
La vue aérienne permet d’identifier les deux bases de poteaux qui divisaient l’espace du rez-de-chaussée © Patrick Ferreira, Inrap
Que faut-il en retenir et pourquoi ces recherches se font-elles à cet endroit ?
À la suite du diagnostic réalisé par l’Inrap à l’été 2024, où 17 structures en creux datées de la Protohistoire avaient été observées, le décapage de l’emprise disponible a livré plus de 130 structures et indices archéologiques attribués à l’âge du Bronze.
La morphologie des creusements reste ainsi souvent difficile à distinguer au moment du décapage dans ces terrains fortement remaniés, d’autant que ces fosses présentent des plans et des dimensions très variables : circulaires, oblongs, polylobés, voire parfois très irréguliers, ces creusements peuvent souvent atteindre 2 à 3 m de diamètre et, dans certains cas, jusqu’à 5 ou 6 m de longueur. Les vestiges les plus profonds sont conservés sur des profondeurs qui atteignent 2 m.
Quelles étaient leurs fonctions ?
La fonction initiale de ces structures reste difficile à appréhender. Quelques alvéoles creusés en fond de structure, permettant le calage de récipients volumineux, laissent penser que certaines fosses ont pu servir d’espace de stockage souterrain. D’autres vestiges, notamment dans la partie centrale de l’emprise, sont encore plus vastes (plusieurs, dizaines de mètres carrés) et semblent documenter une carrière constituée d’un ensemble de creusements coalescents liés à l’extraction de matériaux argileux. Enfin, des excavations étroites et profondes semblent liées à la récupération et à la conservation d’eau.
Comment se présentent-elles ?
Ces structures en creux présentent des comblements très souvent stratifiés composés de couches sédimentaires aux caractéristiques différentes.
Certaines d’entre elles présentent des sédiments très sombres et organiques contenant de nombreux charbons de bois et pierres chauffées, souvent associés à une importante quantité de mobilier céramique mis au rebut. Ces rejets domestiques témoignent d’une réutilisation finale de la structure en tant que dépotoir, dans lesquels toutefois aucun reste de faune n’a été découvert – sans doute en raison de l’acidité des terrains ayant complètement dissous les matières, osseuses. Des comblements se distinguent par des masses de terre rubéfiée, contenant des restes de torchis brûlés, vestiges d’une probable habitation incendiée, tandis que des remblais de galets témoignent par ailleurs d’aménagements de surfaces démantelées. D’autres comblements présentent des caractéristiques d’hydromorphie, signe d’une saturation régulière en eau. Enfin, certaines épaisseurs, constituées de substrat naturel remanié, documentent des creusements
laissés ouverts dont les parois sont détériorées par l’érosion.
À la suite du diagnostic réalisé par l’Inrap à l’été 2024, où 17 structures en creux datées de la Protohistoire avaient été observées, le décapage de l’emprise disponible a livré plus de 130 structures et indices archéologiques attribués à l’âge du Bronze.
La morphologie des creusements reste ainsi souvent difficile à distinguer au moment du décapage dans ces terrains fortement remaniés, d’autant que ces fosses présentent des plans et des dimensions très variables : circulaires, oblongs, polylobés, voire parfois très irréguliers, ces creusements peuvent souvent atteindre 2 à 3 m de diamètre et, dans certains cas, jusqu’à 5 ou 6 m de longueur. Les vestiges les plus profonds sont conservés sur des profondeurs qui atteignent 2 m.
Quelles étaient leurs fonctions ?
La fonction initiale de ces structures reste difficile à appréhender. Quelques alvéoles creusés en fond de structure, permettant le calage de récipients volumineux, laissent penser que certaines fosses ont pu servir d’espace de stockage souterrain. D’autres vestiges, notamment dans la partie centrale de l’emprise, sont encore plus vastes (plusieurs, dizaines de mètres carrés) et semblent documenter une carrière constituée d’un ensemble de creusements coalescents liés à l’extraction de matériaux argileux. Enfin, des excavations étroites et profondes semblent liées à la récupération et à la conservation d’eau.
Comment se présentent-elles ?
Ces structures en creux présentent des comblements très souvent stratifiés composés de couches sédimentaires aux caractéristiques différentes.
Certaines d’entre elles présentent des sédiments très sombres et organiques contenant de nombreux charbons de bois et pierres chauffées, souvent associés à une importante quantité de mobilier céramique mis au rebut. Ces rejets domestiques témoignent d’une réutilisation finale de la structure en tant que dépotoir, dans lesquels toutefois aucun reste de faune n’a été découvert – sans doute en raison de l’acidité des terrains ayant complètement dissous les matières, osseuses. Des comblements se distinguent par des masses de terre rubéfiée, contenant des restes de torchis brûlés, vestiges d’une probable habitation incendiée, tandis que des remblais de galets témoignent par ailleurs d’aménagements de surfaces démantelées. D’autres comblements présentent des caractéristiques d’hydromorphie, signe d’une saturation régulière en eau. Enfin, certaines épaisseurs, constituées de substrat naturel remanié, documentent des creusements
laissés ouverts dont les parois sont détériorées par l’érosion.
