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Plages de Saleccia et du Lotu : pas encore de quotas mais des mesures de gestion renforcées


le Dimanche 18 Juin 2023 à 17:12

Si aucun quota ne sera pris pour accéder à ces deux sites idylliques cette année, des mesures de gestion déjà en place depuis l'année dernière y seront renforcées. En outre, du côté de Saleccia, l’ouverture d’une nouvelle piste pour les véhicules à moteur et la création d’un parking de 200 places devraient permettre de limiter les flux



Des mesures de gestion renforcées pour l’accès aux plages de Saleccia et du Lotu
Des mesures de gestion renforcées pour l’accès aux plages de Saleccia et du Lotu
Leurs eaux turquoise attirent des milliers de visiteurs. Mais leurs décors de rêve n’en restent pour autant pas moins fragiles. Chaque été, les plages de Saleccia et du Lotu sont soumises à une pression humaine importante. Une fréquentation croissante qui met en péril les écosystèmes qu’abritent ces lieux encore sauvages.
Lors de son conseil de gestion du 28 novembre dernier, le Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l’Agriate présentait d’ailleurs une étude venant constater cette tendance inquiétante.  « Le conseil de gestion a pris la décision à l’unanimité que le Parc devait s’emparer de cette problématique et a demandé à son équipe de plancher sur le sujet pour arriver à la saison 2023 avec des mesures de gestion, voire des mesures réglementaires », était-il alors annoncé.
À l’aube de la saison estivale, qu’en est-il aujourd’hui ?
 

« Pour cet été, il n’y a pas encore d’identification de quotas », indique Anne-Laure Santucci, la vice-présidente du Parc Naturel Marin en annonçant toutefois que les premières mesures de gestion prises lors de la saison 2022 seront renforcées. « L’année dernière, un chenal a été mis en place à Saleccia pour permettre de réguler l’arrivée des bateaux de façon à protéger les nageurs », rappelle-t-elle, « Ce balisage est un premier point important car cela permet de sortir de l’anarchie et au public de profiter de cet espace en toute sécurité, car jusqu’ici la zone de baignade n’était pas identifiée ». En outre, elle pointe le fait que les bateliers n’ayant pas de convention, et notamment les « taxi boats », n’ont pas l’autorisation de s’amarrer au ponton du Lotu. « Il y a une volonté réelle de faire appliquer la loi », martèle-t-elle. « Désormais ceux qui s’accrocheront au le ponton seront verbalisés. Il y aura également une verbalisation assez importante pour tous ceux qui ne suivent pas la réglementation et ont tendance à privatiser le chenal de Saleccia et à demander aux particuliers d’aller utiliser un autre chemin un peu plus loin. Tout cela c’est terminé », détaille-t-elle en précisant que tous les acteurs, aussi bien issus des rangs des services de l’État que les agents du parc assermentés en termes de police de l’environnement, « seront présents sur le terrain pour mettre une pression importante sur l’usage et l’utilisation de ce chenal ». 

Des quotas mis en place en 2024?

« Cela va permettre de commencer à réguler un certain nombre d’activités et de continuer à avoir une identification précise du nombre de bateliers et de taxi boats qui utilisent cet espace », affirme la vice-présidente du Parc Naturel Marin. Elle souligne par ailleurs que des discussions menées avec les socio-professionnels ont permis d’arriver à une « vraie prise de conscience des conséquences de la suractivité ».
« Après, il faudra une mise en œuvre opérationnelle de celle-ci », reprend-elle, « Nous verrons bien cet été si cela est le cas, si les acteurs économiques du territoire ont des comportements plus vertueux, tiennent compte des règlements importants pour la sécurité des usagers et pour la pérennité de cet espace sauvage ». À l’issue de cette saison estivale, elle annonce « qu’au-delà des potentielles verbalisations, des conclusions seront tirées sur la nécessité de la mise en place de quotas » pour l’avenir.

En attendant, l’accès à la plage de Saleccia par la terre sera, d’ores et déjà, limité. Uniquement praticable par des véhicules 4x4 jusqu’ici, la piste partant du hameau de Casta vient en effet d’être réaménagée et devrait ouvrir dans le courant de la semaine prochaine, après la fin des travaux lancés début 2021 par le Conservatoire du littoral. Afin de limiter le stationnement, souvent anarchique, au bout de ce chemin, un parking d’environ 200 places a par ailleurs été créé et sera ouvert de 8h30 à 18 heures, impliquant une redevance à hauteur de 6 euros pour les voitures, 3 euros pour les motos et 4€50 pour les socio-professionnels.« Il y aura à l’entrée de la piste un point d’information mis en place par la commune de Santo Pietro di Tenda, avec des agents communaux saisonniers. Quand le parking sera complet on ne pourra plus descendre sur la plage de Saleccia avec un véhicule », dévoile Anne-Laure Santucci notant que ces aménagements permettront de facto de contrôler les flux. L’aboutissement d’un projet d’aménagement entrepris de longue date par les différents acteurs impliqués dans la préservation du site que sont la Collectivité de Corse (CdC), le Conservatoire du littoral, et la commune.  

Un chemin de randonnée pour redécouvrir le chemin de Saleccia et ses trésors

Au-delà de cette piste, le Conservatoire du littoral s’astreint également à terminer l’aménagement d’un sentier de randonnée sur l’ancien chemin menant de Casta à Saleccia. Débutés il y a un an et demi, ces travaux qui devraient se poursuivre jusqu’à fin 2024 ont nécessité un investissement important de plus d’1 million d’euros de la CdC. Un gros chantier au sein duquel des entreprises locales travaillent notamment sur la réhabilitation de murs en pierres sèches.
 
« Ce chemin pédestre pourra un peu désengorger l’accès véhicules, même si on sait que ce ne sont pas les mêmes publics qui sont concernés », estime la vice-présidente du Parc Naturel Marin, en insistant sur la nécessité de créer une voie douce pour accéder de façon pédestre à l’idyllique plage de Saleccia. « Le chemin de randonnée va être un lieu magnifique aussi. Comme tous les Corses le savent, les Agriate ne sont pas un désert, puisqu’il y avait une occupation agraire importante et la marque de l’homme est toujours visible. Cela permettra aussi aux étrangers à cet espace de découvrir un mode de vie et d’occupation d’un espace agricole important pour la Corse », souffle-t-elle encore.