
Les présidents et représentants des intercommunalités du Grand Bastia ont participé ce lundi à un conseil communautaire extraordinaire. Cette rencontre, dirigée par Louis Pozzo di Borgo, président de la Communauté d’Agglomération de Bastia, a permis de présenter deux études stratégiques sur la CAB et ses trois communautés de communes limitrophes de Marana-Golo, du Nebbiu-Conca d’Oro et du Cap Corse. Baptisées “Circondu”, ces études portent sur deux points stratégiques : une analyse territoriale et une analyse financière et fiscale des intercommunalités. L’objectif, pour les intercommunalités, est d’unir leurs forces pour travailler ensemble sur des sujets communs. Louis Pozzo di Borgo a d’ailleurs annoncé la création prochaine d’un conseil des intercommunalités, dont la première réunion réunira les présidents des quatre intercommunalités. “Chaque président, dans sa délégation de compétences, pourra animer les réunions, et quatre thématiques ont été définies, sur lesquelles nous allons travailler : l’économie, l’emploi, les déchets et la mobilité.”
Pour comprendre les sujets sur lesquels les intercommunalités vont devoir travailler, les études réalisées ont permis “d'identifier les relations qui lient les différentes intercommunalités qui constituent le Circondu, et de déterminer les principales thématiques qui peuvent créer du commun au niveau des territoires”. “Le but était aussi de mettre à disposition de tous les élus, qu’ils soient communaux ou communautaires, des documents qui leur permettent d’avoir un constat précis et chiffré, et des éléments factuels sur les échanges de flux et sur tout l’aspect financier afin de leur donner des perspectives d’avenir”, a souligné Louis Pozzo di Borgo. “Ces études seront la pierre angulaire de nos réflexions futures et de nos échanges entre intercommunalités et communes.”
Pas de fusion mais un travail collectif
Pour les quatre présidents et représentants des intercommunalités, pas question de parler d’extension de périmètre, et encore moins de fusion. Il s’agit simplement de “réfléchir et travailler pour répondre collectivement aux besoins de nos populations”. “Écartons l’idée que ce serait le premier pas vers une stratégie politique afin d’aborder prochainement d’autres ambitions, comme des fusions ou des rapprochements, ce n’est pas le cas”, a expliqué Louis Pozzo di Borgo. “Nous sommes simplement là pour répondre aux besoins de nos populations, et pour surmonter collectivement les difficultés qui s’annoncent, notamment d’un point de vue budgétaire, et répondre aux attentes grandissantes des populations.”
Pour Ange-Pierre Vivoni, vice-président de la communauté de communes du Cap Corse, ces études vont être “une base d’un travail qui va aboutir à quelque chose dans les années à venir”. “Nous ne pouvons plus continuer à travailler comme on le faisait il y a des années. L’argent manque, et mutualiser des moyens devient essentiel. Si on prend l’exemple des transports en commun, nous en avons besoin, parce que nous savons combien de gens se déplacent du Cap Corse pour venir travailler à Bastia, et nous ne pouvons pas continuer à envahir la ville avec nos véhicules.”
Gilles Simeoni, quant à lui, a abordé la nécessité de “répondre à des enjeux”. “Nous sommes dans une période de contrainte budgétaire qui est appelée à durer et à s’intensifier, et il faut des projets structurants qui soient pensés à l’échelle du territoire. Il ne s’agit pas d’aller vers des fusions forcées ou de projeter des modifications de périmètre des intercommunalités, il s’agit juste de réfléchir pour être le plus efficace et le plus pertinent possible ensemble, en respectant la latitude totale de chaque intercommunalité.”
Des critiques de l’opposition
La présentation des études a néanmoins suscité de vives critiques de la part de l’opposition, qui s’interroge sur la volonté de regrouper les quatre intercommunalités pour travailler ensemble. “Si vous vous prévalez d’avoir mis quatre intercommunalités autour de la table, ce n’est pas simplement une question de compagnonnage, mais parce que les événements le demandent”, a déclaré Jean-Martin Mondoloni, avant de poursuivre en demandant : “Pourquoi pas cinq ou six ? Vous parlez de mutualisation, mais ce devoir de travailler en commun fait plus valeur d'obligation que de supplément d’âme.”
Julien Morganti, quant à lui, a dénoncé “un calendrier qui peut interpeller”. “Il est soit trop tôt, soit trop tard, mais il est clair qu’il n’est pas idéal. C’est trop tôt par rapport à l’échéance de 2026, et c’est trop tard pour une fin de mandat.” Lui aussi s’est interrogé sur “l’objectif de fusion” des intercommunalités. “Fusionner, pourquoi ? Dans quel but pour les populations ? Je le rappelle, nous sommes la seule région de France à ne jamais avoir connu de fusion de communes, c’est dire aussi l’état d’esprit qui est le nôtre. [...] Vous l’avez répété plusieurs fois : l’objectif n’est pas la fusion, mais le calendrier présenté en commission suggère une harmonisation, pour ne pas dire fusion, à partir de 2028.”