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Plan de gestion des déchets : Pour Ecologia Sulidaria une autre voie est encore possible


le Mercredi 15 Novembre 2023 à 12:19

Dans le sillage du tissu associatif regroupé sous la bannière de Corsica Pulita, le mouvement Ecologia Sulidaria dénonce le nouveau plan de gestion et de traitement des déchets (PTPGD), qui est actuellement soumis à une enquête publique jusqu'au 24 novembre.



Des membres d'Ecologia Sulidaria se sont réunis mercredi matin au pied de la Citadelle, pour peser médiatiquement sur les débats relatifs à la gestion des déchets en Corse.
Des membres d'Ecologia Sulidaria se sont réunis mercredi matin au pied de la Citadelle, pour peser médiatiquement sur les débats relatifs à la gestion des déchets en Corse.
Tout d'abord, un constat : en Corse, seuls 38 % des déchets sont triés, pose le mouvement écologiste. Ces chiffres, il les tient de l'ODEM, l'observatoire des déchets ménagers... qui est administré par le syndicat de valorisation des déchets de la Corse (Syvadec). Autrement dit, pas son meilleur ami. Selon les intercommunalités, le taux de tri varie de  26 % (Pieve Ornano) à 58 % (Calvi-Balagne) : "C'est donc possible de faire mieux, la communauté de communes de Calvi-Balagne le montre",  relève Fred Giuntini, membre d'Ecologia Sulidaria.

Objectif de 55 % de recyclage fixé par l'UE

Un taux de recyclage de 38 %, c'est encore en deçà du taux français, qui s'établissait à 42,7 % en 2020, selon un rapport de la Commission européenne qui place la France derrière certains de ses voisins, tels que l'Italie ou l'Allemagne. L'objectif, fixé par l'Union européenne, étant d'atteindre un taux de recyclage de 55 % à l'horizon 2025. Réunis ce mercredi matin au pied de la Citadelle de Bastia, à l'occasion d'une conférence de presse, les membres d'Ecologia Sulidaria invitent justement à regarder ce qui se passe en dehors de l'île : "Partout autour de nous, les choses avancent considérablement en matière de tri. Et nous ? On plafonne. On régresse", se désole Agnès Simonpietri.

C'est dans ce contexte qu'intervient actuellement l'enquête publique relative au plan Déchets, qui recueille depuis le 23 octobre les observations des citoyens. Des observations qui ne réviseront le plan "qu'à la marge", confirmait dans nos colonnes Guy Armanet, le président de l'Office de l'environnement, rattaché à l'exécutif de l'Assemblée de Corse. Ce plan a en effet déjà reçu le feu vert de toutes les autorités concernées. En ce qui le concerne, "on n'est plus dans ce débat-là, très clairement", reconnaît Agnès Simonpietri, qui laisse la main aux associations contestataires d'investir, si elles le souhaitent, le terrain judiciaire. "Nous ce qu'on veut, c'est empêcher à tout prix les projets du Syvadec", poursuit l'ancienne présidente de l'Office de l'environnement. 

"Ne pas ignorer les alertes sur les dérives mafieuses"

Elle fait notamment référence au projet de création de centre de surtri à Monte, qui a reçu le soutien financier de l'Etat. Ce qui fait bondir Ecologia Sulidaria, pour qui ces structures "sont essentiellement destinées à fabriquer en grande quantité des combustibles solides de récupération, soit des morceaux de plastique et cartons qu'il faudra ensuite brûler dans des chaudières." Or, le mouvement écologiste rappelle que le tri à la source des biodéchets a été rendu obligatoire par la loi de Transition énergétique : "Comment le préfet peut-il passer outre ? Connaissant qui plus est, le risque de mainmise de la mafia sur ce pactole. Le préfet ne peut ignorer les alertes de la Direction centrale de la police judiciaire sur les dérives mafieuses dans le secteur des déchets", fustige-t-il dans un communiqué, en référence au fait que ce plan Déchets laissera la part belle aux opérateurs privés.

Ecologia Sulidaria demande en définitive "la mise en oeuvre d'un plan d'action immédiat pour organiser efficacement le tri à la source, notamment la collecte des biodéchets."  En 2022, selon l'ODEM de la Corse, 28 % de la population disposait d’une solution de compostage, ce qui a permis de détourner 4 737 tonnes de biodéchets (lesquels constituent, à l'échelle de l'Union européenne, 34% des déchets dits municipaux, autrement dit collectés par ou pour les municipalités). Et en ce qui concerne la collecte sélective, la part des biodéchets s'est élevée à 3 499 tonnes en Corse, ce qui représente une hausse de 3% par rapport à 2021.