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François-Xavier Ceccoli : « Quand on a connu la défaite, on l’assume et on laisse les électeurs libres »


Julia Sereni le Mardi 12 Avril 2022 à 15:59

Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, marqué pour la droite par l'échec de Valérie Pécresse, François-Xavier Ceccoli, président de la fédération Les Républicains de Haute-Corse et maire de San Giulianu, livre, pour CNI, son analyse de la situation politique. Il fait part également de son ambition pour les législatives à venir.



François-Xavier Ceccoli
François-Xavier Ceccoli

4,8 % des voix au niveau national et 6,33% en Corse pour Valérie Pécresse, c’est une déception ?

Oui, une déception, une désillusion, même si on voyait bien la tendance baissière et qu’on se doutait que le vote utile allait creuser ce déficit. On a vu partir des gens vers les extrêmes et, pour notre aile plus modérée, vers Emmanuel Macron, et on s’est retrouvés dans cette tenaille. Mais si on cherche un peu plus loin, je pense qu’on n’a pas fait une bonne campagne. La présidentielle, c’est la législative puissance exponentielle, c’est vraiment la rencontre entre un homme ou une femme et le peuple français. Prenez Jean-Luc Mélenchon, qui a probablement fait la plus belle campagne : son parti, les Insoumis, ce n’est pas ce qui préoccupe les Français. Pour Marine Le Pen, c’est pareil, peu importe que cela s’appelle le Rassemblement national, le Front national ou autre, les gens votent Marine Le Pen. Et nous, nous n’avons pas su incarner cette chose-là. C’est d’autant plus difficile qu’on vient d’une famille politique où c’était justement l’incarnation par essence avec des leaders charismatiques, du général de Gaulle à Jacques Chirac en passant par Nicolas Sarkozy. Je crois qu’on n’est jamais rentrés dans le jeu à cause de cela. On ne peut pas aller à une campagne présidentielle en disant : « On est les Républicains ». Il faut une personnalité, et là, cela n’a pas marché.

Quelles conséquences le parti doit-il tirer de cet échec ?

À chaud, on subit toujours le coup de manière un peu plus forte, mais il faut prendre le temps de réfléchir. Bien sûr, on est conscients de notre échec, mais il faut aussi être conscients de nos points forts. Aujourd’hui, le Sénat en France, c’est les Républicains, la grande majorité des communes et des régions aussi. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien changer, au contraire, il y a deux choses indispensables à clarifier. D’abord, le positionnement politique. On a voulu que tout le monde habite dans la même maison, depuis l’aile ultra centriste jusqu’à l’aile droitière d’Éric Ciotti. Je ne crois pas du tout à cette manière de faire de la politique, il y a un trop grand écart. Il faut clarifier le message. Moi, mon héritage, c’est le RPR, le gaullisme, et notamment la droite sociale, par opposition à une droite libérale ou trop centriste, trop proche de la gauche. Et bien évidemment, quand je dis cela, cela implique aussi de changer les personnes. On a besoin d’un saut générationnel. J’aime beaucoup des personnalités comme David Lisnard, par exemple. Si on ne fait pas cela, on va finir par perdre et le Sénat, et les communes françaises. Il faut profiter de ce coup dur pour prendre les grandes décisions qui s’imposent, après le deuxième tour de la présidentielle.

Justement, pour ce second tour, les Républicains n’ont pas donné de consigne de vote. Votre avis ?

J’ai toujours été contre les consignes de vote, car je considère que les électeurs qui nous font l’honneur de voter pour nous ne sont pas nos prisonniers, ce ne sont pas des gens qui vous doivent quelque chose. Ils ont un cerveau, arrêtons de les insulter en leur disant pour qui ils doivent voter ! Ils sont capables d’analyser politiquement ce qu’il se passe et je ne vois pas de quel droit on influencerait le vote des électeurs. Quand on a connu la défaite, on l’assume et on laisse les électeurs libres.

Des voix se font pourtant entendre au sein du parti pour faire barrage à Marine Le Pen, vous n’êtes pas d’accord ?

Encore une fois, je n’ai pas de consigne de vote à donner, cela s’appelle la démocratie et elle ne doit pas varier en fonction des candidats. Soit on interdit aux gens de se présenter, soit les électeurs votent pour qui ils veulent. C’est aussi simple que cela.

Valérie Pécresse a lancé un appel aux dons pour boucler le financement de sa campagne. Comptez-vous le relayer ?

Je trouve que le timing n’est vraiment pas bon. Quand on perd une élection, on parle politique. Cet appel aux dons devant le siège des Républicains, alors qu’on était en train d’essayer de réunir notre famille politique, qui est en danger, j’ai trouvé cela maladroit. Après, je vais tout de même relayer cet appel parce que j’estime que Valérie Pécresse a été courageuse, elle a été au bout, et ce n’est pas seulement sa défaite. Elle n’a pas fait une bonne campagne mais cela n’enlève rien à son mérite ni à son courage. Pour moi, il faut l’aider, au moins dans sa famille politique, donc je relaierai et je participerai.

Et pour les législatives à venir, quel sera votre rôle ?

J’y réfléchi encore, car au niveau de ma vie personnelle et de mon engagement que ce soit dans l’agriculture ou dans le social, ce n’est pas évident. Mais une chose me pousse à réfléchir de manière forte : aujourd’hui on a déjà des candidats déclarés ou dans les starting-blocks, comme le sortant Jean-Félix Acquaviva ou Lionel Mortini qui y songe très sérieusement, et il serait impensable que les non-nationalistes ne soient pas représentés à cette élection. Pour que la démocratie s’exprime, il faut qu’il y ait des candidats à voter ou à sanctionner.

Cela pourrait passer par votre propre candidature ?

S’il le fallait, oui. Bien sûr, je ne suis pas le seul à pouvoir représenter tout cela, mais je regarde attentivement ce qu'il se passe, et, effectivement, j'y songe moi aussi.