
Une délégation du STC, emmenée par Jean Pierre Luciani, devant le Ministère de l'Education Nationale, rue de Grenelle à Paris.
- Pourquoi une telle action devant le ministère à Paris ?
- Nous considérons que la Corse n’a pas son du dans l'attribution des postes budgétaires du 1er degré. En 2016, il y a eu 3185 postes budgétaires dispatchés dans les 31 académies de France, la Corse n’a bénéficié que de 5 postes. Nous avions déjà dénoncé, l’an dernier, cet état de fait : il y avait eu 2511 postes ventilés dans l’ensemble des académies, la Corse n’avait eu que 8 postes. Le candidat Hollande avait promis la création de 60 000 postes depuis 2012, dont près de 14 000 dans le 1er degré. Des postes ont effectivement été créés, près de 13000 dans le 1er degré, la Corse n’en a récupéré que 49, soit des miettes ! Surtout quand on sait que la moitié des académies sont en perte d’effectifs d’élèves, la Corse fait partie de l’autre moitié qui connaît un regain. Il n’est vraiment pas normal que nous ayons aussi peu de postes.
- La Corse subit-elle, selon vous, une sorte d’ostracisme volontaire ?
- Oui ! Nous n’avons pas peur de parler de procédures discriminatoires au niveau de la Corse ! Trois critères d'attribution ont été mis en place : la ruralité, la priorité au 1er degré et les effectifs, mais avec une opacité, une illisibilité sur les modalités de calcul ! Pourquoi une académie va-t-elle récupérer, au titre de la priorité au 1er degré, 70 ou 80 postes alors que la Corse en a zéro ? Nous avons fait un comparatif année par année, très détaillé concernant la ventilation des effectifs, il est éloquent ! Il n’y a pas un petit décalage entre la Corse et les autres académies, mais un fossé énorme ! C’est flagrant !
- Pourquoi, selon vous, une telle discrimination ?
- Nous avons demandé au recteur des explications sur la prise en compte de ces critères, de ces curseurs, et sur la raison pour laquelle ils sont à minima pour la Corse. Comme il est dans l’incapacité de nous donner une réponse, il a dit, dans les médias, qu’il demanderait une rallonge. Ce qui en dit long ! Nous avons décidé de nous adresser à la ministre, nous lui avons demandé une audience le 7 février dernier, mais, elle, non plus, ne nous a pas donné de réponse, pas un même courrier d’explications. Face à cette fin de non-recevoir, nous continuerons !
- Que réclamez-vous exactement ?
- Nous revendiquons de façon raisonnable 89 postes budgétaires de 2012 à 2016. C’est un calcul vraiment à minima de ce qui est légitimement dévolu à l’académie de Corse ! Ensuite, ces postes, qui sont gérés au niveau des académies de Haute-Corse et de Corse-du-Sud, peuvent se concrétiser par des postes d’enseignants, de brigade, de RASED (Réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté)… en fonction de la carte scolaire locale. Mais comme on n’a pas les moyens suffisants, la situation est relativement gravissime en Corse, mais cela apparait de façon insidieuse.
- C’est-à-dire ?
- Je suis prêt à faire la démonstration devant le recteur que le service public d’enseignement n’est pas effectué correctement en Corse. Les enfants, c’est vrai, sont accueillis dans toutes les classes, tous les jours, seulement comme il n’y a pas suffisamment de maîtres remplacés, de nombreux enfants sont répartis dans d’autres classes et ne bénéficient pas d’un enseignement. On est en train, en Corse, de glisser d’un système public d’enseignement à un système de garderie ! Si l’on nous donne les postes nécessaires, nous aurons suffisamment de remplaçants pour que le service public d’éducation soit de qualité. Nous pourrons remettre en place des choses qui ont disparu pendant la période Sarkozy de restriction budgétaire.
- Quelles choses ?
- Par exemple, la formation continue des enseignants qui n’existe plus en Haute-Corse et est complètement sabordée en Corse du Sud ! Pour la simple raison qu’il n’y a pas moyen de remplacer les instituteurs, s’ils partaient en formation. Il n’y a pas suffisamment de remplaçants pour assurer, tous les jours, un maître devant une classe ! Ce qui est gravissime, c’est que les gens ne se mobilisent pas pour dénoncer une telle situation. Les parents veulent que les enfants soient accueillis. Ils le sont, mais l’enseignement n’est pas assuré de façon correcte.
