Corse Net Infos - Pure player corse

Tempête meurtrière en Corse : La colère des maires après l'arrêté de catastrophe naturelle qui limite l’indemnisation


Nicole Mari le Samedi 27 Août 2022 à 19:54

Le 18 août, la Corse a été frappée par une tempête meurtrière qui a fait cinq victimes, une trentaine de blessés et causé d’importants dégâts matériels. Le 25 août, le gouvernement publie un arrêté de catastrophe naturelle prenant en compte les inondations et les coulées de boues, mais pas les dommages du vent cyclonique, un critère réservé à l’Outre-Mer. Résultat : il n'y aura quasiment pas d'indemnisation pour les 73 communes touchées par la tornade ! Face à la colère des maires, le président de l’Exécutif corse demande, par courrier, au gouvernement de changer de périmètre.



La tempête meurtrière du 18 août 2022 en Corse. Photo CNI.
La tempête meurtrière du 18 août 2022 en Corse. Photo CNI.
La Corse, ne s’est pas encore relevée de la tempête meurtrière qui, le 18 août, a fait cinq victimes, une trentaine de blessés et causé d’importants dégâts matériels, que la colère gronde déjà. En cause : l’arrêté de catastrophe naturelle pris par le gouvernement, le mercredi 24 août, et publié au Journal officiel, le lendemain. Très attendu par les 73 communes touchées, il avait été largement annoncé par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui, avant même sa venue dans l’île les 19 et 20 août, avait assuré les Corses de tout son soutien. Le gouvernement avait, donc, actionné en urgence la procédure de reconnaissance de catastrophe naturelle afin que la solidarité nationale vienne en coordination avec les assurances. « Cela va permettre aux entreprises de pouvoir être très rapidement dédommagées » avait affirmé Gérald Darmanin, qui s’était immédiatement rapproché de la présidente de la Fédération des assurances pour que « les acteurs économiques, en plus des dégâts humains, psychologiques et économiques qu’ils ont connus, n’attendent pas ce dédommagement ».
 
Des vents ignorés
Seulement voilà, ledit arrêté ne prend en compte que les inondations et les coulées de boues, pas le vent cyclonique. Or, en Corse, ce sont les rafales de vent, d’une violence exceptionnelle, qui ont atteint jusqu’à 224 km/h à Marignana par exemple, et qui se sont même, par endroits, transformées en tornade, qui ont causé la quasi-totalité des dommages. Le site Meteored qualifie la tempête de « derecho », un phénomène météorologique rare, aperçu dans les plaines américaines, qui se caractérise par « des lignes d'orage étendues sur des centaines de kilomètres, causant de nombreux dégâts en raison des fortes averses de pluie, des orages de grêle et des rafales de vent rapides et soudaines produites par les rafales descendantes qui peuvent atteindre l'intensité d'un ouragan ». C’est dire ! Mais, selon les textes français actuellement en vigueur, le critère cyclonique n’est réservé qu’aux Outre-Mer. Dans les motivations de sa décision, l’arrêté du 24 août prend soin de préciser dans ces nota bene que « les dommages provoqués par les vents violents (tornades, tempêtes...) sont couverts par la garantie "tempête" obligatoirement prévue par les contrats d’assurance dommages aux biens (L.122-7 du Code des assurances) ». Mais, de fait, cela limite drastiquement les indemnisations en Corse, voire même, en privent beaucoup de ceux qui espéraient en bénéficier, vu qu’une petite poignée seulement des 73 communes touchées ont recensé des dégâts liés aux coulées de boue.
 
Le courrier de l’Exécutif corse
Dans les communes de la Côte Ouest, durement touchées, à la stupéfaction succède l’incompréhension, puis la colère. Les maires démunis sollicitent le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni, pour lui demander d’intervenir auprès de l’Etat. Ce qu’il fait en adressant un courrier au préfet de Corse, Amaury de Saint-Quentin, pour lui demander d’étudier la façon de sortir de cette nomenclature et d’élargir le périmètre de l’arrêté de catastrophe naturelle aux vents, et, donc, de permettre les indemnisations. Une copie ayant été adressé aux associations de maires de Haute-Corse et de Corse du Sud, ainsi qu'aux 73 communes concernées, certains maires très remontés ont fait fuiter la lettre. Le président de l’Exécutif corse y relaie leurs interrogations. « Il convient à titre liminaire de rappeler que la volonté politique exprimée publiquement par le gouvernement est d'activer l'état de catastrophe naturelle pour parvenir à couvrir et garantir le plus largement possible l'intégralité des dommages subis. Or, l’arrêté précise que le phénomène naturel pris en compte pour accéder au bénéfice de l’état de catastrophe naturelle est le suivant : « inondations et coulées de boue », écrit-il. Avant de rappeler : « Or, la quasi-totalité des communes, impactées par l'évènement météorologique du 18 août dernier, n'ont subi aucune inondation ou coulée de boue. Il semble donc indispensable d'élargir le champ des phénomènes naturels visés par l'arrêté pour conférer à celui-ci son plein effet utile ». Gilles Simeoni propose au préfet de le contacter « dès lundi, pour solliciter de concert les éclairages juridiques indispensables, en présence des Présidents d'associations de maires, et procéder si nécessaire à une modification de l'arrêté ». Contacté par nos soins, il n’a pas souhaité commenter ce courrier. Affaire à suivre…

N.M.
 

La lettre du président Simeoni au Préfet de Corse

Tempête meurtrière en Corse : La colère des maires après l'arrêté de catastrophe naturelle qui limite l’indemnisation