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Santé : Femu a Corsica dénonce le rachat de la clinique Maymard par un groupe continental


Nicole Mari le Jeudi 3 Décembre 2020 à 17:52

Le groupe bastiais Maymard, premier opérateur de santé privé de Corse, propriétaire notamment de la polyclinique du même nom, de la clinique Filippi, de la clinique Toga ou encore du centre de dialyse Sainte-Catherine, serait en passe d’être racheté par Almaviva Santé, un groupe privé opérant en Provence-Alpes-Côte d'Azur et en Ile-de-France. Pour Femu a Corsica, ce rachat par des opérateurs extérieurs « menace tout le secteur de la santé » insulaire. Il appelle les acteurs publics et privés locaux à structurer ensemble une offre de santé conforme aux besoins de la Corse et demande l’interdiction de ce type de rachat.



L'entrée de la polyclinique Maymard à Bastia.
L'entrée de la polyclinique Maymard à Bastia.
C’est un communiqué qui a mis le feu aux poudres. Le 1er décembre, le groupe Almaviva Santé dévoile être « en négociation exclusive » pour racheter le groupe Maymard, premier groupe d'hospitalisation de Corse qui compte 70 praticiens et 400 salariés. Un rachat qui n’est pas neutre puisque la clinique fondée par le Docteur Raoul Maymard en 1941 est une institution à Bastia dans le domaine médical depuis près de 80 ans. Au fil du temps, la clinique, spécialisée en chirurgie, médecine nucléaire, neurochirurgie et gynécologie-obstétrique, s’est dotée du Centre Raoul François Maymard d'hospitalisation à domicile et de centres de radiothérapie (Cap Santé), de scintigraphie et de chimiothérapie (Corsintigraphie). Le groupe Maymard s’est également agrandi avec le rachat de la clinique Filippi - le plus gros centre de chirurgie ophtalmologique de la région -, de la clinique Toga, et la mise en place du Centre d’auto-dialyse Sainte-Catherine. C’est dire son poids dans la santé, non seulement dans la région bastiaise, mais aussi pour toute la Haute-Corse. Le récent décès de son président, Ivan Maymard, semble avoir précipité les choses. L’actuelle présidente du groupe, Lizy Maymard, s’est rapprochée du groupe Almaviva.
 
La poursuite de l’œuvre
Almaviva est le 1er groupe hospitalier privé en Région Sud, le 2ème en Région Ile-de-France et le 4ème au niveau national. Il possède 36 établissements de santé dont 17 en Région Sud et 19 en Ile-de-France. Il compte près de 1500 médecins, 4400 salariés, et prend en charge près de 400 000 patients par an. Dans un communiqué publié sur son site Internet, il déclare que l’acquisition des établissements du groupe Maymard est un moyen de poursuivre sa dynamique de croissance et sa stratégie de développement de pôles régionaux. « Almaviva Santé souhaite apporter aux établissements du groupe Maymard, ainsi qu’aux patients corses une expertise médicale éprouvée ainsi que sa capacité d’investissement et de développement pour renforcer l’offre de soins sur le territoire de Haute-Corse, en partenariat avec l’hôpital public », précise Yann Coléou, président du groupe Almaviva Santé. Le communiqué fait, également état des explications de Lizy Maymard, actuelle présidente du groupe Maymard : « Le rapprochement avec Almaviva est une garantie pour assurer harmonieusement la pérennité du groupe Maymard et celle des pôles d’excellence de notre territoire de santé. Au terme de l’opération envisagée, Almaviva poursuivrait l’œuvre de plusieurs générations de dirigeants descendants du fondateur. Animé des mêmes valeurs humaines, il permettra de  continuer à assurer une prise en charge de proximité et de qualité aux habitants de la région de Bastia ».

Le bâtiment de la clinique Maymard.
Le bâtiment de la clinique Maymard.
Une menace pour l’offre de santé
Ce n’est pas du tout l’avis du parti nationaliste modéré Femu a Corsica qui monte au créneau pour dénoncer cette opération de rachat qu’il voit comme une menace pour l’offre de santé dans l’île. « Femu a Corsica s'oppose avec force à ce qu'un groupe extérieur à l'île, propriétaire de 17 établissements en région Sud, et de 19 en Ile de France, puisse détenir, à travers le rachat projeté, une place majeure dans le secteur de la santé à Bastia et en Corse. Et ce d'autant plus que cette opération n'est qu'une déclinaison supplémentaire d'une logique prédatrice d'ensemble, mise en œuvre par des grands groupes extérieurs à l'île, et qui menace tout le secteur de la santé, celui du médico-social, et de l'aide en faveur des personnes âgées ». Pour Femu, la Corse a vocation à construire un système de santé moderne, performant, « où les structures publiques jouent pleinement leur rôle en faveur du droit à la santé pour tous (y compris à travers la création d'un CHU), et où les structures privées s'inscrivent dans un fonctionnement global cohérent avec la vision d'ensemble d'une société construite autour des valeurs de solidarité, d'entraide, et de justice sociale, pour les salariés et praticiens de ces structures comme pour leurs patients. Ce combat est essentiel pour la Corse et son peuple ».
 
Un appel à réagir
Aussi, Femu appelle-t-il aux différents acteurs du secteur dans l’île - la Collectivité de Corse, l'Etat, les structures publiques et privées et leurs institutions représentatives et syndicats - à se mettre autour de la table et à « poser un cadre global de discussion visant à mettre en œuvre ces principes pour structurer une offre de santé conforme aux intérêts de la Corse et des Corses. Une offre de santé qui doit, pour nous, interdire toute situation risquant de placer des pans entiers du système insulaire entre les mains d'opérateurs extérieurs à l'île et exclusivement guidés par la recherche du profit ». Le parti autonomiste demande également que « toute opération de rachat d'un établissement existant dans le domaine de la santé ou du médico-social par un grand groupe extérieur soit, dans l'attente de la définition de ce nouveau cadre, interdite ».