- Pourquoi ce choix d’apparaître régulièrement dans les médias ?
- La psychanalyse doit sortir des cénacles. Elle a pour vocation d’être populaire, à la portée du plus grand nombre et pas seulement des élites qui pensent d’ailleurs, souvent à tort, détenir un savoir sur cette pratique. J’accepte avec bonheur d’intervenir dans des émissions de société pour évoquer différents thèmes de la vie. On ne me demande pas de dévoyer mon travail, mais de le vulgariser, et il est important de le faire dans nos sociétés si inégalitaires en matière d’accès aux connaissances.
- Votre métier d’auteur occupe une large partie de votre temps. Est-il complémentaire avec celui de psy ?
- L’écriture est une nécessité. Inutile d’écrire quand ce n’est pas le cas ! Je déteste le bla-bla intellectuel et le snobisme de manière générale. Avec mes patients, je traverse des questionnements essentiels de l’existence humaine : la mort, l’amour, la folie, le mensonge, la peur d’être soi et d’affronter les autres. J’ai le sentiment d’utiliser ces matériaux dans mes pièces de théâtre et mes ouvrages. A chaque fois, il est question de reprendre ces thématiques en les déclinant. J’ai la chance de travailler avec un éditeur, François Sirot, qui m’accorde toute sa confiance.
- Au théâtre, vous êtes très prolixe depuis 2009. Qu’est-ce qui nourrit cette créativité ?
- Les rencontres. A chaque fois. J’ai commencé avec Camille Solal il y a dix ans, une très bonne comédienne, mais il a fallu que j’attende quelques années pour rencontrer des personnes importantes tant dans ma carrière que dans ma trajectoire intime, comme Johanna Berrebi, Muriel Montossey, Marc Alberto ou Lionel Daméi, qui va adapter mon livre « Dalida sur le divan » l’an prochain sur scène. Il est rare d’avoir des coups de foudre dans ce métier, beaucoup de gens sont extrêmement égoïstes au point de ne laisser aucune place à l’autre. C’est désolant et cela explique de nombreux ratages existentiels. Ma créativité vise précisément à être généreux autant scéniquement qu’à travers mon écriture. J’aime rencontrer le public, lui faire vivre des émotions intenses, dépouillées de ces quêtes égotistes et trop cérébrales pour être crédibles. J’aime travailler avec des artistes de tous les domaines, le dessinateur Olivier Coulon, le musicien Sébastien Jakubowicz… Finalement, ma créativité puise aussi dans la parole vraie de l’analyse.
- Vous venez de publier « Gainsbourg sur le divan » (Editions En volume), co-écrit avec Audrey Tordelli, animatrice à Via Stella et France Bleu. En quoi ce personnage vous captive-t-il ?
- Gainsbourg a été un idéaliste forcené, qui a raboté sous la lampe, le soir, afin de réaliser une poésie pure, sous des dehors de variété ! J’aime cette manière de brouiller les pistes, d’utiliser les styles pour s’affirmer soi-même. Audrey a été une remarquable associée dans ce projet titanesque qui a d’ailleurs été salué par Evelyne Adam, l’organisatrice du festival « Les plumes de la liberté », en juin au théâtre de Bastia.
- Cette année, vous êtes programmé à Avignon avec deux pièces : « Un bébé, s’il vous plaît » et « La princesse qui chantait faux ». De quoi parlent-elles ?
- La première est une comédie sociétale qui questionne sur ce qu’attendent les femmes d’un homme, et plus précisément du père de leur enfant. En ces temps où on cherche son partenaire sur les applications de rencontre, comment négocier avec sa solitude, son désir, sa parentalité ? La deuxième est un spectacle pour enfants qui les invite à rire, à chanter, mais aussi à réfléchir sur l’envie d’être une star, une envie très présente dans les cours de récréation ! Pour les deux pièces, je travaille avec la même équipe : Frédérique Fricker, Véronique Garin et Aurélien Pierre. Des comédiens vraiment fantastiques qui savent s’écouter et exister ensemble sur la scène.
- Vous écrivez également votre premier roman. Pourquoi, cette fois, vous intéresser à votre île, la Corse ?
- J’y tiens énormément. J’ai perdu mon père, Dominique Agostini, l’an dernier. Ce décès m’a inconsciemment autorisé à écrire ce roman. Sans doute, car je n’avais jamais pu parler vrai avec mon père, un hédoniste en société, mais un introverti en famille. Après sa mort, je n’ai pas eu de regret particulier car je savais bien qu’il n’était pas capable de partager certaines choses, de prendre le temps d’échanger. Il avait une crainte de dire ses sentiments. Mon roman évoque justement cette difficulté de se parler dans les familles corses, nos images de la virilité, de la maternité, de la pudeur, de l’excès. Il raconte l’histoire d’un fils qui n’a pas pu pardonner à son père. En filigrane de ce texte, les questions du nationalisme, de l’amour fou, de la double vie et de la peur de vieillir. Le titre de ce roman sera « La traversée des mensonges ». On ne ment toujours qu’à soi-même !
