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Moltifau : Les positions de Zeru Frazu et Core in Fronte


le Mercredi 18 Avril 2018 à 22:29



Zeru Frazu
Un projet de centre de stockage de déchets à Moltifau a été dévoilé par les médias locaux. L’association Zeru Frazu s’étonne et s’interroge Sur la méthode pratiquée par les décideurs
La volonté de "travailler sans communiquer" entraîne suspicion et méfiance. Alors que le dossier "déchets" est une préoccupation majeure de la société civile, il devrait être traité en concertation avec elle. Ce n'est pas uniquement le problème de l’État (DREAL), de l’exécutif de la Corse, de l’Office de l’Environnement (OEC) et du Syvadec mais notre problème à tous.


Sur le fond
Pourquoi nos décideurs sont-ils en quête permanente de sites d’enfouissement ?
Pourquoi depuis 10 ans, un véritable tri à la source, n'a-t-il pas été organisé pour valoriser tout ce qui peut l’être par recyclage et compostage ?


Le constat
La Corse ne recycle au mieux que 20 % de ses déchets ménagers et assimilées (DMA), en incluant les encombrants et autres apports en déchèteries.
En général et surtout en milieu urbain l’organisation du tri est très insuffisante et l’apport volontaire ne marche pas. Seules des personnes motivées trient une partie des déchets valorisables. Les biodéchets humides et lourds (plus du tiers du poids de la poubelle) ne sont pas collectés ni traités séparément : pourtant ce sont eux qui, mélangés au reste des déchets, les souillent et génèrent les nuisances et pollutions des décharges.

Les tonnages transportés à l’enfouissement ne baissent pas ou très peu.
Le protocole de 2015 établi, lors de la première crise à la fermeture de Tallone, entre l’État, le Syvadec et toutes les communautés de communes et d’agglomérations n’a pas été respecté par la majeure partie des signataires. Extrait du protocole : « Engagement formel de l’ensemble des collectivités assurant la compétence collecte, à mettre en œuvre immédiatement des mesures de détournement et de tri des déchets fermentescibles, et des mesures fortes et durables permettant de réduire de moitié les tonnages à enfouir d’ici 2020 »
La gestion actuelle des sites d’enfouissement, même améliorée, pose toujours les mêmes problèmes : fermentation, dégagement de gaz à effet de serre, odeurs, présence de déchets dangereux, risques de pollution à plus ou moins long terme.
Malgré la gravité de la situation et l’urgence, le Syvadec chargé du traitement des déchets n’a pas mis en place sur le territoire de véritable filière de proximité de valorisation organique pour le compostage des déchets fermentescibles des professionnels et des ménages (biodéchets).


Les projets pour la Corse
• Création de deux usines de tri mixtes : pour trier des déchets secs de collectes sélectives, mais aussi pour trier a posteriori les ordures ménagères brutes en mélange. Ce procédé, que l’on n’ose plus appeler TMB, Tri Mécano Biologique, en raison des très mauvais retours d’expérience et des faibles taux de valorisation de matières à recycler, a été jugé non conforme à la LTECV, Loi de transition énergétique du 17 août 2015.

• Recherche de sites d’enfouissement pour ce qui va sortir des usines : du compost pollué inutilisable, des déchets solides souillés non recyclables, dont quelques métaux sont extraits.


Les solutions, qui font leurs preuves
Seul le tri à la source, avec collecte séparée de toutes les catégories, surtout les biodéchets, donne rapidement de très bons taux de valorisation et entraîne la diminution de l’enfouissement.
Des collectivités corses se sont engagées dans cette voie et obtiennent immédiatement des résultats significatifs, par exemple Calvi Balagne, Fium’Orbu Castellu. C’est donc possible, même chez nous !
Rappelons d’ailleurs la LTECV qui exige la réduction des déchets, le recyclage de 65% de ceux-ci d’ici 2025, la généralisation de la collecte séparée des biodéchets, la tarification incitative, la réduction de la mise en décharge.


La position de Zeru Frazu
La fuite en avant vers la recherche de mauvaises solutions une fois que tous les déchets ont été mélangés ne donne rien de bon. L’utilisation d’« usines magiques » de TMB coûteuses et fragiles valorise a minima. Ces installations ont besoin de tonnages pour des questions de rentabilité, mettent en péril le tri à la source et exposent au risque de perpétuation de l’enfouissement et du retour à l’incinération à travers la production de combustibles solides de récupération, les CSR.

La Corse a des marges de progrès colossales pour réduire ses déchets à enfouir. Ce n’est que lorsque la « hiérarchie des modes de traitement » (qui commence par la prévention, la réduction de la quantité et de la nocivité des déchets, le recyclage, la valorisation des déchets organiques par retour au sol) sera enfin engagée concrètement sur le terrain, qu’une réflexion pour de nouveaux sites d’enfouissement sera audible.

Zeru Frazu appelle par conséquent les acteurs de tous les échelons territoriaux à mettre en œuvre d’urgence la gestion préconisée par la démarche zéro déchet qui permet aux citoyens de tenir leur rôle en faisant le tri, avant de songer à des installations ruineuses, polluantes et court-termistes.

Core in Fronte
La section “Valle Di Golu" de Core In Fronte s’oppose a la creation d'un centre d'enfouissement des déchets a Moltifau. en pleine zone du Parc Regional et a proximité de  la riviére Tartaghjine dont les sources constituent des reserves en eau potable pour plusieurs villages de la micro-region.

La Corse produit annuellement 180000 tonnes de déchets par an. Compte tenu des capacités administratives actuelles des sites d'enfouissements de Tallone. Vicu, Vighjanellu et Prunelli, nous avons un surplus annuel de 50 000 tonnes soit la capacité d'accueil
envisage'e pour Moltifau.

ll n'est pas concevable que le rural devienne le receptacle exclusif des poubelles des grands bassins de vie d'Aiacciu et Bastia, a qui on ne demande pas d'avoir leurs propres exutoires.
Plus généralement, nous rappelons a I'Etat, au Syvadec et a I'Office de l'Environnement que la politique du tout enfouissement ne constitue nullement la solution au traitement des déchets, 5an a faire la part belle. une nouvelle fois. a des opérateurs privés généralement peu regardant sur l'écologie.

En attendant la mise en application des "nouvelles bonnes intentions", formulées hier par des pouvoirs publics, nous demandons que la Corse exporte ses surplus de déchets vers des centres européens habilités.