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Flore Sylvia : Quand la passion méditerranéenne se tisse en soie


MV le Samedi 25 Novembre 2023 à 13:03

Flore Sylvia, la nouvelle marque corse d'accessoires de mode spécialisée dans les foulards en soie, a récemment émergé sous la houlette de Sylvia Flori, une femme qui porte l'amour de la Méditerranée dans son cœur et dans ses créations. Elle partage avec CNI son parcours atypique, sa vision artistique, et la genèse de sa première collection qui met en lumière le patrimoine architectural



A l'occasion de Créazione en juin dernier à Bastia
A l'occasion de Créazione en juin dernier à Bastia
- Qu'est-ce qui vous a poussé à créer la marque FLORE SYLVIA ?
- L’envie d’un nouveau challenge. Après des études de management à Corte, j’ai démarré ma carrière professionnelle en Italie à Rome, où j’ai vécu 9 ans. En 2004, à 32 ans je n’ai pas hésité à quitter un CDI pour rentrer en Corse rejoindre l’équipe du Président de l’Université et créer le service communication, que je dirige depuis près de 20 ans. La communication est un métier passionnant, où chaque jour est différent. Mais on a tous vécu la crise sanitaire mondiale du covid, ses confinements, son immobilisme. Cela a fait ressurgir en moi le besoin de changement ! Le destin a voulu qu’un diplôme innovant en Métiers d’art et de design s’ouvre en 2021/2022 au sein du pôle Pépite des étudiants entrepreneurs de l’Université, avec des cours en fin de semaine. La rencontre avec les autres étudiants, artisans confirmés ou jeunes créateurs, avec les formateurs et notamment le styliste designer Jeremy Bueno, a été stimulante, enrichissante et décisive. J’avais candidaté uniquement pour le plaisir de suivre une formation artistique, je suis sortie major de promo à 50 ans, avec une mention très bien, plus de 18 à mon mémoire, et surtout une évidence et un fort encouragement de la part du jury à poursuivre cette voie. L’équipe Pépite et les coachs m’accompagnent depuis dans ma démarche entrepreneuriale, Jeremy m’a beaucoup transmis et conseillé dans mon projet, qui vient d’aboutir à la création de ma marque d’accessoires de mode, spécialisée dans le foulard en soie. En juin, j’ai eu l’opportunité d’exposer mes prototypes au festival Creazione, avec un retour très positif de la part des visiteurs et des premiers clients. Je viens de lancer la production de la première collection, en édition limitée.   
 
- Pouvez-vous nous expliquer votre processus de conception des foulards en soie, en particulier comment vous créez vos motifs en mélangeant différents styles de dessin ?
- Je conçois mes foulards en mêlant différents styles. Pour réaliser mes motifs, j’utilise le dessin classique au crayon, mais aussi le dessin manuel au stylet numérique, ou bien je crée les motifs avec un logiciel de design graphique. Je compose ensuite le foulard sur Illustrator en y assemblant les dessins selon mon envie. Le modèle Sole par exemple, dédié à l’oratoire de l’Immaculée Conception de la rue Napoléon de Bastia, est composé aussi bien de dessins à la main que de dessins réalisés sur ordinateur. 
 - Parlez-nous de votre première collection, qui revisite les églises de Bastia et de Castagniccia. Comment avez-vous intégré les éléments décoratifs de l'architecture dans vos créations ? Pourquoi avez-vous décidé de célébrer le patrimoine architectural et culturel corse dans vos créations ?
- Je souhaitais proposer des créations qui ont un sens, pour les corses et pour les amateurs d’art en général. D’origine sarde par mon père, je suis très sensible à l’artisanat qui est fortement ancré en Sardaigne, des tapis tissés en laine, aux habits traditionnels, à la poterie, en passant par la vannerie d’asphodèle tressée, aux bijoux en filigrane ou encore à la pâtisserie. Tous présentent des motifs très riches et colorés. En Corse, c’est dans l’architecture ornementale, les sculptures, les peintures, les boiseries des églises, que j’ai retrouvé des décors inspirants. Bastiaise de naissance, c’est tout naturellement l’église Saint-Jean-Baptiste qui m’a inspiré. Le foulard Bastia, dans la taille 90x90 cm, est ainsi composé de plus de 600 églises miniatures, qui forment un imprimé très graphique. Le modèle Sole a quant à lui été réalisé en couleurs corail et vert, dans sa première version, en clin d’œil aux teintes du bâtiment jouxtant l’oratoire de A Cuncezziò. Son design est constitué d’un soleil rayonnant, qui reprend la mosaïque de galets du parvis connue de tous les bastiais, d’un ange et de la frise de fleurs présents en façade, ainsi que de la couronne de la statue de la Sainte-Vierge. Les modèles Zuani et Orezza en revanche sont inspirés des portes richement sculptées des églises Annunziata de Zuani et San Bernardinu de Pedipartinu d’Orezza. On y retrouve les anges, les arabesques, les cœurs des boiseries. Tous les modèles de ma première collection sont en effet exclusivement composés d’éléments décoratifs de nos églises.
 
