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Le PNC lance un appel au référendum


Nicole Mari le Mercredi 3 Avril 2013 à 19:14

U Partitu di a Nazione Corsa (PNC) a lancé, mercredi matin, à Ponte Novu, un appel à la mobilisation de tous les insulaires pour s'emparer des débats en cours, notamment sur la langue, les arrêtés Miot et le foncier, et faire pression sur le gouvernement. Déçu et inquiet du comportement de l'Etat et de son mutisme sur la question corse qu'il juge inacceptables, fustigeant un jacobinisme archaïque, il demande l'organisation rapide d'un référendum dans le prolongement des votes de l'Assemblée de Corse. Il espère ainsi forcer Paris à prendre l'exacte mesure de la volonté insulaire et à engager une révision constitutionnelle. Explications, en live et en vidéo, pour Corse Net infos, de Jean-Christophe Angelini, leader du PNC.



Le PNC lance un appel au référendum
« On espérait que l’alternance allait ouvrir un espace politique nouveau. Or, aujourd’hui, parasitée par une vision épouvantable du jacobinisme, nous jugeons la situation insupportable et inacceptable. Nous avons droit à une caricature du débat, à un terrorisme intellectuel qui consiste à rejeter des mesures appliquées partout en Europe. La grande majorité des Corses ne veut pas d’une réforme en demi-teinte ». Le PNC exprime son inquiétude et sa désillusion face aux diverses reculades du président Hollande sur ses promesses de campagne. La non-ratification de la Charte des langues régionales et la décision du Conseil d’Etat concernant les Arrêtés Miot sont, effectivement, de bien mauvais augure à l’heure où l’Assemblée de Corse (CTC) s’engage dans une série de débats importants sur la langue, le foncier ou le transfert de la compétence fiscale.
 
Un double constat
Pour les autonomistes du PNC, qui ont fêté leurs dix ans en décembre dernier en engageant une nouvelle étape de leur dynamique par le redéploiement des instances et le développement du PNC Ghjuventu et de l’action européenne, l’heure est, à la fois, urgente et grave.
D’abord à cause du fort impact de la crise économique dans l’île : « Précarité qui augmente (25000 Corses vivent sous le seuil de pauvreté avec moins de 600€ par mois), menace accrue sur l’emploi (près de 20000 chômeurs), grands secteurs en difficulté (bâtiment, agriculture, tourisme, transports), gel des dotations de l’Etat, PEI qui n’a pas rempli son rôle de rattrapage historique, institutions inadaptées, difficulté de gestion chronique à l’image de celle de l’Office des transports ». Et un double constat : au moment où les idées nationalistes sur la coofficialité, le statut de résident, l’autonomie énergétique, le PADDUC, s’enracinent dans l’opinion, la Corse n’est pas armée pour faire face à cette crise sans précédent.
 
Une situation délétère
D’autant que cette crise vient aggraver une situation déjà structurellement fort préoccupante.
« Depuis des décennies, la Corse ne sort pas de l’ornière dans laquelle l’Etat, les différents gouvernements et Exécutifs l’ont plongée. En décembre, on remet en cause les Arrêtés Miot. En mars, on remet en cause la Charte des langues régionales. S’il y a autant d’assassinats, on nous explique que c’est notre faute parce que nous ne parlons pas. Notre langue et notre culture sont en voie de disparition. La situation est délétère », commente Jean-Christophe Angelini. Le leader du PNC, parti qui a toujours prôné l’apaisement et la définition de relations nouvelles avec l’Etat, ne mâche pas ses mots et appelle chacun à ses responsabilités.
 
Un règlement politique
Au lendemain du succès de la fête de la langue corse organisée à Corte par le Collectif Parlemu Corsu et à une vingtaine de jours du débat sur le statut de la langue à l’Assemblée de Corse, les autonomistes ont donc redit, publiquement et fermement, leur volonté d’avancer sur la voie d’un règlement politique, « exigeant et partagé », de la question corse, inscrit dans le sens « de la revendication des droits historiques du peuple corse et de l’obtention d’une réelle autonomie ». Refusant une nouvelle réforme « sans consistance, ni perspectives durables » après 40 ans de luttes, ils en appellent à l’ensemble du peuple corse et des partis politiques afin que les citoyens s’emparent du débat et de la parole à travers un référendum rapide. Ils interpellent également l’Etat, lui demandent de prendre « l’exacte mesure » de la volonté populaire, largement démontrée par l’ampleur de la manifestation de février en faveur du transfert de la fiscalité et de la fête de mardi soir à Corte pour réclamer une société bilingue, et d’engager, enfin, « l’indispensable révision constitutionnelle ».
 
Un rapport de forces
Pour le député européen, François Alfonsi, « le véritable retournement de la position de François Hollande » qui, après avoir pris des engagements à minima, « s’est assis dessus », oblige à un rapport de forces par le biais de « la pression populaire et de l’expression démocratique ». Pour lui, deux faits européens, le dynamisme des réseaux de PME qui permet à certains pays de mieux résister à la crise et le développement de l’Europe de l’Est qui s’est concentré sur les capitales, prouvent que « la centralisation est un système confiscatoire ».
Il adresse un message au gouvernement : « Arrêtez de décevoir car la déception risque d’ouvrir une crise qui sera très forte en Corse. Nous cherchons à stabiliser la situation, mais Paris s’acharne à la déstabiliser ».
Pour Saveriu Luciani, élu territorial, la prochaine réponse sera le résultat du vote sur le statut de la langue, le 25 avril à la CTC. « Ce sera le premier référendum, celui des élus, avant celui du peuple. Si le vote est majoritairement favorable et que la CTC se prononce en faveur des réformes, l’Etat doit faire preuve de cohérence politique ».
 
N.M.
 
 
 
 Jean-Christophe Angelini, leader du PNC et élu territorial Femu a Corsica