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Me Antoine Sollacaro tué par balles


le Mardi 16 Octobre 2012 à 19:21

Le célèbre avocat ajaccien et ancien bâtonnier du barreau d’Ajaccio qui avait notamment défendu Yvan Colonna, a été abattu de plusieurs balles mardi vers 9 heures au volant de sa voiture par deux individus à moto devant la station service Total du début de la route des Sanguinaires à Ajaccio. Rapidement sur place, les services de police ont déployé un important dispositif de sécurité afin de protéger la scène de crime et laisser travailler les experts de la police scientifique. Pour l’heure, les tireurs sont toujours activement recherchés par la police et aucune piste particulière n’est privilégiée par les enquêteurs.



Me Antoine Sollacaro tué par balles

L’information est tombée en début de matinée et a suscité la consternation dans la cité impériale. Me Antoine Sollacaro, le célèbre avocat Ajaccien et ancien bâtonnier du barreau d’Ajaccio (qui avait notamment été l’un des défenseurs d’Yvan Colonna lors des procès du berger de Cargèse), a été abattu de 3 balles dont 2 dans la tête et une dans la poitrine, par 2 tireurs circulant à moto, alors qu’il se trouvait dans son véhicule à l’entrée de la station-service Total du début de la route des Sanguinaires.

Rapidement sur place, la police judiciaire, les fonctionnaires de la sécurité publique d’Ajaccio et plusieurs CRS ont déployé un important périmètre de sécurité afin de bloquer l’accès et geler la scène de crime. Puis ils ont procédé aux premières constatations avant de laisser la place aux techniciens de la police scientifique également présents sur place.

 

Une dizaine de douilles de calibre 11.43 retrouvées sur place

Sur place, une bâche bleue a été tendue devant le véhicule afin de protéger la dépouille de MeSollacaro et permettre aux agents de la Police technique et scientifique de procéder aux premières constatations sur la scène du crime.

L’avocat Ajaccien aurait été tué sur le coup de trois balles tirées dans la tête et environ une dizaine de douilles de calibre 11.43 auraient été retrouvées sur place.

C’est vers 11h20 qu’un fourgon mortuaire est arrivé sur les lieux pour procéder autransfert du corps de l’avocat Ajaccien. Une dizaine de minutes plus tard, le fourgon a rapidement quitté les lieux et les techniciens de police scientifique ont retiré la bâche qui masquait la scène de crime. Le véhicule de Maitre Sollacaro, une puissante voiture de sport noire, est quant à lui demeuré sur place pour permettre aux enquêteurs de procéder aux perquisitions d’usage. Pour l’heure, les tireurs sont toujours activement recherchés par les services de police.

 

Aucune piste particulière n’est privilégiée pour l’instant

Jean-François Lelièvre, coordonnateur des services de sécurité intérieure, s’est rendu sur place à l’instar du maire d’Ajaccio Simon Renucci et du préfet de la Corse-du-Sud Patrick Strzoda. Mais aucune information supplémentaire n’a été fournie. Le procureur de la République d’Ajaccio Xavier Bonhomme en déplacement à Paris, devrait tenir à son retour à Ajaccio dans l’après-midi une conférence de presse. Pour l’heure, aucune piste particulière n’est privilégiée par les enquêteurs et les motifs de l’assassinat de cette figure importante du barreau d’Ajaccio demeurent flous.

 

La population Ajaccienne sous le choc

Aux abords de la station-service, de nombreux badauds qui venaient d’apprendre la nouvelle par les médias s’étaient massés afin de tenter de comprendre ce qu’il se passait. Interrogés sur les faits, certains étaient consternés, sans voix. D’autres se disaient tristes, voire en colère de voir une nouvelle fois une telle violence exploser sans crier gare. « Il faut que cette spirale infernale cesse maintenant ! Presque chaque jour un meurtre a lieu et endeuille une famille. Avà Basta ! » confiait Lucienne, une riveraine encore sous le choc et que nous avons interrogée. Ce nouvel assassinat monte à 15 le nombre de morts violentes depuis le début de l’année dans notre île. 
Y.-C. GARCIA


 Manuel Valls : "Quand la robe de l’avocat est attaquée, c’est un des symboles de l’Etat de droit qui est mis en cause "

Manuel Valls, ministre de l'Intérieur a réagi de la sorte après les morts violentes de Jean Do Simonetti-Allegrini et Me Antoine Sollacaro. "Deux nouvelles victimes sont venues s’ajouter ce matin à la trop longue liste des morts par armes à feu qui endeuillent la Corse. Quand la robe de l’avocat est attaquée, c’est un des symboles de l’Etat de droit qui est mis en cause. Face à une telle violence, je veux dire aux habitants de la Corse que le combat pour leur sécurité est mené avec la plus grande résolution. L’Etat, qui n’oublie pas le prix cruel qu’ont pu payer ses représentants, est totalement mobilisé pour garantir la tranquillité publique et la fin des violences si fortement souhaitées par l’immense majorité des citoyens dans l’île."

