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Port de la Carbonite : Le Comité de pilotage confirme les incertitudes !


Nicole Mari le Jeudi 21 Mai 2015 à 23:44

La première réunion du Comité de pilotage sur le port de la Carbonite, qui s’est tenue jeudi à Bastia, a confirmé que le débat, les doutes et les incertitudes restent entiers, tant au niveau de la faisabilité que de l’opportunité d’un tel projet. Face aux nombreuses questions en suspens et au scepticisme grandissant, le Comité a acté un certain nombre d’études complémentaires pour 2015 et 2016 et la mise en place d’ateliers thématiques ouverts à tous pour éviter les mauvaises surprises. Le président de l’Exécutif, Paul Giacobbi, favorable au projet, estime, néanmoins, que le chemin sera long et incertain. Le maire de Bastia, Gilles Simeoni, bien plus réservé, a obtenu une étude prioritaire sur la sécurisation et l’optimisation du port de commerce actuel. Explications, pour Corse Net Infos, de Paul Giacobbi et, en vidéo, de Gilles Simeoni.



Le Comité de pilotage du projet du port de la Carbonite se compose, notamment, du président de l’Exécutif, Paul Giacobbi, du préfet de Haute-Corse, Alain Thirion, du maire de Bastia, Gilles Simeoni, du président de la Communauté d’agglomération, François Tatti, et du président de la Chambre de commerce et d'industrie, Paul Trojani.
Le Comité de pilotage du projet du port de la Carbonite se compose, notamment, du président de l’Exécutif, Paul Giacobbi, du préfet de Haute-Corse, Alain Thirion, du maire de Bastia, Gilles Simeoni, du président de la Communauté d’agglomération, François Tatti, et du président de la Chambre de commerce et d'industrie, Paul Trojani.

Paul Giacobbi : « Le projet peut être remis en cause par l’avancée des études »

- Quel était l'objet de cette première réunion ?
- Nous devions examiner la programmation des études complémentaires, urbaines, de mise en valeur balnéaire et touristique, de déplacement et hydro-sédimentaires. Nous devions, également, regarder la stratégie de concertation pour 2015, notamment la mise en place, fin juin, des ateliers thématiques, ouverts à tout le monde, à l’instar de ceux du PADDUC (Plan d'aménagement et de développement durable de la Corse). Nous en avons proposé quatre : les retombées économiques et sociales pour Bastia et la Corse, les réponses aux enjeux naturels et humains, en particulier sur le littoral, les services de transports et de logistique, les relations entre la ville et les ports, à savoir le futur port de la Carbonite et l'actuel port de commerce. Celui-ci changera de vocation et deviendra un port pour la plaisance et, éventuellement, la croisière, ce qui induira des relations différentes avec la ville.

- Ces ateliers sont-ils une façon détournée de rouvrir le débat public ?
- Officiellement, non ! Néanmoins, on alimente le débat public, pas seulement pour donner de l’information, mais également pour recueillir des idées notamment en ce qui concerne la ville de Bastia et sa relation avec le port. Il faut, par exemple, apporter des réponses à ceux qui avaient l’habitude d’utiliser, à titre balnéaire, Ficaghjola. Ce projet n’est pas seulement un ouvrage technique, mais aussi un ouvrage économique et social. La concertation nous permettra d’avancer.

- Qu'avez-vous acté ?
- Nous avons acté un accord sur l'ensemble du programme d'études et sur les orientations de la concertation. A la demande du maire de Bastia, et c'est un point très important, nous serons attentifs à l'étude sédimentologique sur maquettes. Nous avons mené plusieurs études en modèle mathématique sur l'impact sédimentologique des ouvrages en général, c'est-à-dire la configuration générale du plan d'eau et la digue. Nous effectuerons des études analogiques en définissant précisément les terre-pleins, les jetés et la composition de la digue extérieure. J'ai demandé aux services de communiquer, de manière très ouverte, l'ensemble des données à tous les membres du Comité de pilotage afin qu’ils soient informés en amont et puissent apporter leurs observations. Nous avons également acté, à la demande du maire de Bastia, la réalisation d'une étude d'optimisation et de sécurisation de l'actuel bassin Saint-Nicolas qui connaît de réelles difficultés de circulation.

