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Michel Stefani et la SNCM : "Après les offres médiocres, revenir à la continuité"


le Dimanche 26 Avril 2015 à 18:15

"Le tribunal de commerce de Marseille n’a pas examiné les offres de reprise de la SNCM. Ce choix n’est pas anodin dans la période d’observation du redressement judiciaire. Les torpilleurs libéraux et low cost en sont pour leurs frais. La chronique du naufrage annoncé n’en est pas à son épilogue" estime Michel Stefani, secrétaire de la fédération du PC de Haute-Corse dans une tribune adressée avant les derniers rebondissements opposant administrateurs judiciaires et actionnaires…



Michel Stefani et la SNCM : "Après les offres médiocres, revenir à la continuité"

Car effectivement les six premiers mois de redressement judiciaire démontrent que ce scénario ne repose que sur le mensonge. Mensonge sur la situation économique de la compagnie, sur la transmissibilité de la DSP, sur l’abandon des amendes antiservice public réclamées par la Commission européenne, telle est la vérité. Cette attitude, méprisante pour les salariés et leurs familles, reposait sur une supercherie montée de toute pièce dans les bureaux du Premier ministre où il s’est dit que le dépôt de bilan devait être une formalité « technique » pour obtenir, dans la « discontinuité », la bonne compréhension de l’Europe.


Malgré cet acharnement, inspiré par la logique low cost et qui aurait dû plomber les réservations, il se trouve que la SNCM dispose encore d’une trésorerie suffisante pour passer plusieurs mois notamment la saison estivale. C’est un coup dur pour le concurrent low cost Corsica Ferries France et les repreneurs dont les offres éclairent le côté scandaleux de cette manœuvre de sabordage du service public. La volonté de l’Exécutif de la CTC, confirmée dans l’annonce faite le cinq mars, de suspendre les versements mensuels de la compensation financière dus au titre de l’exécution de la convention de DSP, ne devait ainsi rien au hasard même si depuis le 28 novembre 2014 et l’émission du titre en recouvrement de l’amende européenne personne ne se faisait plus d’illusion sur ses intentions. 


Surtout pas les organisations syndicales qui, à l’issue du comité d’entreprise, ont voté unanimement trois motions de défiance à l’égard des trois repreneurs appelés à détailler devant cette instance représentative des personnels leurs offres. Ni Christian Garin de la société Med Partners, ni Daniel Berrebi pour Baja Ferries, ni Patrick Rocca patron du groupe éponyme, n'ont réussi à convaincre. "Leurs offres ne comportent aucune garantie pour l'emploi" et surtout aucune garantie pour l'avenir du service public ont indiqué les syndicalistes.


Les administrateurs judiciaires ont enfoncé le clou, quelques heures plus tard, en parlant "d'offres médiocres" dont ils ont souligné la faiblesse financière par le manque de fonds propres et l'existence de conditions suspensives. Ici on en revient à la Commission Européenne qui n'a pas répondu aux interrogations notamment la levée des amendes à hauteur de 440 millions d'euros et la transmissibilité de la DSP. A cela s’ajoute l’attitude de l'actionnaire principal Transdev qui, outre son comportement déloyal, se montre récalcitrant au financement du « plan de sauvegarde de l'emploi ». Face à ces constats accablants, le tribunal de commerce a décidé de ne pas examiner les offres. Il a eu raison mais ce choix ne doit pas se transformer en une fuite en avant vers la liquidation.


Le procureur, semble avoir pris la juste mesure des choses en tenant compte du fait que la SNCM dispose d'une trésorerie suffisante pour prolonger la période d'observation de six mois jusqu'en septembre. Cela permettrait de passer la saison estivale sous la protection du juge et de s’orienter vers une solution impliquant l’Etat et la CDC. Celle-ci est d’autant plus évidente dans ce contexte qu’une nouvelle procédure d’appel d’offres ou reviendraient les candidats actuels discrédités n’aurait aucune crédibilité. Par conséquent, il faut passer de « la discontinuité » qui est une mystification, à « la continuité » qui est une garantie pour l’avenir de la compagnie et celui de la continuité territoriale de service public.