Un ensemble exceptionnel de mobilier céramique de l’âge du Bronze

La fouille a livré une quantité exceptionnelle de mobilier céramique, qui fera de Monte – Brancale un site de référence. Prélevé sur le site, conditionné, il sera ensuite lavé et étudié afin de mettre en évidence les formes et les décors © Jean-Baptiste Jamin, Inrap
Quels types vestiges a-t-on découvert ?
Parmi les vestiges découverts, des éléments de four – fragments de sole et de cloche – attestent d’une production céramique locale, qui peut en partie expliquer l’importance du mobilier céramique retrouvé dans ces comblements.
Quel est l'importance de ce mobilier ?
Certaines des structures – à l’image de vestiges d’une architecture de terre incendiée, ou du comblement d’un creusement observé lors du diagnostic – sont accompagnées d’un important mobilier céramique qui apparait dès à présent comme tout à fait remarquable. Ainsi, plusieurs milliers de fragments de vaisselle, mais aussi de très gros vases de stockage, constituent un riche répertoire de formes et de décors.
Cette impressionnante série apparaît, selon Kewin Pêche-Quilichini (archéologue protohistorien et directeur du musée de l'Alta Rocca), typique de la production de l’âge du Bronze moyen 2, du Bronze moyen 3 et peut-être du Bronze récent, avec des datations comprises entre 1500 et 1300 avant notre ère.
Que dire des formes identifiées ?
Les formes identifiées, souvent carénées, sont fréquentes en Corse à ces époques ; ces profils et les décors illustrent des connexions évidentes avec l'Italie du nord-ouest (faciès de Viverone et de Canegrate, voire d'Alba-Solero), ainsi qu'avec la Toscane (faciès apenninique) mais uniquement pour les formes, ce qui est assez inhabituel.
Autre originalité, la vraisemblable présence d’amiante dans certaines pâtes, ce qui est une première pour la période. Enfin, ont également été découvertes des pièces inédites, qui pourraient appartenir à des fours mobiles, ainsi que des productions fonctionnellement indéterminées mais jusqu'ici totalement inconnues en Corse.
Cette datation, réalisée à partir de quelques éléments typologiques sélectionnées sur le terrain, restera évidemment à confirmer et à préciser lors des études à venir.
Cet extraordinaire ensemble céramique apporte « non seulement un nouvel éclairage sur l’occupation du site de Monte mais permet plus largement de préciser les caractères de l'habitat de plein-air péri-fluvial et péri-lagunaire de l’âge du Bronze dans l'est de la Corse, jusqu'ici seulement entraperçu à Sant'Agata ou Mar'è Stagnu à Aleria
Parmi les vestiges découverts, des éléments de four – fragments de sole et de cloche – attestent d’une production céramique locale, qui peut en partie expliquer l’importance du mobilier céramique retrouvé dans ces comblements.
Quel est l'importance de ce mobilier ?
Certaines des structures – à l’image de vestiges d’une architecture de terre incendiée, ou du comblement d’un creusement observé lors du diagnostic – sont accompagnées d’un important mobilier céramique qui apparait dès à présent comme tout à fait remarquable. Ainsi, plusieurs milliers de fragments de vaisselle, mais aussi de très gros vases de stockage, constituent un riche répertoire de formes et de décors.
Cette impressionnante série apparaît, selon Kewin Pêche-Quilichini (archéologue protohistorien et directeur du musée de l'Alta Rocca), typique de la production de l’âge du Bronze moyen 2, du Bronze moyen 3 et peut-être du Bronze récent, avec des datations comprises entre 1500 et 1300 avant notre ère.
Que dire des formes identifiées ?
Les formes identifiées, souvent carénées, sont fréquentes en Corse à ces époques ; ces profils et les décors illustrent des connexions évidentes avec l'Italie du nord-ouest (faciès de Viverone et de Canegrate, voire d'Alba-Solero), ainsi qu'avec la Toscane (faciès apenninique) mais uniquement pour les formes, ce qui est assez inhabituel.
Autre originalité, la vraisemblable présence d’amiante dans certaines pâtes, ce qui est une première pour la période. Enfin, ont également été découvertes des pièces inédites, qui pourraient appartenir à des fours mobiles, ainsi que des productions fonctionnellement indéterminées mais jusqu'ici totalement inconnues en Corse.
Cette datation, réalisée à partir de quelques éléments typologiques sélectionnées sur le terrain, restera évidemment à confirmer et à préciser lors des études à venir.
