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SAUV life, l’application qui sauve des vies, déployée en Corse-du-Sud


Julia Sereni le Mercredi 8 Juillet 2020 à 15:58

Le SAMU d’Ajaccio et l’association SAUV ont présenté ce mercredi 8 juillet le dispositif SAUV life, une application en cours de déploiement en Corse-du-Sud et qui devrait permettre de faire baisser le nombre de décès suite à un arrêt cardiaque.



(Photo Michel Luccioni)
(Photo Michel Luccioni)
50 000 morts par arrêt cardiaque tous les ans en France. Les chiffres présentés par le docteur Lionel Lamhaut, président et cofondateur de SAUV life, sont édifiants. « Cela représente l’équivalent de la ville de Bastia qui disparait chaque année » illustre t-il. Et la Corse n’est évidemment pas épargnée : « En Corse-du-Sud, il y a entre 60 et 70 arrêts par an » détaille le docteur Pierre Calligé, médecin SAMU à Ajaccio.
 
« On compte seulement 5% de survivants » explique Lionel Lamhaut. C’est donc un problème de santé publique majeur auquel le médecin, avec les deux autres co-fondateurs de l’application, ont voulu s’attaquer. « Si les gestes de premiers secours sont prodigués dans les trois minutes, ce chiffre peut aller jusqu’à 74%. Le problème c’est donc le temps. Une minute sans massage, c’est 10% de survie en moins ». Or, en moyenne, en France, les secours mettent 14 minutes à arriver. Et en Corse ce délai peut être encore rallongé, car, comme l’explique Pierre Caligé : « Nous avons des villages très éloignés des centres de secours ». Une analyse que partage l’adjoint au maire d’Ajaccio et conseiller communautaire Charles Voglimacci : « Le rural est un point sensible ».
 
L’idée de SAUV life est donc de créer une brigade de « citoyens sauveteurs » qui peut agir en attendant l’arrivée des secours. Pour Pierre Calligé, l’initiative est essentielle et particulièrement pertinente sur le territoire de l’île : « Nous avons besoin de ces premiers secours en attendant que les sauveteurs arrivent sur les lieux ». Des gestes très simples, à la portée de tout le monde : « Lorsqu’une personne s’effondre, qu’elle ne parle plus et ne respire plus, il s’agit de masser, c’est-à-dire appuyer le plus fort et le plus vite possible au milieu de la poitrine, et d’utiliser, si possible, un défibrillateur » explique le cofondateur de SAUV life.
 
Alors concrètement, comment fonctionne l’application ? « Chacun peut s’inscrire, gratuitement, à partir de 15 ans, et rejoindre la communauté des citoyens sauveteurs ». Aucun prérequis n’est demandé : « C’est un acte de citoyenneté et non un acte technique » insiste le docteur Lamhaut. L’application utilise la géolocalisation, et lorsqu’un appel est reçu du SAMU, les personnes se situant à proximité de la victime sont alertées. Pour celles qui répondent présentes, un système de visioconférence avec le SAMU peut être déclenché afin de les aider. Les défibrillateurs disponibles sont également recensés.
 
Quid de la responsabilité de ces « citoyens sauveteurs », tant sur le plan juridique que psychologique ? « Le statut de citoyen sauveteur vient d’être créé en France, il bénéficie de la qualité de collaborateur occasionnel du service public et, à ce titre, il est donc couvert » annonce Lionel Lamhaut. « Nous avions peur qu’il y ait des difficultés sur le plan psychologique » reconnait-il, « mais les gens ont réussi à faire des choses extraordinaires ».
 
Aujourd’hui, l’application est déjà déployée dans 54 SAMU, et 400 000 citoyens sont inscrits. Pour combien de vies sauvées ? « 140 cœurs sont repartis depuis 2 ans et demi » se félicite le créateur de SAUV life. Une étude est actuellement en cours afin de déterminer l’impact réel de l’application : « Mais on constate, d’ores-et-déjà, une augmentation significative de la survie ». Des premiers résultats prometteurs qui ont convaincu les acteurs locaux de devenir partenaires : « Cette application est dans le droit fil de l’engagement citoyen qu’on a vu pendant la crise du COVID » commente Charles Voglimacci. « Sauver une vie c’est l’addition de plusieurs actions et de plusieurs compétences » conclut-il.
 
Pour celles et ceux qui souhaitaient, d’ores-et-déjà, s’essayer aux gestes qui sauvent, une démonstration s'est déroulée ce mercredi 8 juillet jusqu’à 17 heures place Foch à Ajaccio, en présence de tous les acteurs concernés.

 


(Photos Michel Luccioni)