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FLNC : "La lutte de notre peuple va se poursuivre dans un cadre désormais public, populaire et démocratique"


le Lundi 13 Juillet 2015 à 11:24

A l'heure où à Ajaccio Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur entamait sa journée de visite en Corse, le FLNC rappelait dans un communiqué, authentifié et diffusé auprès de plusieurs médias, "l'importance capitale" de son "initiative du 25 juin 2014" de déposer les armes… Le mouvement clandestin déplore dans le même temps le fait que 'L’Etat français lui persiste à ne pas prendre en compte les revendications légitimes du peuple corse votées pourtant démocratiquement par l’assemblée territoriale." Le FLNC évoque aussi dans son communiqué la demande d'amnistie des prisonniers politiques corses. "Le jour viendra de juger des attitudes des uns et des autres, et nous saurons alors prendre une fois de plus nos responsabilités, avec un geste déterminant venant entériner ce que nous avons commencé il y a plus d’un an.




F. L. N. C.
Le 25 juin 2014 notre organisation , après un long débat, a su prendre les responsabilités qui sont les siennes et se hisser à la hauteur des enjeux pour l’avenir du peuple corse sur sa terre. Faisant preuve d’une maturité politique exemplaire et en prenant à contre pied quelques esprits chagrins, elle a pris la décision unilatérale et sans équivoque d’enclencher un processus qui se veut historique, de démilitarisation et de sortie progressive de la clandestinité.
Notre satisfaction fut immense de voir notamment la jeunesse corse répondre avec grand intérêt à notre appel à la mobilisation. C’est une fierté pour nous, d’observer que ceux qui constituent l’avenir de notre pays ont compris notre message. Ils ont su prendre le relais, et même si nous ne doutions pas de leur courage ni de leur engagement, ils ont démontré leur capacité et leur efficacité au-delà de nos espérances. En se plaçant à l’avant-garde de la lutte, ils nous ont confortés dans nos convictions déjà fortes. Ils sont des garants précieux de la réussite de notre initiative.


Quant à ceux qui ont crus et croient peut être encore, par naïveté, ignorance ou intérêt, que nous pourrions nous détourner de notre choix de la paix : ils en sont, et seront, pour leur frais. Ils ont sous estimé notre analyse et la solidité de notre engagement. Ils se reconnaîtront, comme notre peuple les confondra si ce n’est déjà fait. Ils finiront par être disqualifiés par le peuple. Ces nostalgiques de la poudre et du malheur, aux allures de Janus pour certains d’entre eux, laisseront dans la mémoire collective, l’image de cancres de l’Histoire en marche, somnolant sur les bancs des assemblées françaises ou corses, rêvant secrètement de la reprise d’un cycle tragique d’actions/répression si rentable pour eux. Des fossoyeurs de paix et profiteurs de guerre aux songes inavouables qui s’affairent cyniquement et en silence au sabotage de la démarche en cours que nous avons initiée.


L’Etat français lui persiste à ne pas prendre en compte les revendications légitimes du peuple corse votées pourtant démocratiquement par l’assemblée territoriale. S’imagine-t-il longtemps pouvoir tromper les corses en organisant des pseudos réunions ministérielles qui n’aboutissent à aucun acte politique significatif ? Est-ce une réelle volonté politique de ne pas répondre aux aspirations démocratiques d’un peuple ou une condescendante et pitoyable absence de politique ? Pour l’heure, l’Etat français continue de mener une politique répressive assidue et de faire de notre île un lieu d’expérimentation de pratiques policières, peu propice à instaurer un climat de paix. Nous ne céderons pas à ces véritables provocations de basse police. Nul ne parviendra à nous détourner de notre objectif et à faire capoter le processus décisif enclenché.
De notre côté, la détermination est intacte, notre choix d’hier est notre choix d’aujourd’hui.
Nous savions que le chemin de la solution politique serait long et difficile comme il est convenu de dire, souvent périlleux aussi, mais que les apprentis sorciers ne doutent pas de notre capacité à maintenir le cap de la paix et d’une solution politique pour la liberté du peuple corse.


La garantie que nous pouvons donner aujourd’hui de notre engagement sur cette voie pacifique de résolution du conflit qui nous oppose à l’Etat français, c’est le respect total de notre décision communiquée il y a un an, avec le maintien de notre volonté de faire taire les armes. Chacun sera juge, chaque jour qui passe, du renforcement du caractère irréversible de notre choix de la paix pour une solution politique négociée pérenne pour la Corse, qui éloigne inexorablement le spectre de la caducité de notre proposition. Même si le temps est précieux.
C’est de la volonté d’un peuple dont il est question, et à l’heure où ne manqueront pas de s’agiter les pulendaghji dans les casseroles politiques, nous assurons les tenants des revendications vers une solution politique négociée - établies à l’assemblée de Corse - de notre soutien. Ils ont la garantie de notre détermination à œuvrer définitivement pour la paix.


