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Violences conjugales : à Ajaccio, un groupe de parole pour mettre des mots sur les maux


le Jeudi 26 Janvier 2023 à 19:41

L’association Femmes Solidaires organisait ce jeudi la première séance d'un espace de liberté de parole qu’elle a souhaité mettre en place pour accompagner et soutenir les victimes.



Image d'illustration
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« En parler est le premier pas, mais le plus difficile ». C’est afin d’aider les femmes subissant des violences conjugales - qu’elles soient psychologiques, physiques, sexuelles ou encore économiques - à se libérer de ce joug que le comité d’Ajaccio de l’association Femmes Solidaires a mis en place un groupe de parole, dont la première séance a eu lieu ce jeudi 26 janvier.
 
« Cette rencontre, qui sera mensuelle, s’adresse à des femmes qui sont victimes ou qui ont été victimes de violences et qui ont besoin de mettre des mots sur tout ce qu’elles ont subi. C’est quelque chose qui est très important dans leur reconstruction, sachant que ces femmes sont bien sûr abimées, ainsi que pour leurs enfants qui peuvent être aussi victimes directes ou indirectes de ces violences », explique Dominique Andreani, la présidente du comité ajaccien de l’association, en précisant que ce groupe a pu se mettre en place grâce à des financements octroyées par la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien et l’Agence Régionale de Santé. 
 
Animé par une psychologue clinicienne spécialisée en victimologie et en traumatologie, cet espace de liberté, de confidentialité et de soutien psychologique permettra ainsi aux participantes de faire un point chaque mois sur leur situation, durant des séquences de deux heures. « Cela leur donnera aussi l’occasion de rencontrer d’autres femmes pour sortir de leur isolement, de pouvoir communiquer entre elles », ajoute Dominique Andreani, en déplorant que ces femmes sont effectivement très fréquemment isolées par leur bourreau. 

Elle souligne par ailleurs qu’il est très important pour les victimes de savoir qu’un tel espace sans jugement existe. Même si elles ne sont pas encore prêtes à franchir le pas et à le rejoindre. « Souvent, elles ont eu une prise de conscience qui leur fait entrevoir qu’une vie autre peut-être possible. L’un des buts du groupe de parole est également de leur montrer comment faire. C’est quelque chose qui peut amorcer et conforter cette démarche », livre-t-elle. 

" Il faut demander de l’aide, et ne pas être retenu en se disant que cela va s’arranger "

Suite au retentissement du mouvement #Metoo et du féminicide de Julie Douib à Ile-Rousse le 3 mars 2019, Dominique Andreani note avoir constaté que le voile a commencé à être levé sur la certaine pudeur qui existait face à ces violences en Corse. « Cela a contribué à faire prendre conscience aux femmes qui subissent ces situations que rien n’est inéluctable, qu’elles ont des droits, qu’elles peuvent faire des démarches, être aidées, et qu’il existe différentes portes d’entrée comme les numéros nationaux et les associations locales », relève-t-elle. 
 
Dans ce droit fil, au-delà de ce groupe de parole, l’association accueille au quotidien des femmes victimes de violences pour les écouter, faire le point de leur situation, voir quelle est leur demande et déterminer aussi les prises en charge vers lesquelles les orienter. « Nous sommes en liaison avec des avocates et une assistante sociale afin de les aider dans leurs démarches judiciaires ou d’accès aux droits sociaux », détaille la présidente du comité ajaccien de Femmes Solidaires en posant toutefois : « Nous faisons avec ces femmes, mais nous ne pouvons pas faire à leur place. C’est très important qu’elles prennent conscience de ce qu’elles vont suivre comme chemin, des actes qu’elles vont faire pouvoir faire pour sortir de cette situation. Nous sommes là pour les accompagner et les soutenir, car souvent on ne sait pas comment se défendre quand on est dans ce type de situation. On ne sait pas à quelle porte taper, on veut juste avoir de l’aide ».
 
Chaque année, l’antenne corse de Femmes Solidaires accompagne ainsi plus d’une cinquantaine de femmes dans leur parcours, dans le but d’éviter de nouveaux drames. « Il est important que la démarche soit entreprise le plus tôt possible parce qu’on sait qu’il y a un processus d’aggravation des violences au fil du temps. C’est très important de ne pas rester dans des situations aussi dramatiques pour que cette gravité ne s’accélère pas et qu’elle n’aboutisse pas au pire. C’est quelque chose qui doit être bien compris par les victimes : plus vite on en parle et moins on aura de préjudice pour sa santé ou celle des enfants. C’est fondamental, il faut demander de l’aide, et ne pas être retenu en se disant que cela va s’arranger », martèle Dominique Andreani. 
 
 
 
 
* Pour participer à ce groupe de parole les inscriptions se font auprès de l’association au 0624654088 ou par mail :  femmes.solidaires.ajaccio@gmail.com