Cet extraordinaire ensemble céramique apporte « non seulement un nouvel éclairage sur l’occupation du site de Monte mais permet plus largement de préciser les caractères de l'habitat de plein-air péri-fluvial et péri-lagunaire de l’âge du Bronze dans l'est de la Corse, jusqu'ici seulement entraperçu à Sant'Agata ou Mar'è Stagnu à Aleria
Et puis il y a ce bâtiment ?
Outre la période protohistorique, le site a également livré des attestations d’occupations plus tardives. Un bâtiment de plan rectangulaire en pierres mesurant de 8,20 mètres par 6 mètres a en effet été mis au jour. Identifié dès le diagnostic, il a fait l’objet d’une étude plus approfondie lors de la fouille. Bien que la structure soit fortement arasée, l'ensemble du plan de la construction quadrangulaire a pu être établi. Celui-ci met en évidence la présence de 2 bases de poteau qui divisent l’espace et induisent l’existence d’un étage disparu. Une grande fosse située à proximité semble devoir être mise en relation avec cette construction.
Son comblement a livré une importante quantité de fragments de blocs et de dalles de
schiste qui peuvent documenter les vestiges partiels de cette construction démantelée, sans doute après un incendie comme le suggère le niveau charbonneux retrouvé dans les couches de démolition. La fonction comme la datation exacte, (Bas Moyen Âge ? Époque Moderne ?) de ce bâtiment restent pour l'instant énigmatiques en l'absence de mobilier. Les études anthracologique, carpologique, mais également archivistique apporteront vraisemblablement plus d'éléments.
Outre la période protohistorique, le site a également livré des attestations d’occupations plus tardives. Un bâtiment de plan rectangulaire en pierres mesurant de 8,20 mètres par 6 mètres a en effet été mis au jour. Identifié dès le diagnostic, il a fait l’objet d’une étude plus approfondie lors de la fouille. Bien que la structure soit fortement arasée, l'ensemble du plan de la construction quadrangulaire a pu être établi. Celui-ci met en évidence la présence de 2 bases de poteau qui divisent l’espace et induisent l’existence d’un étage disparu. Une grande fosse située à proximité semble devoir être mise en relation avec cette construction.
Son comblement a livré une importante quantité de fragments de blocs et de dalles de
schiste qui peuvent documenter les vestiges partiels de cette construction démantelée, sans doute après un incendie comme le suggère le niveau charbonneux retrouvé dans les couches de démolition. La fonction comme la datation exacte, (Bas Moyen Âge ? Époque Moderne ?) de ce bâtiment restent pour l'instant énigmatiques en l'absence de mobilier. Les études anthracologique, carpologique, mais également archivistique apporteront vraisemblablement plus d'éléments.
La parole aux spécialistes

La fouille a livré une quantité exceptionnelle de mobilier céramique, qui fera de Monte – Brancale un site de référence. Prélevé sur le site, , conditionné, il sera ensuite lavé et étudié afin de mettre en évidence les formes et les décors © Jean-Baptiste Jamin, Inrap
Et maintenant ?
Le terrain a désormais été restitué à l’aménageur pour permettre d‘entamer le projet de construction. Cette opération aura donc permis de documenter une partie méconnue de l’histoire de la plaine orientale, dans la continuité des opérations réalisées précédemment par l’Inrap notamment à Venzolasca (I Palazzi) et à Vescovato (A Casella).
Les études vont dorénavant se poursuivre en centre archéologique. Les éléments prélevés sur le site durant la phase de fouille (sédiments, mobiliers) vont ainsi être confiés à différents spécialistes (céramologues, géomorphologues, carpologues...) afin de comprendre plus précisément la façon dont fonctionnaient les structures, mais aussi de renseigner sur les conditions paléo-environnementales dans lesquelles évoluaient les occupants de ce site durant la Protohistoire.
À l’issue de ces études, et au vu de son importance, nul doute que le mobilier céramique fera quant à lui référence à l’avenir pour la période de l’âge du Bronze en Corse.
Le terrain a désormais été restitué à l’aménageur pour permettre d‘entamer le projet de construction. Cette opération aura donc permis de documenter une partie méconnue de l’histoire de la plaine orientale, dans la continuité des opérations réalisées précédemment par l’Inrap notamment à Venzolasca (I Palazzi) et à Vescovato (A Casella).
Les études vont dorénavant se poursuivre en centre archéologique. Les éléments prélevés sur le site durant la phase de fouille (sédiments, mobiliers) vont ainsi être confiés à différents spécialistes (céramologues, géomorphologues, carpologues...) afin de comprendre plus précisément la façon dont fonctionnaient les structures, mais aussi de renseigner sur les conditions paléo-environnementales dans lesquelles évoluaient les occupants de ce site durant la Protohistoire.
À l’issue de ces études, et au vu de son importance, nul doute que le mobilier céramique fera quant à lui référence à l’avenir pour la période de l’âge du Bronze en Corse.