Propos recueillis par N.M.
- La psychanalyse doit sortir des cénacles. Elle a pour vocation d’être populaire, à la portée du plus grand nombre et pas seulement des élites qui pensent d’ailleurs, souvent à tort, détenir un savoir sur cette pratique. J’accepte avec bonheur d’intervenir dans des émissions de société pour évoquer différents thèmes de la vie. On ne me demande pas de dévoyer mon travail, mais de le vulgariser, et il est important de le faire dans nos sociétés si inégalitaires en matière d’accès aux connaissances.
- Votre métier d’auteur occupe une large partie de votre temps. Est-il complémentaire avec celui de psy ?
- L’écriture est une nécessité. Inutile d’écrire quand ce n’est pas le cas ! Je déteste le bla-bla intellectuel et le snobisme de manière générale. Avec mes patients, je traverse des questionnements essentiels de l’existence humaine : la mort, l’amour, la folie, le mensonge, la peur d’être soi et d’affronter les autres. J’ai le sentiment d’utiliser ces matériaux dans mes pièces de théâtre et mes ouvrages. A chaque fois, il est question de reprendre ces thématiques en les déclinant. J’ai la chance de travailler avec un éditeur, François Sirot, qui m’accorde toute sa confiance.
- Au théâtre, vous êtes très prolixe depuis 2009. Qu’est-ce qui nourrit cette créativité ?
- Les rencontres. A chaque fois. J’ai commencé avec Camille Solal il y a dix ans, une très bonne comédienne, mais il a fallu que j’attende quelques années pour rencontrer des personnes importantes tant dans ma carrière que dans ma trajectoire intime, comme Johanna Berrebi, Muriel Montossey, Marc Alberto ou Lionel Daméi, qui va adapter mon livre « Dalida sur le divan » l’an prochain sur scène. Il est rare d’avoir des coups de foudre dans ce métier, beaucoup de gens sont extrêmement égoïstes au point de ne laisser aucune place à l’autre. C’est désolant et cela explique de nombreux ratages existentiels. Ma créativité vise précisément à être généreux autant scéniquement qu’à travers mon écriture. J’aime rencontrer le public, lui faire vivre des émotions intenses, dépouillées de ces quêtes égotistes et trop cérébrales pour être crédibles. J’aime travailler avec des artistes de tous les domaines, le dessinateur Olivier Coulon, le musicien Sébastien Jakubowicz… Finalement, ma créativité puise aussi dans la parole vraie de l’analyse.
- Vous venez de publier « Gainsbourg sur le divan » (Editions En volume), co-écrit avec Audrey Tordelli, animatrice à Via Stella et France Bleu. En quoi ce personnage vous captive-t-il ?
- Gainsbourg a été un idéaliste forcené, qui a raboté sous la lampe, le soir, afin de réaliser une poésie pure, sous des dehors de variété ! J’aime cette manière de brouiller les pistes, d’utiliser les styles pour s’affirmer soi-même. Audrey a été une remarquable associée dans ce projet titanesque qui a d’ailleurs été salué par Evelyne Adam, l’organisatrice du festival « Les plumes de la liberté », en juin au théâtre de Bastia.
- Cette année, vous êtes programmé à Avignon avec deux pièces : « Un bébé, s’il vous plaît » et « La princesse qui chantait faux ». De quoi parlent-elles ?
- La première est une comédie sociétale qui questionne sur ce qu’attendent les femmes d’un homme, et plus précisément du père de leur enfant. En ces temps où on cherche son partenaire sur les applications de rencontre, comment négocier avec sa solitude, son désir, sa parentalité ? La deuxième est un spectacle pour enfants qui les invite à rire, à chanter, mais aussi à réfléchir sur l’envie d’être une star, une envie très présente dans les cours de récréation ! Pour les deux pièces, je travaille avec la même équipe : Frédérique Fricker, Véronique Garin et Aurélien Pierre. Des comédiens vraiment fantastiques qui savent s’écouter et exister ensemble sur la scène.
- Vous écrivez également votre premier roman. Pourquoi, cette fois, vous intéresser à votre île, la Corse ?
- J’y tiens énormément. J’ai perdu mon père, Dominique Agostini, l’an dernier. Ce décès m’a inconsciemment autorisé à écrire ce roman. Sans doute, car je n’avais jamais pu parler vrai avec mon père, un hédoniste en société, mais un introverti en famille. Après sa mort, je n’ai pas eu de regret particulier car je savais bien qu’il n’était pas capable de partager certaines choses, de prendre le temps d’échanger. Il avait une crainte de dire ses sentiments. Mon roman évoque justement cette difficulté de se parler dans les familles corses, nos images de la virilité, de la maternité, de la pudeur, de l’excès. Il raconte l’histoire d’un fils qui n’a pas pu pardonner à son père. En filigrane de ce texte, les questions du nationalisme, de l’amour fou, de la double vie et de la peur de vieillir. Le titre de ce roman sera « La traversée des mensonges ». On ne ment toujours qu’à soi-même !
Propos recueillis par N.M.