En ce sens nous saluons l’initiative de demande d’amnistie des prisonniers politiques corses et d’arrêt des poursuites des recherchés pour raisons politiques. Cette initiative intervient logiquement dans le cours de l’Histoire des conflits armés dans le monde. Elle émane toujours des hommes de bonne volonté. Pour notre part nous ne quémanderons rien, mais  la légitimité de cette revendication d’amnistie est évidente et nous saurons considérer soigneusement la réponse qui y sera donnée. Le jour viendra de juger des attitudes des uns et des autres, et nous saurons alors prendre une fois de plus nos responsabilités, avec un geste déterminant venant entériner ce que nous avons commencé il y a plus d’un an.



Enfin pour éclairer ceux qui en Corse, en France, en Europe ou ailleurs, agitent, nous concernant, la menace obsolète du nationalisme exacerbé et du renfermement sur soi ; A ces mondialistes effrénés, suppôts du système marchand affairiste, de la puissance de l’argent-roi, de la spéculation financière et de leurs lobbies ; A ceux qui veulent nier et soumettre les peuples pour les transformer en troupeaux serviles de consommateurs dociles : Nous répondrons qu’ils sont les héritiers et disciples de la colonisation. Ils s’emparent des terres des peuples en exerçant une féroce et arrogante domination dont le but n’est que le pillage des ressources naturelles pour certains pays qui ont le paradoxal atout d’en regorger ou pour d’autres, la simple possession de bases géostratégiques afin d’assurer leur suprématie comme pour la Corse porte-avion de la France en Méditerranée. Hier, comme aujourd’hui, la finalité est la même : leur propre développement et enrichissement aux dépens des peuples, de leur culture et de leur identité tout en creusant exponentiellement les inégalités  dans le monde. A ceux là même qui considèrent finalement que notre terre ne nous appartient pas, nous répondrons, invoquant un grand chef de la résistance amérindienne, que le peuple corse lui, appartient à cette terre de Corse.


Que cette invocation à un peuple martyrisé et décimé ne donne pas l’espoir vain à l’Etat français de transformer la Corse en réserve indienne, sorte de parc d’attraction pour touristes en mal d’exotisme à une heure trente de Paris. Car notre peuple est en marche et pétri d’esprit de résistance. Il a appris de l’Histoire, des défaites comme des avancées, des drames comme des joies, des  désespérances comme des moments d’espoir. Le monde a changé, et la France dans ce monde n’a plus les moyens de continuer à étouffer les revendications d’émancipation des peuples, ni même de pratiquer la politique de l’autruche en feignant d’ignorer magnifiquement le problème corse. Empêtrés dans la crise d’un système impérialiste déclinant de domination de l’autre, du faible, les pays comme la France, anciennes ou néo puissances coloniales, ne pourront plus longtemps résister à céder au droit des peuples à disposer d’eux même. Souvent influencés pas des coteries, issues d’une caste de politiciens totalement isolés des préoccupations du peuple, les dirigeants politiques communiquent quotidiennement leur grandeur éthique et leurs prétentions démocratiques, alors que dans les faits ils s’accommodent aisément de petits arrangements avec les choix de la majorité de leurs propres concitoyens.


L’importance capitale de notre initiative du 25 juin 2014 a été soulignée quasiment à l’unanimité par tous les acteurs et observateurs éclairés de la question corse. Ils ont su pressentir, analyser le degré historique de notre démarche de paix. Mais chacun sait que cela ne suffit pas. En Corse, l’Etat Français justifiant son immobilisme endémique, a souvent été prompt à brandir l’inflexibilité des institutions d’une république gravée dans un marbre pourtant bien friable lorsqu’il s’est agi de s’adapter aux intérêts « supérieurs » d’un système factuellement à deux vitesses. Ce gouvernement français sera-t-il celui qui saura saisir notre main tendue  en répondant positivement et simplement aux aspirations démocratiques du peuple corse ?
 « Ce qu’il faut surtout pour la paix » disait De Gaulle, premier président de la Vème république française - étendard à géométrie variable des républicains français de tout poil – « c’est la compréhension des peuples ». Il savait que « les régimes (…) sont des choses qui passent. Mais les peuples ne passent pas ».
N’en déplaise, la lutte de notre peuple ne baissera pas d’intensité. Au contraire elle va se poursuivre dans un cadre désormais public, populaire et démocratique. Nous restons confiants et réitérons notre appel à la société corse pour qu’elle continue à s’impliquer dans le processus, le rejoindre et le renforcer.
 
A POPULU FATTU BISOGNU A MARCHJA