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Ghjurnate Internazionale di Corti : L’Ecosse et la Catalogne à l’aube de l’indépendance ?


le Lundi 10 Août 2015 à 14:07

Le rideau est tombé sur l’édition 2015 des Ghjurnate Internazionali di Corte dimanche en fin d’après-midi. Mais auparavant s’est tenu le traditionnel débat avec les délégations internationales. Cette année, ce sont l’Ecosse et la Catalogne qui ont été invitées à monter à la tribune par Corsica Libera pour débattre autour du thème « Processus d’autodétermination en Ecosse et Catalogne : perspectives de créations de nouveaux Etats d’Europe ». L’occasion pour les représentants de ces deux voisins européens de faire le point sur l’avancée de leurs processus d’émancipations nationales



Ghjurnate Internazionale di Corti : L’Ecosse et la Catalogne à l’aube de l’indépendance ?
Le vent de l’indépendance est-il sur le point de souffler sur l’Europe ? A écouter les interventions des délégations internationales dimanche après-midi aux Ghjurnate di Corti, il n’en fait nul doute.
En effet, invités cette année à monter à la tribune, les représentants des mouvements indépendantistes écossais et catalans ont pu débattre autour du thème « Processus d’autodétermination en Ecosse et Catalogne : perspectives de créations de nouveaux Etats d’Europe ». L’occasion pour eux de faire le point sur l’avancée de leurs processus d’émancipations nationales respectifs, avant de conclure cette édition 2015 des Ghjurnate Internazionale. « Nous suivons de très près ce qui se passe dans ces pays qui ont de l’avance sur nous », s’est ainsi exprimé Jean-Guy Talamoni, leader de Corsica Libera, au sujet de l’Ecosse et de la Catalogne.
 
La Catalogne aux portes de son indépendance ?
C’est le représentant de cette dernière, Jaume Marfany, ex-Vice Président de l’Assemblée Nationale Catalane, qui a ouvert le débat : « La Nation Catalane a plus de mille ans d’histoire. Elle a perdu ses libertés et son indépendance nationale il y a plus de 300 ans », a-t-il tout d’abord argué, avant de se lancer dans un bref rappel historique afin de replacer dans son contexte la lutte indépendantiste catalane. « La mémoire historique que nous perdons souvent est un élément très important parce que d’une part elle permet d’apprendre de nos erreurs et de nos réussites, et de l’autre elle nous permet de savoir où nous sommes et où nous voulons aller. Les aspirations d’indépendance de la nation catalane sont basées non seulement sur la volonté collective d’être, sur son identité linguistique et culturelle, sur ses droits nationaux et historiques, mais également motivées par la nécessité et par l’affinité. L’Etat espagnol et ses autorités ont perdu depuis longtemps toute crédibilité en Catalogne, et l’ajustement entre la Catalogne et l’Espagne est devenu impossible. C’est le passé, la mémoire historique, qui montre que la seule option viable est l’indépendance de la Catalogne, que la Catalogne peut devenir un Etat indépendant en pied d’égalité avec le reste des Etats européens », a-t-il poursuivi.
 
Rappelant que l’Assemblée Nationale Catalane n’existe que depuis 2012, il a par la suite salué le chemin, « relativement court mais très intense », parcouru depuis trois ans : « Personne ne pouvait prévoir que nous serions dans la situation politique actuelle, à quelques mois d’une élection que nous transformerons en un référendum à travers lequel nous pourrons commencer le processus vers la déclaration définitive d’indépendance et la construction d’une république catalane », a-t-il martelé.
Le 27 septembre prochain, des élections régionales anticipées seront en effet organisées en Catalogne, à l’initiative du président de l’Assemblée Nationale Catalane. Des élections que les indépendantistes voient donc comme l’occasion tant espérée d’obtenir un large consensus populaire pour arriver à l’indépendance, celles-ci étant somme toute une sorte de référendum sous couvert, le vote référendaire en tant que tel ayant été interdit par les autorités madrilènes.

En Ecosse, la lutte continue
Lloyd Quinan, membre du Scottish National Party (SNP) et responsable du comité YesScotland de Glasgow, a par la suite porté la voix de la délégation écossaise, faisant le point sur les évènements intervenus depuis le référendum, organisé il y a presque un an.  

« La lutte que nous menons en Ecosse est la même que celle qui est portée en Corse ou en Catalogne », a-t-il tout d’abord souligné avant de lancer : « Je suis sûr qu’en septembre de l’année dernière vous espériez, autant que nous, que nous remportions le référendum. Nous n’avons pas gagné le référendum mais nous avons gagné la bataille d’idées ».
 
En effet, depuis un an, l’idée d’une Ecosse libre et indépendante semble avoir fait son chemin auprès de la population. Pour preuve, le leader nationaliste indique qu’alors qu’en aout 2014, soit un mois avant le référendum, 27% des Ecossais seulement étaient favorables à l’indépendance, le nombre de soutiens pro-indépendance n’a cessé de croitre depuis. Aujourd’hui ce sont ainsi 131 000 membres du Scottish National Party qui sont recensés. Plus loin, lors des élections de mai dernier, le nombre de députés écossais au Parlement est passé de 6 à 56.
 
Mais le chemin a été long et laborieux avant d’arriver à un tel résultat : « Nous avons du mener une campagne pour éduquer nos gens, une campagne qui nous a conduite à aller frapper à chaque porte. Une campagne que nous du mener sans l’aide d’aucun média, d’aucune télévision, d’aucun journal, et d’aucune station de radio », explique Lloyd Quinan.  Une campagne que les nationalistes ont par ailleurs du mener contre les préjugés et les peurs inculquées de longue date dans l’inconscient collectif et qui tendent à pousser la population à croire que l’Ecosse est « trop pauvre, trop petite et trop stupide » pour être indépendante. Des idées qui semblent désormais avoir été balayées, bien que le référendum n’est pas été vu la victoire du « Yes » tant escomptée.
 
Désormais, le représentant du SNP espère l’organisation d’un nouveau référendum en 2017 : « Le premier référendum a servi à éduquer le peuple. Au second, l’Ecosse prendra sa place parmi les nations, et peut être un jour, les Républiques indépendantes de Catalogne et de Corse nous rejoindront-elles à l’ONU », conclue-t-il sur une note d’espoir.
 
Manon PERELLI