- Pourtant, les parents ne se mobilisent-ils pas pour sauver les écoles ?
- Oui, mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg ! Quand on ferme une classe dans un petit village comme Morosaglia, Aregno ou Centuri, évidemment que les populations se mobilisent ! Tandis que même si les enfants ne reçoivent pas un enseignement correct et qu’ils sont répartis en garderie dans d’autres classes, les parents ne se mobilisent pas ! L’administration a tort de miser là-dessus. Au nom d’une certaine paix sociale, on laisse gangrener le service public d’éducation !
- Après cette action qui risque de rester lettre morte, que ferez-vous ?
- Nous voulons jouer le match au niveau ministériel. Nous allons, aussi, demander au niveau local au nouveau recteur qu’il démonte notre argumentation et qu’il nous prouve qu’elle est fausse. Le STC Education fait son job ! Il veut des cartes scolaires correctes, un service public d’enseignement de qualité en Corse comme ailleurs. Il est dommage que ce soit le STC, qui n’a normalement pas vocation à rayonner au niveau national, qui monte à Paris demander des comptes à la ministre. Nous estimons qu’elle ne peut pas démonter notre argumentation sur la discrimination au niveau de l’attribution des postes.
- Et si vous n’obtenez pas de réponse ?
- Nous continuerons à demander des comptes. Nous ne participerons pas aux instances qui, au niveau local, gèrent les cartes scolaires. L’an dernier, nous avions dénoncé la situation, mais nous avions participé. Cette année, nous ne participerons plus. Nous ne pouvons pas cautionner la gestion d’une carte scolaire avec des sous-moyens, les directeurs d’académie ne pourront pas faire une carte scolaire qui permet d’avoir un service d’éducation correct. Nous allons sensibiliser les fédérations de parents d’élèves sur le sujet. Nous demanderons encore audience à la ministre. A un moment donné, ils seront bien obligés de nous entendre !
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Nous considérons que la Corse n’a pas son du dans l'attribution des postes budgétaires du 1er degré. En 2016, il y a eu 3185 postes budgétaires dispatchés dans les 31 académies de France, la Corse n’a bénéficié que de 5 postes. Nous avions déjà dénoncé, l’an dernier, cet état de fait : il y avait eu 2511 postes ventilés dans l’ensemble des académies, la Corse n’avait eu que 8 postes. Le candidat Hollande avait promis la création de 60 000 postes depuis 2012, dont près de 14 000 dans le 1er degré. Des postes ont effectivement été créés, près de 13000 dans le 1er degré, la Corse n’en a récupéré que 49, soit des miettes ! Surtout quand on sait que la moitié des académies sont en perte d’effectifs d’élèves, la Corse fait partie de l’autre moitié qui connaît un regain. Il n’est vraiment pas normal que nous ayons aussi peu de postes.
- La Corse subit-elle, selon vous, une sorte d’ostracisme volontaire ?
- Oui ! Nous n’avons pas peur de parler de procédures discriminatoires au niveau de la Corse ! Trois critères d'attribution ont été mis en place : la ruralité, la priorité au 1er degré et les effectifs, mais avec une opacité, une illisibilité sur les modalités de calcul ! Pourquoi une académie va-t-elle récupérer, au titre de la priorité au 1er degré, 70 ou 80 postes alors que la Corse en a zéro ? Nous avons fait un comparatif année par année, très détaillé concernant la ventilation des effectifs, il est éloquent ! Il n’y a pas un petit décalage entre la Corse et les autres académies, mais un fossé énorme ! C’est flagrant !
- Pourquoi, selon vous, une telle discrimination ?
- Nous avons demandé au recteur des explications sur la prise en compte de ces critères, de ces curseurs, et sur la raison pour laquelle ils sont à minima pour la Corse. Comme il est dans l’incapacité de nous donner une réponse, il a dit, dans les médias, qu’il demanderait une rallonge. Ce qui en dit long ! Nous avons décidé de nous adresser à la ministre, nous lui avons demandé une audience le 7 février dernier, mais, elle, non plus, ne nous a pas donné de réponse, pas un même courrier d’explications. Face à cette fin de non-recevoir, nous continuerons !
