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La réplique de Ghjuventù Corsa à "France trait d'union Corse"


le Jeudi 10 Janvier 2013 à 23:58

A la suite des récentes prises de positions sur plusieurs sujets (langue corse, université..) de la part de l'association "France-Corse", un collectif non-officiel s'est formé pour répondre à la dite association, et de manière plutôt cinglante. En effet, c'est une grosse centaine de jeunes, militants politiques, associatifs, culturels, ou simplement étudiants, qui s'est réunie hier dans les locaux de l'Università. Un communiqué de presse, lu par les structures co-signataires, vient apporter une réaction aux récents discours de cette association, dont le président, Jean-François Profizi, s'est fait récemment le porte-parole dans les médias insulaires.



Une salle de la Faculté de Droit bien remplie, et des étudiants unis, c'est ce qui ressort en premier de cette levée de boucliers estudiantine (Photo :G.I.)
Une salle de la Faculté de Droit bien remplie, et des étudiants unis, c'est ce qui ressort en premier de cette levée de boucliers estudiantine (Photo :G.I.)
A l'appel de plusieurs syndicats étudiants, et associations culturelles, des jeunes qualifiés par eux-même très sobrement "Ghjuventù Corsa" se sont réunis ce Jeudi, en fin d'après-midi, dans les locaux de la Faculté de Droit de Corti. Le but de la conférence de presse était d'apporter une réponse collective, aux récentes prises de positions et discours de l'association "France-Corse", qui a pour but de "réclamer l'indefectible appartenance de la Corse à la République Française". 
Mais ce n'est pas cela qui fait réagir ici la centaine (voir plus) d'étudiants, nouveaux comme anciens, qui se sont donné rendez-vous via les réseaux sociaux.
En effet, le but de la communication était de dépasser tout clivage politique, comme le précise d'ailleurs le texte, et de réagir face aux propos de Jean-François Profizi, président de "France-Corse"
"Noi, giuventù corsa, avemu dicisu, à traversu a nostra presenza oghje incù parechje urganisazione di giovani, di dà u notru parè pè ciò chì tocc’à l’intervenzione di l’associu « France-Corse », è a mediatisazione chì s’hè fatta in giru à elli.
L’expression de tout point de vue, bien qu’obsolète, est tout à fait légale. Nous n’avons pas vocation à critiquer la liberté d’expression, ni à vouloir museler qui que ce soit.
Mais à l’heure où la société Corse se réunit enfin derrière de grands thèmes, la défense de la langue, des droits de notre peuple, (comme nous l’avons vu récemment avec la levée de bouclier générale contre la fin des arrêtés Miot), cette voix discordante qui est celle de France-Corse est particulièrement dérangeante, d’autant plus qu’elle se réclame de la majorité silencieuse sans fondement aucun.
"

"Les propos de ces personnes sont d'une extrême violence"

Le communiqué, aussi riche que long, témoigne bien de la volonté des ces jeunes de s'unir autour de cette question. France-Corse, de fait, a tenu, par la voix de son représentant, invité à maintes reprises ces derniers mois dans tous les médias locaux, des propos pas vraiment tendre à l'égard des défenseurs de l'identité corse, qualifiant par exemple les pro-langue corse de "Hussards blancs de la Corsitude", et allant même jusqu'à qualifier de "xénphobe" la signature de la Charte de la Langue Corse, produite et promue par la CTC.
Que ces gens soient anti nationalistes, anti autonomistes, anti régionalistes, et ne soient pas d’accord avec les idées prônées par une majorité de corses en faveur de la reconnaissance des droits de leur peuple, il s’agit de leur droit le plus entier, précise le communiqué. Mais leurs régulières publications font apparaître une tendance bien plus préoccupante : bien qu’insulaires d’origine dans leur majorité, les militants de l’association « France-Corse » sont violemment anti corses. Ils adoptent un langage et une attitude de mépris et de haine vis à vis des hommes et des femmes qui travaillent pour ce pays. L’origine insulaire mal-assumée et le statut de notables continentaux de ces militants de l’anti corsisme ne leur permet pas de dire tout et n’importe quoi.
En l’occurrence, c’est ce qu’ils font, en tapant sur toutes les composantes de la politique corse s’appropriant un peu trop la langue, la culture ou l’histoire corse à leur goût. En méprisant ouvertement la société corse. L’association France-Corse s’insurge contre toute manifestation de l’identité corse, qu’elle soit culturelle, linguistique ou politique. Elle est allée jusqu’à considérer la simple signature d’une charte de la langue corse comme un acte « xénophobe » (excusez du peu)"
.
Incisif, et percutant, le communiqué est co-signé par plusieurs structures, commes les trois syndicats (Ghjuventù Independentista, Ghjuventù Paolina, Consulta di a Ghjuventù Corsa) mais aussi par des association apolitiques (Ghjuventù Vagabonda, Ghjuventù Arrita), ainsi que le PNC Ghjuventù. 
Le texte procède avec minutie à ce qui s'apparente à une déconstruction de l'argumentaire formulé par France-Corse, sur des questions importantes de la société Corse, et appelle au refus de celui-ci. De plus, les "jeunes" défendent ici leur Università, ciblée elle aussi par l'association France-Corse: 
"ils méprisent ouvertement l’Université de Corse, qu’ils considèrent comme un outil de propagande. Ils insultent ouvertement cette institution indispensable à la Corse, avec des mots très durs, considérant l’université comme un repère de terroristes incultes manipulés par on ne sait quels gourous. Qui sont-ils pour se permettre de tels jugements ? Ce mépris est intolérable, et nous ne le tolérerons pas. D’autant plus que la presse insulaire se trouve être le relais de ces idées nauséabondes de manière très régulière.
Les propos de ces personnes sont d’une extrême violence vis à vis de leurs cibles. Nous invitons toutes les personnes intéressées à se rendre sur leur site internet et à le constater par eux mêmes: cela fait froid dans le do
s"

"Leurs idées sont dépassées"

Enfin, la communiqué dénonce un discours "erronné, et appelant à la haine", et se pose en totale opposition avec les propos des représentants de l'associations. En outre, le texte dénonce une "sur-exposition médiatique disproportionnée", et un "traitement clément de la part de la presse insulaire".
"Quelle autre association en Corse peut se targuer d’avoir un traitement aussi clément par la presse insulaire ? Nous avons tous ici, à travers nos organisations respectives, été confrontés à la difficulté d’avoir la parole dans les médias corses. Comment ces gens là, qui ne représentent rien ni personne au delà de leur groupuscule, peuvent ils plusieurs fois par semaine intervenir dans la presse écrite, à la radio ou à la télévision ?
A l’heure où, grâce à l’action politique, la langue corse retrouve peu à peu sa place dans la société, où le peuple corse tente de proposer des modèles de développements pérennes pour son île, à l’heure où nous nous réapproprions notre culture et notre histoire en paix, à l’heure où la classe politique entière s’accorde sur des points communs de développement économique et culturel, personne ne devrait accepter ce genre de propos sur notre île, droite, gauche et nationalistes confondus.
"