- La qualité et l'éco-responsabilité sont des valeurs essentielles pour votre marque. Comment garantissez-vous ces aspects dans la production de vos produits, notamment l'impression en édition limitée au lac de Côme en Italie ?
- Quand j’ai imaginé ma marque et mon produit, la qualité et l’éco-responsabilité étaient des valeurs essentielles, propres à ma vision personnelle. La qualité de mes foulards est ainsi garantie par le choix de la matière et le choix du prestataire. J’ai opté pour le twill de soie, 14 mm, qui est la matière utilisée par les grandes maisons françaises et italiennes. Le twill est issu d’une armure sergé, un tissu qui forme de fines rainures texturées en diagonale et que l’on reconnaît facilement à ses rayures obliques. Il offre un toucher, une brillance et une souplesse excellents. Pour la production des foulards, j’ai opté pour le Made in Italy, et plus précisément la région du lac de Côme, spécialisée dans la soie et réputée pour son savoir-faire. J’ai sélectionné une soierie en capacité d’imprimer en toutes petites quantités pour les créateurs, et de fournir un produit fini, confectionné avec une finition roulottée. Je propose mes carrés en 3 tailles, le format classique en 90x90 cm, le format bandana 65x65 cm mais également le format 44x44 cm qui se porte dans les cheveux pour agrémenter un chignon ou une queue de cheval ou en pochette de costume pour homme. Ce dernier format est né de la volonté d’optimiser le rouleau de soie de 140 cm sans créer de perte de tissu. Pour ce premier tirage, chaque foulard de la collection est imprimé uniquement entre 10 et 30 exemplaires selon le modèle, toute taille confondue. 
- Vous avez vécu et travaillé à Rome, participant au lancement de la start-up Wind. Comment cette expérience a-t-elle façonné votre passion pour la Méditerranée et votre retour en Corse ?
- J’ai eu l’opportunité de participer au lancement de Wind, qui compte aujourd’hui plus de 20 millions de clients. Nous étions 50 personnels lors de la création de l’entreprise, dans un environnement multiculturel grâce aux expatriés de France Télécom et de Deutsche Telekom et aux italiens de l’Enel. Nous étions 8000 quand j’ai démissionné ! Mon métier m’a permis de vivre des expériences rares, comme apprendre à peindre du faux marbre à Venise, visiter la mosquée de Rome avec son architecte Paolo Portoghesi, participer à la com d’expositions telles que Picasso, Caravaggio, ou les Chefs-d’œuvre impressionnistes de l’Ermitage, assister au tournage d’un spot tv à l'Île d’Elbe ou m’envoler dans une montgolfière aux couleurs de Wind lors des MTV Days de Bologne… Tout cela peut sembler très loin des églises qui m’inspirent aujourd’hui ! Mais de mon séjour romain j’ai surtout apprécié la beauté antique et baroque, présente partout, la ville musée à ciel ouvert. Mon quartier de prédilection était celui de Trastevere, pour son intimité, ses couleurs ocres, sans savoir à l’époque qu’il s’agissait historiquement, du 9ème au 17ème siècle, du quartier des corses de la garde papale et des sardes. Si j’étais déjà fortement méditerranéenne de par mes origines, cette expérience a forgé mon identité et renforcé mon amour pour notre île. Cette parenthèse de 9 ans a été extrêmement constructive et formatrice, et m’a permis d’assumer de belles responsabilités de retour en Corse.
- En tant que passionnée de Méditerranée, de soleil, d'art et de culture, quelles sont vos aspirations pour l'avenir de votre marque et quelles nouvelles inspirations pouvons-nous attendre dans vos prochaines collections ?
- Je lance aujourd’hui ma marque, et mes foulards vont être très prochainement disponibles à la vente sur mon site internet https://floresylvia.com. On me retrouve également sur instagram @flore_sylvia_design. J’ai réellement apprécié le contact et les échanges avec le public lors du festival Creazione, je vais donc être présente à quelques marchés de Noël en Haute-Corse, à Luri, Patrimoniu, Biguglia, Cervione et Santa Lucia di Moriani. Mon objectif est aussi de sélectionner 2 ou 3 points de vente où proposer quelques pièces.  Avec un collectif de créateurs corses, nous sommes en train de nous organiser pour être visibles sur le marché national et européen. Je crois fortement en la création insulaire, qui mérite une vitrine non seulement sur notre île, mais qui portée par l’image de marque de la Corse, peut réellement être valorisée et appréciée au-delà de nos frontières. Concernant mes prochaines collections, je vais continuer à explorer notre riche patrimoine insulaire, qu’il soit architectural ou naturel !

Un de foulard de la collection
Un de foulard de la collection