- Que réclamez-vous exactement ?
- Nous revendiquons de façon raisonnable 89 postes budgétaires de 2012 à 2016. C’est un calcul vraiment à minima de ce qui est légitimement dévolu à l’académie de Corse ! Ensuite, ces postes, qui sont gérés au niveau des académies de Haute-Corse et de Corse-du-Sud, peuvent se concrétiser par des postes d’enseignants, de brigade, de RASED (Réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté)… en fonction de la carte scolaire locale. Mais comme on n’a pas les moyens suffisants, la situation est relativement gravissime en Corse, mais cela apparait de façon insidieuse.
- C’est-à-dire ?
- Je suis prêt à faire la démonstration devant le recteur que le service public d’enseignement n’est pas effectué correctement en Corse. Les enfants, c’est vrai, sont accueillis dans toutes les classes, tous les jours, seulement comme il n’y a pas suffisamment de maîtres remplacés, de nombreux enfants sont répartis dans d’autres classes et ne bénéficient pas d’un enseignement. On est en train, en Corse, de glisser d’un système public d’enseignement à un système de garderie ! Si l’on nous donne les postes nécessaires, nous aurons suffisamment de remplaçants pour que le service public d’éducation soit de qualité. Nous pourrons remettre en place des choses qui ont disparu pendant la période Sarkozy de restriction budgétaire.
- Quelles choses ?
- Par exemple, la formation continue des enseignants qui n’existe plus en Haute-Corse et est complètement sabordée en Corse du Sud ! Pour la simple raison qu’il n’y a pas moyen de remplacer les instituteurs, s’ils partaient en formation. Il n’y a pas suffisamment de remplaçants pour assurer, tous les jours, un maître devant une classe ! Ce qui est gravissime, c’est que les gens ne se mobilisent pas pour dénoncer une telle situation. Les parents veulent que les enfants soient accueillis. Ils le sont, mais l’enseignement n’est pas assuré de façon correcte.
- Pourtant, les parents ne se mobilisent-ils pas pour sauver les écoles ?
- Oui, mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg ! Quand on ferme une classe dans un petit village comme Morosaglia, Aregno ou Centuri, évidemment que les populations se mobilisent ! Tandis que même si les enfants ne reçoivent pas un enseignement correct et qu’ils sont répartis en garderie dans d’autres classes, les parents ne se mobilisent pas ! L’administration a tort de miser là-dessus. Au nom d’une certaine paix sociale, on laisse gangrener le service public d’éducation !
- Après cette action qui risque de rester lettre morte, que ferez-vous ?
- Nous voulons jouer le match au niveau ministériel. Nous allons, aussi, demander au niveau local au nouveau recteur qu’il démonte notre argumentation et qu’il nous prouve qu’elle est fausse. Le STC Education fait son job ! Il veut des cartes scolaires correctes, un service public d’enseignement de qualité en Corse comme ailleurs. Il est dommage que ce soit le STC, qui n’a normalement pas vocation à rayonner au niveau national, qui monte à Paris demander des comptes à la ministre. Nous estimons qu’elle ne peut pas démonter notre argumentation sur la discrimination au niveau de l’attribution des postes.
- Et si vous n’obtenez pas de réponse ?
- Nous continuerons à demander des comptes. Nous ne participerons pas aux instances qui, au niveau local, gèrent les cartes scolaires. L’an dernier, nous avions dénoncé la situation, mais nous avions participé. Cette année, nous ne participerons plus. Nous ne pouvons pas cautionner la gestion d’une carte scolaire avec des sous-moyens, les directeurs d’académie ne pourront pas faire une carte scolaire qui permet d’avoir un service d’éducation correct. Nous allons sensibiliser les fédérations de parents d’élèves sur le sujet. Nous demanderons encore audience à la ministre. A un moment donné, ils seront bien obligés de nous entendre !
Propos recueillis par Nicole MARI.

Jean Pierre Luciani, secrétaire national du STC Education.