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Ortiporiu : 37 morts dans une avalanche dans la nuit du 3 au 4 Février 1934


le Mercredi 4 Février 2015 à 00:17

L’avalanche s’est produite dans la nuit du 3 au 4 février 1934, à 3 h 20. Elle a suivi le ruisseau de Prunelli, franchi la route départementale, pour finir sa course en contrebas de la chapelle San Michele, qui a été épargnée. Sur son passage, elle a emporté 8 maisons dans lesquelles 37 habitants, surpris dans leur sommeil, sont morts. En 2008 l'Association pour l'information sur les risques d'avalanches urbaines et leur Prévention avait, à partir des données de l'Anema (Association nationale pour l'étude de la neige et des avalanches), consacré un numéro spécial à cette tragédie que nul n'a oublié à Ortiporiu.



Ortiporiu : 37 morts dans une avalanche dans la nuit du 3 au 4 Février 1934

Les dizaines de sommets qui dépassent les 2 000 m, et un point culminant à 2 706 m (au Monte Cintu), donnent à la dorsale axée Nord-Ouest/Sud-Est de la Corse un caractère de haute montagne, propice aux avalanches. La déclivité des pentes des massifs  montagneux est forte, avec, l’hiver, un enneigement de novembre à mai.

Le village d’Ortiporiu n’est pas a priori le plus menacé. En effet, il a une altitude proche des 570 m de la moyenne régionale, et il est dominé par une crête qui dépasse tout juste les 1 000 m. À cette altitude sous un climat méditerranéen, les avalanches sont rares.

Toutefois, lorsqu’une situation de mauvais temps particulière appelée « retour d’Est » (ou de Nord-Est) affecte la Castagniccia, les conditions météorologiques jouent un rôle clé  dans la survenue d’avalanches : les chutes de neige se font parfois en abondance en peu de temps (48 à 72 heures), ce qui empêche ces énormes masses de neige fraîche de trouver le temps de se stabiliser. Il n’est alors pas rare que les villages soient isolés. Ainsi, au-dessus d’Ortiporio, les pentes fortes et orientées à l’est peuvent se charger de grosses quantités de neige en seulement deux ou trois jours.

 

 

Début février 1934, c’est ce qui s’est produit : d’après les observations, 3 à 5 m de neige se sont accumulés en trois jours.

L’avalanche s’est produite dans la nuit du 3 au 4 février, à 3 h 20. Elle a suivi le ruisseau de Prunelli, franchi la route départementale, pour finir sa course en contrebas de la chapelle San Michele, qui a été épargnée. Sur son passage, elle a emporté 8 maisons dans lesquelles 37 habitants, surpris dans leur sommeil,sont morts. La cause du déclenchement, avancée par des témoignages et dans la presse, serait que l’avalanche aurait été déclenchée soit par un rocher déstabilisé, soit par « un châtaignier séculaire battu par la foudre et qui aurait servi de noyau central à une monstrueuse boule de neige ».
Aujourd’hui, ces raisons avancées ne semblent pas les plus probables, même si celle de la déstabilisation d’un rocher par la poussée vers l’aval de ces énormes quantités de neige accumulées dans la pente reste possible. En effet, la simple accumulation dans des pentes raides d’une aussi grande quantité de neige en si peu de temps explique à elle seule le départ de l’avalanche, de type « neige récente sèche » au vu des températures négatives qui régnaient à cette période-là jusqu’à très basse altitude. Une telle masse de neige qui dévale une pente raide a une force largement suffisante pour déraciner des arbres, même séculaires, ou un gros rocher, ce qui était, il est vrai, difficilement concevable pour les gens à l’époque. Les débris que l’on retrouve dans de telles  avalanches sont ainsi plus le signe de leur grande force de destruction que des indices de cause de déclenchement. La présence d’arbres et de matériaux de construction dans l’avalanche a par ailleurs certainement été un facteur aggravant de destruction des maisons lors de l’impact. 

 

Comparée aux autres avalanches particulièrement meurtrières durant les cent dernières années en France, celle de 1934 à Ortiporiu fait partie des plus importantes.

Au vu des journaux de l’époque, le nombre réel de victimes apparaît incertain.

Il pourrait avoir été de 41, et non de 37 officiellement admis. Dans ce cas, il dépasserait celui de la catastrophe de Val d’Isère en février 1970 (39 morts), et ferait de l’avalanche d’Ortiporio de février 1934 la plus meurtrière en France de ces cent, et même deux cents, dernières années.