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Rythmes scolaires : La fronde des maires, des enseignants et des parents d’élèves


Nicole Mari le Jeudi 22 Mai 2014 à 22:14

Laurent Marcangeli, nouveau maire d’Ajaccio, a ouvert la voie en déclarant, mercredi, son refus d’appliquer une réforme trop couteuse. Jeudi soir, à la salle des fêtes de Furiani, près de 200 personnes, maires ou conseillers municipaux du rural de la Costa Verde et du Grand Bastia, enseignants et parents d’élèves, ont rejoint le front du refus. Pour eux, la réforme des rythmes scolaires, imposée par l’ex-ministre de l’Education, Vincent Peillon, est, tout simplement néfaste, catastrophique et inapplicable. Ils entendent créer un Collectif, mettre en ligne une pétition et demander à l’Assemblée de Corse de voter, à la session de juin, une motion pour obtenir une dérogation.



Près de 200 opposants à la réforme des rythmes scolaires.
Près de 200 opposants à la réforme des rythmes scolaires.
La réforme des rythmes scolaires, voulue par l’ex-ministre de l’Education nationale Vincent Peillon, entre en vigueur à la rentrée de septembre dans les écoles primaires. Elle entend réorganiser le temps scolaire pour répondre à des objectifs pédagogiques et permettre aux enfants de mieux apprendre à l’école. Pour cela, elle prévoit de concentrer les apprentissages fondamentaux, le matin, quand les élèves sont le plus attentifs, et de travailler le mercredi matin pour assurer des temps d’apprentissage plus réguliers.
 
Une semaine de 4,5 jours
Depuis 2008, les élèves du primaire effectuaient 24 heures de classe, réparties sur une semaine de 4 jours (8 demi-journées). Le décret du 24 janvier 2013 prévoit de conserver ces 24 heures, mais de le répartir sur une semaine des 4,5 jours, incluant le mercredi matin. Il impose, en outre, la durée de la journée d’enseignement de 5 heures 30 maximum, de la demi-journée d’enseignement de 3 heures 30 maximum et de la pause de midi d’1 heure 30 minimum. En contrepartie, la journée de classe est diminuée de 45 minutes pour laisser la place à trois heures hebdomadaires d'activités sportives ou culturelles. Au final, les élèves ne resteront pas moins de temps à l’école, seront toujours pris en charge jusqu’à 16h30, mais consacreront moins de temps quotidien à des activités d’apprentissage scolaire et plus de temps à des activités périscolaires. Des activités pédagogiques complémentaires seront organisées par les enseignants et les activités périscolaires d’éducation artistique, culturelle et sportive proposées par les communes.
 
La problématique du périscolaire
C’est autour de ce temps périscolaire que le bât blesse et que se cristallise le front du refus des maires, des enseignants et des parents d’élèves. Ce temps pose un problème certain aux communes qui ne savent pas comment l’organiser avec quel budget, quel personnel, quel matériel et quels locaux ? La multiplicité des incertitudes génère, également, l'inquiétude des parents d’élèves, des enseignants et des animateurs, tant dans l’île que sur le continent. De nombreux syndicats craignent que le nouveau dispositif n'accroisse les inégalités qu’il est censé résorber car toutes les municipalités n’ont pas les mêmes moyens (animateurs qualifiés, locaux, gymnases, infrastructures culturelles, etc.), ni les mêmes ressources financières pour assurer la même qualité d’activités périscolaires. Les communes pauvres menacent, déjà, de résumer ce temps à de la garderie. L'Association des maires de France réclame une pérennisation du financement par l'Etat, qui s'est engagé sur des aides jusqu'en 2015-2016.
 
Ni retrait, ni report
Devant la fronde généralisée et la menace des opposants de ne pas appliquer la réforme, Manuel Valls a promis, en avril dernier, de l’assouplir et pourrait concéder des enveloppes financières budgétaires aux communes les plus défavorisées ou des dérogations pour « projets pédagogiques innovants ». Mais, ne veut entendre parler, ni de retrait, ni de report.
A Furiani, jeudi soir, près de 200 personnes ne l’entendaient pas de cette oreille. « Tous les enseignants veulent une réforme de l’éducation, mais pas celle-là ! », clame un syndicaliste STC Education. Parmi elles, des maires, conseillers municipaux, directrices d’écoles, enseignants, syndicalistes, délégués de parents d’élèves venus de nombreuses communes rurales : Borgo, Furiani, Patrimoniu, Taglio-Isolaccio, Vescovato, Sorbo-Occognano, Santa Maria Poghju, Champlan, Pruno, Folelli, Campo Vallone, Valle d’Alesani, Velone Orneto et même de la commune pilote de Moriani où la réforme est appliquée depuis la rentrée 2013. Un mot d’ordre de boycott y est lancé pour mercredi matin dans la ligne du mouvement national. Les frondeurs ont décidé de créer un collectif anti-rythmes scolaires et de mettre en ligne une pétition pour recueillir le soutien des maires, enseignants et délégués de parents d’élèves de toute l’île. Anne-Marie Natali, maire de Borgo et conseillère territoriale, s’est engagée à déposer une motion lors de la prochaine session de l’Assemblée de Corse les 5 et 6 juin prochains pour demander l’appui de l’Exécutif et des élus et obtenir une dérogation.
Affaire à suivre…
 
N.M.


Le refus des maires : Explications d’Anne-Marie Natali, maire de Borgo, et de Marie-Thérèse Mariotti, maire de Taglio-Isolaccio.


Le refus des enseignants et des délégués de parents d’élèves.