D'autres réactions d'indignation
De nombreuses réactions sont intervenues dès que la nouvelle de l’assassinat de Maitre Antoine Sollacaro a été connue :  
- Maitre Patrick Maisonneuve s’est déclaré « abasourdi » par l’assassinat de son confrère avec lequel il avait défendu Yvan Colonna. Il a également estimé « qu’en assassinant un avocat, on passe un palier et les limites ont été franchies. Je suis atterré, mes pensées vont à sa femme et ses enfants" a-t-il confié à l’instar de Maître Philippe Dehapiot : « Je viens d'apprendre la mort d'un ami. Je pense à sa femme et à son fils ».  
- Le député-maire d’Ajaccio Simon Renucci s’est déclaré « effondré » : «Je condamne avec la plus grande fermeté cet assassinat. En s’attaquant à un avocat, c’est à la présomption d’innocence que l’on s'en prend et c’est intolérable» a-t-il affirmé.  
- Laurent Marcangeli, député UMP de la Corse-du-Sud s’est également déclaré atterré devant les caméras de nos confrères de BFMTV  « on a tué un avocat, un pénaliste, un homme de bien, je me pose la question jusqu’où irons nous ?  
- Sauveur Gandolfi-Scheit, député-maire de Biguglia : « Nous sommes en proie à une escalade meurtrière sans fin qui vient de frapper deux nouvelles familles insulaires. Je connaissais depuis longtemps Maître Sollacaro qui était un avocat de grande valeur et un homme de conviction. C’était un des symboles de la justice dans notre île et à ce titre son assassinat contribue un peu plus à la ruine morale de la Corse. La violence qui se déchaine dans plusieurs microrégions n’épargne plus rien ni personne. Tous les démocrates et les personnes de bonne volonté doivent se retrouver aujourd’hui autour de nos valeurs communes pour dénoncer ces crimes et réclamer une forte intervention des pouvoirs publics, qui sont seuls capables d’apporter une réponse d’ampleur à cette dérive mortifère. Je tiens pour ma part à présenter aux familles qui sont aujourd’hui endeuillées, mes sincères condoléances ».  
- La ligue des droits de l'Homme : "Ce mardi 16 octobre 2012 est un jour de deuil pour la Ligue des droits de l'Homme. Antoine Sollacaro, formidable avocat et militant de la LDH, a été brutalement assassiné en Corse. Il complète ainsi la triste liste des morts sur cette île, qui n'en peut plus. Quinze morts depuis le début de l’année. La LDH s'honorait de compter, dans ses rangs, un homme dont la véhémence exprimait avant tout sa révolte contre toute forme d’injustice. Cet assassinat démontre à l'évidence que la Corse vit sous un droit d’exception permanent, sans que cela ait changé quelque chose à ce qui y défigure la République. Ce n’est certes pas de l’inaction de l’État dont il faut se plaindre, en l’occurrence, mais de son incompétence. Il revient, en ces heures douloureuses, de se tourner vers la société corse, et de rappeler que l’exercice de la citoyenneté n’est pas de la seule responsabilité de l’Etat, mais de celle de la société elle-même. La Ligue des droits de l'Homme, dans son ensemble, est profondément meurtrie par la mort d'Antoine Sollacaro. Elle perd un militant chevronné et emblématique, et les droits perdent un de ses acteurs défenseurs essentiels. Elle attend et espère que toute la diligence sera de mise pour retrouver les assassins."  
- Le conseil national des barreaux : " Le Conseil national des barreaux, représentant la profession d'avocat, apprend avec douleur et consternation l'assassinat de son confrère Antoine Sollacaro ce 16 octobre 2012. Avocat talentueux et unanimement salué pour ses compétences, il avait été bâtonnier du Barreau d'Ajaccio en 1998 et 1999.  Derrière ses prises de positions parfois médiatiques mais toujours courageuses, se dressait une âme d'avocat généreuse et flamboyante.  Le Conseil national des barreaux adresse à sa famille et à son fils Paul, notre confrère, ses plus sincères condoléances."  
Les avocats Corses de  Paris ont également condamné vivement cet assassinat évoqué leur tristesse.