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Météo : en Corse l'été sera "très chaud"


Julia Sereni le Samedi 18 Juin 2022 à 10:05

Alors qu’une vague de chaleur précoce touche le pays, la Corse n’est, pour l’heure, pas concernée par la canicule. Néanmoins, l’île enregistre des températures supérieures aux normales saisonnières. Selon les prévisions de Météo-France, l’été sera « très chaud ».



Archives CNI
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Une vague de chaleur « exceptionnelle par sa précocité et son intensité », selon Météo-France, frappe une partie du pays depuis ce mercredi 15 juin. « C’est une dépression à l’Ouest du Portugal qui génère un flux très chaud, issu des masses d’air du Maghreb, et qui l’amène jusque dans le Nord de la France », explique Patrick Rébillout, directeur du centre Météo-France d'Ajaccio.
 
La Corse est épargnée par ce panache de chaleur, étant donné la position de cette dépression. Il n’empêche, sur l’île, le mercure grimpe également. Et ce, depuis un moment. « Si l’on regarde depuis le 1er juin, la température moyenne sur la Corse est de quatre degrés au-dessus des normales pour un mois de juin », constate le spécialiste.

Plus chaud qu’en 2003, année de la canicule

Le littoral de l’île est davantage concerné par ces fortes chaleurs que l’intérieur des terres. Météo-France relève des températures supérieures aux normales saisonnières « de quatre à six degrés sur le sud-ouest de l’île, le golfe de Sagone, d’Ajaccio ». Du côté de la plaine orientale, on constate des températures « trois à quatre degrés au-dessus ». L’intérieur semble davantage préservé, puisque le thermomètre ne grimpe, en moyenne, que de « deux degrés » de plus par rapport à la normale.
 
Preuve que la chaleur est particulièrement importante cette année : la température moyenne constatée sur la Corse pour ce mois de juin est supérieure à celle observée au moment de la canicule de 2003. « Si nous ne sommes pas dans un pic de chaleur qui entraine une canicule sur le continent, nous sommes bien dans un climat très chaud », résume Patrick Rébillout.
 
Vague de chaleur, canicule, quelle est la différence ? « Nous avons des indicateurs thermiques pour définir une canicule, et ils ne sont pas atteints, ni en maximales, ni en minimales, et ils ne seront probablement pas atteints la semaine prochaine non plus », indique le météorologiste. Pour les quinze prochains jours, les températures seront toutefois supérieures à la normale « de cinq à sept degrés selon les micro-régions ».

Sécheresse et chaleur pour cet été

Et cela devrait se poursuivre cet été. Les prévisions saisonnières tablent sur « un scénario chaud très probable » pour la Méditerranée, et notamment la Corse. « Au vu de ce que nous constatons sur les températures de juin et les prévisions de juillet, août, on reste dans un climat chaud », annonce le directeur de Météo France Ajaccio. S’il n’est pas possible de prévoir véritablement une canicule, les prévisions repèrent toutefois « des conditions de circulation atmosphérique envisagées favorables à des épisodes de canicule ». « Ce qu’on peut dire, c’est qu’on va avoir un été très chaud », assure Patrick Rébillout.
 
Circonstance aggravante, l’état de sécheresse du sol, très marqué notamment sur le littoral. « Au 16 juin, nous avons un indice d’humidité du sol proche des records de 2017, et qui correspond à des indices rencontrés, une année normale, vers le 20 juillet. C’est un état critique », s’alarme le météorologiste. Dans ce contexte, si des canicules devaient se produire, elles seraient « plus sévères ».

En cause : le changement climatique

Ces phénomènes de canicules sont liés au réchauffement climatique. « C’est un fait avéré. Si on a des relations moins évidentes sur les précipitations ou la sécheresse, les épisodes caniculaires ont un lien évident : pour un degré de réchauffement dans les terres constaté, ils ont été multipliés par deux. Ils sont complètement à relier au changement climatique », analyse Patrick Rébillout.
 
À l’avenir, il faut donc s’attendre à voir ce type de phénomènes se multiplier. « Il est quasiment certain que le nombre de jours chauds et de nuits chaudes, ainsi que la durée, la fréquence et/ou l'intensité des périodes chaudes ou des vagues de chaleur, par rapport à la période 1995-2014, augmenteront dans la plupart des régions terrestres », affirmait sur son compte Twitter Christophe Cassou, climatologue et auteur principal du sixième rapport du GIEC, le 12 juin dernier. Avant d'interroger l'opinion publique : « Combien de vagues de chaleur faudra t-il encore pour comprendre/agir à la hauteur [de l'enjeu] ? ».