Bien que ces sinistres se soient conentrés sur l'autre rive de la Méditerranée, la Corse n'est pas épargnée par cette nouvelle réalité. Située en Méditerranée, une zone identifiée comme "point chaud" par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), l'île fait face à des risques accrus, qu'il s'agisse d'inondations, de sécheresses prolongées, de tempêtes ou encore de feux de forêt dévastateurs.
Le climat corse, une vulnérabilité exacerbée
Nous sommes donc avertis : sous nos latitudes, les températures augmentent deux fois plus rapidement que la moyenne mondiale, et les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient. En Corse, des épisodes de fortes pluies, accompagnés de coulées de boue et de crues soudaines, ont par le passé entraîné des pertes humaines et matérielles importantes, sans oublier les tempêtes, comme celle inédite du 18 août 2022. Face à cela, il devient crucial d'adopter une véritable stratégie de résilience sociétale. Cela nécessite non seulement des investissements dans des projets de protection, comme l'aménagement de zones à risque et la restauration des écosystèmes côtiers et fluviaux, mais aussi une mobilisation citoyenne significative pour affronter ces défis environnementaux.
La nécessité d'une résilience collective
Pour la Corse, la résilience doit devenir une priorité traduite en actes concrets. Les plans communaux de sauvegarde (PCS), aujourd'hui obligatoires dans toutes les communes et intercommunalités de l'île, sont des outils visant à anticiper les catastrophes et à organiser la réponse des collectivités pour protéger les populations. Cependant, leur mise en œuvre repose, entre autres, sur l'implication spontanée des citoyens, à l'exemple des réservistes communaux, dont la mission est d'assister les autorités locales en cas de crise. Or, ces dernières années, on observe une désaffection dans les rangs des réserves communales, et beaucoup d'entre elles ont silencieusement disparu. Pourtant, face aux enjeux actuels de sécurité, l'importance de ces bénévoles n'a jamais été aussi cruciale. Ils sont les premiers à intervenir pour protéger, alerter et accompagner les habitants en cas de sinistre.
Un déclin du bénévolat qui menace la sécurité
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : alors que la Corse compte plus de 359 communes, seules 26 disposent d'une réserve communale, principalement en Haute-Corse. Le recul du bénévolat s'explique par plusieurs facteurs : les difficultés économiques, le désintérêt pour l'intérêt général, les contraintes familiales et professionnelles, mais aussi le manque de reconnaissance pour ces volontaires, souvent oubliés en dehors des périodes de crise. Si ce déclin n'est pas rapidement endigué, il pourrait fragiliser l'efficacité des plans de réponse aux catastrophes sur l'île. L'avenir de la résilience en Corse dépendra, en partie, de la capacité des pouvoirs publics à renforcer l'engagement citoyen, notamment au sein des RCSC, qui « fêtent » cette année leurs 20 ans d'existence.
Un appel à l'action immédiate
Le réchauffement climatique est bien là et ses effets ne cesseront de s'intensifier. Plus que jamais, la Corse doit s'armer d'une stratégie de résilience climatique ambitieuse, capable d'intégrer à la fois des mesures préventives et de mobilisation de ses citoyens. Sans un tissu social fort et engagé, les efforts pour protéger l'île des catastrophes à venir risquent de ne pas suffire. La mobilisation doit être immédiate et collective, avant que le coût de l'inaction ne devienne insurmontable et nous confronte à de dramatiques événements comme ceux qui viennent de se produire chez nos voisins espagnols.