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Salah Hamouri à Ajaccio : "Le conflit Israélo-palestinien n’a pas débuté le 7 octobre 2023"


Patrice Paquier Lorenzi le Mercredi 14 Février 2024 à 17:31

Salah Hamouri est un avocat franco-palestinien qui a passé plus de dix ans dans les prisons israéliennes. En décembre 2022, le gouvernement israélien a signé un ordre de transfert définitif de Salah Hamouri vers la France, le privant ainsi de sa carte de résident permanent de Jérusalem, sa ville natale. Il était à Ajaccio ce mercredi 14 février, invité par le PCF de Corse du Sud et l’association Corsica-Palestine, afin d’y présenter son livre « Prisonnier de Jérusalem » et pour dénoncer le contexte international actuel et « le massacre de Gaza ».



Salah Hamouri (en compagnie des membres de l'association Corsica-Palestine) est en Corse pour dénoncer les massacres d'Israël en Palestine.
Salah Hamouri (en compagnie des membres de l'association Corsica-Palestine) est en Corse pour dénoncer les massacres d'Israël en Palestine.
« Il y a un génocide en cours dans la bande de Gaza depuis 4 mois et je suis donc ici pour dénoncer tout cela et essayer de faire bouger les choses », résume Salah Hamouri, l’avocat franco-palestinien, qui a passé plus de dix ans dans les geôles israéliennes.
Avocat franco-palestinien, chercheur pour l’association des droits des prisonniers "Addameer", Salah Hamouri a d’abord été arrêté en 2005. En 2008, après trois années de détention administrative, il accepte une procédure de plaider-coupable afin d’échapper à une peine de quatorze ans. Il est finalement condamné par un tribunal militaire à une peine de sept ans d’emprisonnement. Il sortira en 2011, de façon anticipée. Mais les autorités israéliennes ne cessent pas de le harceler, le plaçant à plusieurs reprises en détention administrative, dont la dernière, en mars 2022, a été renouvelée jusqu’en décembre de la même année. En 2022, son permis de résidence à Jérusalem lui est retiré, et il est expulsé en France.
Il était ce mercredi matin à Ajaccio à l'invitation du PCF de Corse-du-Sud et de l'association Corsica Palestine.
 
« Plus de 10 000 détenus politiques palestiniens »
Dans son combat de liberté et d’envie de retourner auprès des siens en Palestine, Salah Hamouri a écrit un livre « Prisonnier de Jérusalem » et parcourt la France pour dénoncer les agissements de l’État d’Israël. « L’occupant (NDLR Israëll) est en train de préparer très prochainement une invasion dans le sud de Gaza vers Rafah, ce qui pourrait être le plus grand massacre perpétré en Palestine. Je suis donc ici avec un double objectif : celui déjà de parler du livre et des conditions de détentions des Palestiniens. Il faut savoir que nous sommes arrivés aujourd’hui au nombre de 10 000 prisonniers politiques et plus de 3 000 disparus, qui avaient été arrêtés par Israël dans la bande de Gaza. Nous n’avons aucune nouvelle d’eux. L’autre objectif c’est donc de parler de tous ces massacres qui ont lieu dans les prisons de l’occupant. On recense une dizaine de morts suite à des tortures physiques et psychologiques. Il nous faut également alerter l’opinion publique sur le fait que ce génocide n’a pas seulement lieu à Gaza, mais également en Cisjordanie ou même à Jérusalem. Près de 400 morts sont à dénombrer en Cisjordanie et des milliers de maisons ont été détruites par l’armée israélienne. Des milliers d’hectares ont également été confisqués dans le sud d’Hébron notamment. Cela fait maintenant 75 ans que ces exactions envers le peuple palestinien se poursuivent en toute impunité ».
 
« Le système carcéral israélien est un moyen de destruction de la société palestinienne »
Le 31 août dernier, le livre de Salah Hamouri, « Prisonnier de Jérusalem – un détenu politique en Palestine occupée » sort en France aux éditions Libertalia. : « J’ai écrit ce livre, car j’ai été détenu plusieurs fois en prison. La première fois à l’âge de 16 ans et cela a continué jusqu’en 2022. Au total, j’ai passé 10 ans dans les prisons israéliennes. À chaque entrée, j’ai vu les conditions de détention devenir de plus en plus dures. Le système carcéral est un moyen de la destruction de la société palestinienne. 850 000 du peuple palestinien qui est déjà passé dans ces prisons sont plus de 35% de la population totale ! Aujourd’hui 355 enfants sont détenus avec les mêmes conditions que les adultes. Plus de 250 femmes sont également enfermées et devaient même accoucher avec un pied et une main menottée pour des raisons de sécurité. Certains détenus sont même condamnés à des peines d’isolement pendant plusieurs années. Les visites sont interdites pour certains. Il y a une négligence médicale qui ne permet pas de les soigner correctement en cas de maladies ».
 
Un mois après la sortie du livre, les attaques du Hamas du 7 octobre en territoire israélien font plus de 1 400 morts et 240 otages. Entamée par le tir de milliers de roquettes depuis l’opération se poursuit par terre, mer et air. Des combattants du mouvement islamiste palestinien pénètrent sur le territoire israélien et prennent provisoirement le contrôle de certaines localités, commettant des assassinats et procédant à des prises d’otages. Pour Salah Hamouri : « Il faut arrêter de nous faire croire que l’Histoire a commencé le 7 octobre. Je le dis clairement, le conflit n’a pas débuté le 7 octobre 2023. L’Histoire de la Palestine a commencé il y a 75 ans. La question de Gaza, cela fait des années que plusieurs Palestiniens alertent sur le fait qu’ils vivent dans une prison à ciel ouvert depuis 17 ans et tout le monde laisse faire. La communauté internationale a juste voulu depuis les accords d’Oslo, gardé un statu quo sans vouloir trouver une solution pour les Palestiniens. Israël ne veut pas vivre avec les Palestiniens, il cherche à s’en débarrasser ».
 
Salah Hamouri est soupçonné par Israël de liens - ce qu'il nie - avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation jugée terroriste par l'État hébreu et l'Union européenne. La France, où vit Salah Hamouri depuis décembre, juge "contraire au droit" son expulsion par Israël après la révocation de son permis de résidence à Jérusalem-Est. Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a qualifié cette expulsion de "crime de guerre".