
L’État a voulu faire une belle opération de communication : "Déposons les armes", comme un appel à la paix, comme un geste républicain vers une société apaisée. Très bien. Sauf qu’en lisant les petites lignes de cette campagne de "désarmement citoyen", on découvre que la cible est... exclusivement corse. Comme si les Kalachnikovs se cachaient seulement derrière les muretti et les fusils de chasse au fond des paghjaghji. Comme si les armes, les vraies, les sales, celles qui tuent tous les jours ne circulaient pas ailleurs, dans les cités, les caves, les banlieues ou même les beaux quartiers, pour peu qu’on ait les bons amis ou les bons ennemis.
Ici, en Corse, on nous demande gentiment de venir déposer, sans contrôle ni poursuite, tout ce qui fait "peur"." Fusils de guerre, pistolets automatiques, revolvers d’héritage... même la pétoire de babbò, rouillée depuis Napoléon III, est invitée à rejoindre le giron de la République désarmée. Le tout sans poser de questions. Et surtout : sans les poser ailleurs.
Parce qu’ailleurs, on tire à balles réelles. À Marseille, on aligne les homicides comme on aligne les pigeons sur les fils électriques. À Nanterre, à Lyon, à Toulouse, les statistiques des fusillades ont remplacé celles du chômage dans les colonnes des journaux. Mais, bizarrement, l’opération "Déposons les armes" n’y a pas franchi la moindre barrière de péage. Ce n’est pas qu'on veuille faire de la géographie de la violence ni cautionner les homicides horribles des dernières semaines, mais si la Corse a ses graves problèmes, elle n’a pas le monopole du bruit des balles.
Alors oui, les Corses ne rendent pas les armes. Pas parce qu’ils sont particulièrement hostiles, belliqueux ou fétichistes des calibres. Mais peut-être parce qu’ils ne veulent pas être les seuls à rendre les comptes d’un désarmement sélectif. Parce qu’ils ont senti l’odeur d’une énième opération symbolique où la montagne cache la forêt… de stigmatisation.
Dans cette affaire, ce n’est pas tant le métal des armes qu’il faut déposer que les clichés qui pèsent lourd. Si l’État veut désarmer, très bien. Et c'est de bonne guerre. Mais qu’il commence par appliquer ses grands principes de justice, d’égalité et de cohérence. Car la paix ne se décrète pas avec des campagnes ciblées. Elle se construit avec de la confiance. Et pour l’instant, cette dernière semble, elle aussi, avoir disparu sans laisser… d’armes !
Ici, en Corse, on nous demande gentiment de venir déposer, sans contrôle ni poursuite, tout ce qui fait "peur"." Fusils de guerre, pistolets automatiques, revolvers d’héritage... même la pétoire de babbò, rouillée depuis Napoléon III, est invitée à rejoindre le giron de la République désarmée. Le tout sans poser de questions. Et surtout : sans les poser ailleurs.
Parce qu’ailleurs, on tire à balles réelles. À Marseille, on aligne les homicides comme on aligne les pigeons sur les fils électriques. À Nanterre, à Lyon, à Toulouse, les statistiques des fusillades ont remplacé celles du chômage dans les colonnes des journaux. Mais, bizarrement, l’opération "Déposons les armes" n’y a pas franchi la moindre barrière de péage. Ce n’est pas qu'on veuille faire de la géographie de la violence ni cautionner les homicides horribles des dernières semaines, mais si la Corse a ses graves problèmes, elle n’a pas le monopole du bruit des balles.
Alors oui, les Corses ne rendent pas les armes. Pas parce qu’ils sont particulièrement hostiles, belliqueux ou fétichistes des calibres. Mais peut-être parce qu’ils ne veulent pas être les seuls à rendre les comptes d’un désarmement sélectif. Parce qu’ils ont senti l’odeur d’une énième opération symbolique où la montagne cache la forêt… de stigmatisation.
Dans cette affaire, ce n’est pas tant le métal des armes qu’il faut déposer que les clichés qui pèsent lourd. Si l’État veut désarmer, très bien. Et c'est de bonne guerre. Mais qu’il commence par appliquer ses grands principes de justice, d’égalité et de cohérence. Car la paix ne se décrète pas avec des campagnes ciblées. Elle se construit avec de la confiance. Et pour l’instant, cette dernière semble, elle aussi, avoir disparu sans laisser… d’armes !
