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Santa-Lucia-di-Mercuriu : La Mercure, entre chasse et protection de l’environnement


Mario Grazi le Mardi 13 Février 2024 à 15:21

La société de chasse La Mercure, à Santa Lucia di Mercuriu, dans le Boziu, ne compte qu’une vingtaine d’adhérents, mais le dynamisme et l’abnégation de tous n’a pas de limite. Le président Martin Rinieri et les bénévoles ne comptent ni leur temps ni leur argent pour mener diverses actions de protection et de développement de l’environnement.



La chasse au sanglier comme celle de la perdrix est à présent fermée. On ne peut désormais chasser uniquement bécasses, grives et pigeons. Pour autant, si les fusils sont remisés dans leurs étuis, les bénévoles ne restent pas inactifs. C’est le moment pour eux de mener diverses actions de terrain comme le nettoyage, l’ouverture de parcelles sales, la surveillance des sites où le blé a été semé en novembre dernier ainsi que le greffage des pommiers et poiriers sauvages.
« Nous avons deux cultures à gibiers de 500 m2 et une de 3000 pour aider notre perdrix, la perdrix rouge à se développer et à se reproduire, car nous ne faisons pas de lâchers. Et depuis que nous menons ces opérations, les compagnies de perdrix se sont multipliées. Les ouvertures dans le maquis consistent à ne nettoyer qu’une partie. Par exemple sur deux hectares de maquis, nous ne nettoyons qu’un hectare pour permettre à la perdrix de se protéger. Nous procédons de cette manière en fonction des résultats d’une étude conduite en partenariat avec l’Office de l’Environnement de la Corse qui précisent que sur une parcelle non nettoyée il y a 100 insectes à l’hectare, et sur une parcelle en partie nettoyée le nombre de ces derniers est multiplié par cent et toute la faune en profite ! Des opérations qui aident également le sanglier qui peut mieux occuper le terrain et trouver de la nourriture en plus grande quantité », a expliqué Martin Rinieri.

Mais ce samedi 3 février, les bénévoles accueillaient deux spécialistes du greffage en l’occurrence Joseph Lepidi, qui possède 150 pommiers anciens, et Jean-Pierre Paolini pour une journée d’explications et d’initiations. « Greffer les variétés anciennes de pommiers et de poiriers est une manière de préserver notre environnement et notre patrimoine. Cela permet à l’arbre de se régénérer puisque nous avons au préalable nettoyé l’espace. L’arbre peut ainsi continuer à donner des fruits et tout le monde peut en profiter, comme on en trouvait jadis. De surcroît ces arbres fruitiers sauvages ne demandent aucun entretien. C’est aussi de la nourriture facile pour les oiseaux et les sangliers. Nous avons donc mis en place cette formation avec des spécialistes. Après la partie théorique de la matinée et le repas pris en commun, nous nous rendons sur le terrain mettre en pratique ce que nous avons appris sachant qu’il y a de plus en plus de personnes intéressées par ces formations », a poursuivi Martin Rinieri.
 

Martin Rinieri
Martin Rinieri
Entre 8 000 et 10 000 euros chaque année
Au niveau de l’action de chasse, le président de La Mercure a rappelé que le rôle de la société n’est pas d’interdire, au contraire, tous les chasseurs sont les bienvenus sur le territoire de Santa Lucia di Mercuriu, dans le respect de la réglementation de la Fédération de la chasse, « et nous veillons à ce que les chasseurs ne soient pas des viandards et qu’ils se limitent donc à deux perdrix par personne lors d’une action de chasse. Nous responsabilisons aussi les jeunes chasseurs en leur expliquant que l’avenir de la chasse réside dans le fait de ne pas faire de prélèvements abusifs. Et ils le comprennent très bien puisqu’ils intègrent ensuite la société pour participer eux aussi à ces opérations de protection et de développement ». En revanche, il est demandé à toutes et tous de se procurer la carte d’adhésion pour un montant de 20 euros.

Et c’est bien le minimum que les chasseurs peuvent faire compte tenu de l’investissement financier et humain réalisé tout au long de l’année par les bénévoles, au niveau de l’entretien et du développement. Malheureusement, ils sont encore nombreux à ne pas s’acquitter de cette carte, et c’est dommage. La société de chasse bénéficie d’une petite aide de la commune et compte sur la cinquantaine de cartes vendues pour boucler son budget, mais c’est le président et les bénévoles qui mettent la main à la poche régulièrement pour mener à bien les nombreuses actions, « nous utilisons aussi notre propre matériel pour le nettoyage et le débroussaillage, tandis que nous sommes soutenus financièrement par l’OEC grâce à divers dossiers que nous montons pour nos opérations qui nous coûtent entre 8 000 et 10 000 euros chaque année. Sans cette aide, nous ne pourrions pas poursuivre nos actions », a conclu Martin Rinieri.