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Pr Alain Ficher : « Une troisième dose généralisée est inéluctable »


Philippe Peraut le Mercredi 17 Novembre 2021 à 07:36

Invité par l'ARS de Corse, le professeur Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, a tenu une conférence de presse en visio ce mardi 16 novembre pour faire le point sur l’évolution de la stratégie vaccinale en France et sur l'ile



En visio, professeur Alain Fischer fait le point sur la stratégie vaccinale - Photo Michel Luccioni
En visio, professeur Alain Fischer fait le point sur la stratégie vaccinale - Photo Michel Luccioni
La menace d'une cinquième vague se précise en France alors que les cas de flambent, surtout sur l'ile qui affiche un taux d'incidence bien supérieur à celui du reste du Pays. En moyenne 85 personnes sont testées positives chaque jour en Corse où la situation est suivie de près par les autorités sanitaires. Invité par l'Agence Régionale de Corse l'immunologue chargé de la coordination de la stratégie vaccinale du pays, Alain Fischer, a fait le point sur la stratégie vaccinale et rappelé les risques qu'encourent les personnes non-vaccinées contre le Covid-19. "Nous sommes, explique-t-il en guise de préambule, dans un contexte de reprise du virus. En Corse, le taux d’incidence  de 154 et 206 pour 100 000 habitants dans les deux départements est supérieur à celui de la moyenne nationale  qui est de 105." En cause, selon le scientifique un variant Delta particulièrement contagieux et difficilement contrôlable malgré la  couverture vaccinale et le relâchement des gestes barrière qui couplé avec le froid hivernal constitue un frein à la régression de la pandémie.

« Ne pas se vacciner équivaut à jouer à la roulette russe »
Selon le professeur dans l’ensemble et par rapport à d’autres pays européens, en France il y a "une assez bonne couverture vaccinale (77 % de 1ère dose, 75 % de rappel et 89 % des +12 ans) mais l’arrivée de la 5e vague nécessite d’utiliser tous les moyens en notre possession."  Face à ce schéma, la Corse ne semble pas si bien lotie et les craintes suscitées le mois dernier par Marie-Hélène Lecenne semblent malheureusement se confirmer. « Nous sommes, rappelle-t-elle, avec 73 % de premières doses et 71 % de rappel, 4 points en dessous de la moyenne nationale. Si on n’agit pas très vite, la situation va s’aggraver avant les fêtes de fin d’année. Nous avons doublé la capacité des Réas de nos deux centres hospitaliers, c’est une réponse complémentaire. Il est encore temps de réagir. »

Autre inquiétude, celle émise par le docteur Antoine Grisoni, président de l’URPS-médecins libéraux. « Les professionnels de santé n’en peuvent plus, peste-t-il, si l’on ne fait rien, cela va exploser ! »
Le professeur Fischer tempère : « Il n’y a pas de remède miracle, le salut passe par la vaccination. On obtiendra, en Corse comme ailleurs, le contrôle du virus si tout le monde est vacciné et si l’on respecte les mesures barrières. D’autant qu’en milieu clos, les risques augmentent. Ne pas se vacciner, équivaut à jouer à la roulette russe ! »
 

Une troisième dose généralisée inéluctable
Si la troisième dose concerne, pour l’heure, les +65 ans, l'injection devrait être étendue à compter de début décembre, selon l'immunologue. « Le rappel est recommandé pour améliorer la protection, ajoute le professeur Fischer, nous avons des données qui précisent son efficacité. Le rappel permet de diminuer le risque d’infection grave jusqu’au décès à hauteur de 95 % et il n’y a, par ailleurs, aucun signe d’effets secondaires. »
Si l’accélération de la vaccination semble être la clé de voûte de cette stratégie, il n’est pas certain qu’elle garantisse à 100 % la protection contre la transmission du virus comme ce fut récemment le cas en Corse où un cluster concernant des personnes vaccinées a été constaté. En d’autres termes, le pass sanitaire n’empêcherait pas la progression du virus. « Le pass sanitaire n’intègre pas le cas d’une infection récente. Néanmoins, c’est une mesure très forte qui s’est avérée efficace, tant d’incitation à la vaccination que de protection du virus. Ceci étant, des cas peuvent effectivement arriver chez les personnes vaccinées. D’une manière générale, ce sont des cas bénins... »
 
La vaccination des enfants
Autre point évoqué, l’éventualité d’une vaccination pour les enfants de moins de 12 ans. « La question se pose actuellement et ces vaccins, à dose réduite sont très efficaces mais la sécurité n’a été évaluée que sur 2000 enfants environ. La situation de l’épidémie chez les enfants n’est pas alarmante comme c’est le cas aux USA mais c’est une question qui se situe plutôt au niveau de la temporalité au début de l’année prochaine. » détaille le professeur Fischer

Enfin, il a été question de la durée de la situation sanitaire et ce sur point, le professeur Fischer n’a pu apporter de réponse précise. « Il est difficile de faire une prédiction complète. Ce qui est plausible, c’est que le virus soit endémique c’est-à-dire qu’il reste avec nous sans avoir un caractère aussi marqué que ce qu’il est ou a été. Plus on aura de personnes vaccinées dans le monde (la moitié de la population a reçu au moins une dose), plus on aura de chance de contrôler le virus. Mais il faudrait arriver à vacciner 90 à 95 % de la population mondiale ce qui demandera un effort gigantesque. »

Les différents acteurs concernés se sont ensuite entretenus de manière personnelle avec le professeur Fischer afin d’évoquer la spécificité de l’île, les mesures et leur application en Corse. Avec une certitude, la troisième dose, qui ne devrait pas être la dernière sera mise en place sous quinze jours.

Ils étaient présents à la réunion

Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni

C’est à un véritable conseil de santé publique insulaire auquel était conviée la presse locale ce mardi  16 novembre dans les locaux de l’ARS à Ajaccio. A la conférence avec le professeur Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale nommé en décembre 2020 par le Premier Ministre - il coordonne la stratégie de santé de l’État contre la pandémie -  étaient presents Thierry Dahan, médecin à Cozzano, Stéphanie Brun (Sage-Femme), Anne-Marie Marchioni-Nicolini (médecin à Ajaccio) ou Antoine Grisoni (Ghisonnaccia), président de l’URPS-médecins libéraux.
Et dans les locaux de l’ARS, Marie-Hélène Lecenne, directrice régionale, Guillaume Heuzé, épidémiologiste Santé Publique France, Gaston Leroux-Lenci, président de l’Ordre des Infirmiers et le docteur Laurent Carlini, représentant l’Union Régionale des Professionnels de Santé et médecins libéraux.