- Avez-vous évoqué le financement du projet ?
- Oui. Ce projet, qui, pour le moment, est un programme d'études, nécessite, pour la première étape de réalisation, un budget de 370 millions €. Nous pensons que le financement de cette infrastructure doit, pour l'essentiel, se trouver dans l'exploitation de l'infrastructure elle-même. Ce qui supposera de réfléchir à un montage approprié. En revanche, nous avons apporté, au Comité de pilotage, tous les éléments sur le financement des études en cours. Le Préfet a souligné que les pré-contacts pris auprès de la BEI (Banque européenne d’investissements) et de la Caisse des dépôts pour un financement sur emprunt semblaient plutôt positifs à ce stade. On pourrait aussi, dans un délai rapproché, envisager quelque chose dans le cadre du plan Juncker (programme d'investissements européen).

Plan de la 1ère phase.
Plan de la 1ère phase.
- Vous parlez dun budget de 370 millions . Cela signifie-t-il quil a encore été revu à la baisse ?
- Non ! Ce coût de 370 millions € concerne la première phase qui est relativement réduite. Mais, nous sommes encore en amont des choses. Nous présenterons une maquette que nous testerons.
 
- Comment ce port peut-il auto-financer sa construction ?
- Un port génère des recettes considérables. Un tel projet n’a pas vocation à recevoir de subventionnement, mais à s’autofinancer. Tous les ports du monde sont fondés sur ce principe. On ne va pas subventionner massivement la réalisation de l’ouvrage. On n’en a, ni les moyens, ni l’intention !

- Henri Malosse, président du Conseil économique et social européen, qui rejoint votre liste aux prochaines élections territoriales, critique ce type dinfrastructures, le juge peu viable et peu créateur demplois. Que lui répondez-vous ?
- J’en discuterai avec lui ! On continue de réaliser de tels ports, en particulier à Calais. Aujourd’hui, nous avons un vrai problème sur le port de Bastia. Il faut réfléchir à ce que nous pouvons faire. Pour le moment, nous n’avons que cette solution-là !
 
- Avez-vous décidé dun calendrier ?
- La prochaine réunion du Comité est prévue en octobre. Nous avons acté un calendrier pour 2015 et 2016. Prévoir au-delà, c’est tirer des plans sur la comète ! Il faut avancer ! On sait bien que ce projet prendra du temps. On ne peut pas l’imposer. Il doit être porté par les uns et les autres. Des questions fondamentales vont se poser. On ne peut pas dire que le port sortira de terre dans cinq ou dix ans, on n’en sait rien !
 
- Ce projet peut-il être remis en cause ?
- Oui ! Il peut l’être ! Si, par exemple, une étude sédimentologique détaillée sur maquette montre un problème rédhibitoire, nous essaierons de calculer d’autres maquettes et d’effectuer de nouveaux tests. Si ceux-ci confirment qu’il y a vraiment un problème, nous réviserons notre projet de fond en comble ! Nous ne prendrons pas le risque de continuer ! Néanmoins, c’est relativement peu probable ! D’ores et déjà, les études, dont nous disposons, indiquent que, dans ce positionnement-là, à cet endroit, globalement, cela devrait aller. Ce n’est pas scientifique, c’est en quelque sorte de l’intuition ! Donc, oui ! Le projet peut être remis en cause, à un moment donné ou à un autre, par l’avancée des études. Je l’ai toujours dit ! Raison de plus pour être très ouvert sur la manière de réaliser ces études. Il est très important d’être sincère et de partager les cahiers des charges.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.
 

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