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Qu’est-ce que le baptistère St Jean que va visiter le pape François à Ajaccio ?


le Mercredi 11 Décembre 2024 à 12:53

À l’occasion de sa visite à Ajaccio ce dimanche, le Pape François s’arrêtera durant quelques minutes devant ces vestiges paléochrétiens classés monument historique. Découvert en 2005, le baptistère St Jean, du nom de ce quartier populaire où il est aujourd’hui implanté, faisait partie de la première cathédrale d’Ajaccio, dont la localisation reste encore inconnue.



(Photo : Archives CNI)
(Photo : Archives CNI)
Il est probablement l’un des lieux les plus méconnus de la visite du Pape à Ajaccio. Le baptistère Saint-Jean, situé dans le quartier éponyme, est toutefois l’un des plus anciens lieux de la chrétienté de la cité impériale.
 
En 2005, lors de fouilles sur une parcelle vouée à la construction d’un parking et d’un immeuble qui abrite notamment aujourd’hui les locaux de la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien, une équipe de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (Inrap) avait mis au jour des vestiges d’un baptistère paléochrétien de la première cathédrale d’Ajaccio, datant probablement du Vsiècle, « dans un état de conservation exceptionnel ». Dans sa chronique de l’époque, l’institut rappelait d’ailleurs « l’intérêt archéologique du quartier a été souligné à maintes reprises depuis 1738 et les découvertes réalisées au gré des travaux agricoles et d’urbanisation ont conduit les historiens à localiser dans ce secteur l’agglomération antique d’Ajaccio ». « C’est aussi ici que se trouvait le siège épiscopal, mentionné pour la première fois dans une lettre du pape Grégoire le Grand datée de 601. Le groupe cathédral était placé sous le vocable de Saint Jean et de saint Eufrase, dont les reliques furent peut-être transportées en Corse par les évêques africains lors de la persécution vandale du Ve siècle », précisait-t-il. 
 
Si la localisation précise de l’église cathédrale associée est encore inconnue, l’Inrap constatait alors que le baptistère « est constitué d’une abside (4,60 x 3,50m) encadrée de plusieurs bâtiments, au centre de laquelle se trouve une grande cuve baptismale cruciforme (2,68 x 1,39m, profondeur 1,34m) » qui aurait fait l’objet de transformations « visant à réduire son volume et à l’adapter à l’évolution du rite » dans le courant du haut Moyen-Âge. Cette cuve est en outre associée à « un bassin cylindrique plus petit, de 80cm de diamètre, peut être destiné au lavement des pieds des catéchumènes » avant leur baptême, tandis que la fouille d’un important dépotoir associé à ce complexe avait permis de recueillir « près de 5 000 fragments de céramique » dont la diversité de provenance attestait que « le site a été au VIe et VIIsiècles et peut être encore au VIIIe siècle pleinement intégré dans les réseaux commerciaux méditerranéens ».
 
Enfin, les archéologues avaient également constaté qu’après l’abandon du baptistère, un cimetière avait installé sur ses ruines, en découvrant près de 80 tombes aux typologies extrêmement variées qui « renvoient à des exemples sardes, italiens et du Midi de la France que l’on retrouve au VIe et XIIe siècle ».
 
Afin de préserver ce site classé monument historique, en 2021, la ville d’Ajaccio avait décidé de construire un antiquarium autour des vestiges. Une sorte de mini musée qui entoure le baptistère d’une vitrine courbe de huit mètres de diamètre afin de permettre à tous d’observer ces témoins uniques de l’histoire.