poussé l’administration pénitentiaire à « autoriser un homme avec un profil aussi dangereux que celui de Franck Elong Abé à avoir accès à un poste d’auxiliaire de nettoyage ».

« Yvan Colonna rentre en homme libre »

La dépouille d’Yvan Colonna doit rentrer en Corse ce mercredi 23 mars après avoir été autopsiée pour les besoins de l’enquête. L’information a été confirmée à l’AFP par un des avocats de la famille Colonna, Maître Patrice Spinosi. Les obsèques auront lieu dans son village de Carghjese, vendredi 25 mars.

Avant son décès, la peine d’Yvan Colonna avait été suspendue par la Justice le 17 mars pour « motif médical ». Une décision qui pourrait paraître anodine mais qui est lourde de sens, surtout symbolique. Depuis lors, Yvan Colonna n’était plus considéré comme un détenu et ne disposait plus de numéro d’écrou. « Cette suspension de peine fait qu’Yvan Colonna rentre en Corse en homme libre », conclut Stella Canava.