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En Corse, la colère des infirmiers libéraux en quête de reconnaissance


Patrice Paquier Lorenzi le Lundi 12 Février 2024 à 17:03

Plusieurs dizaines d’infirmiers libéraux ont manifesté leur mécontentement ce lundi 12 février devant les locaux de l’ARS (Agence Régionale Santé) à Ajaccio. Un mouvement national qui a été très nettement suivi dans le Pays Ajaccien à l’initiative d’un collectif regroupé sous la bannière « Infirmieri Azzezi » afin de protester notamment contre le manque de considération envers la profession. Une délégation a ensuite été reçue par Marie-Hélène Lecenne, la directrice de l’ARS.



Plusieurs dizaines d'infirmiers libéraux se sont mobilisés devant les locaux de l'ARS à Ajaccio.
Plusieurs dizaines d'infirmiers libéraux se sont mobilisés devant les locaux de l'ARS à Ajaccio.
« Nous avons le sentiment d’être les laissés pour compte du système de santé alors que nous sommes un des maillons essentiels de la chaîne comme nous l’avons prouvé lors de la période de l’épidémie de Covid » explique Charline Grimaldi, membre d’« Infirmieri Azzezi ». À l’appel de ce collectif, qui s’est développé ces derniers jours sur les réseaux sociaux et notamment par le biais d’un groupe WhatsApp regroupant plus de 400 professionnels de santé, plusieurs dizaines d’entre eux se sont mobilisés devant les locaux de l’ARS (Agence Nationale de Santé), dans le quartier Saint-Joseph à Ajaccio. Ils entendant protester contre la hausse de leurs charges et leurs baisses de salaires : « Nous avons été dégradés, dénigrés, dédaignés. Alors que le SMIC est revu à la hausse chaque année, nos revenus ont diminué de l’ordre de 30 à 40% et le tarif de nos actes n’a pas été revalorisé depuis 2009 ».
 
« Modifier ou supprimer le Bilan des Soins infirmiers »
Une hausse de charges et une baisse des revenus, due notamment à l’inflation et la mise en place du BSI (Bilan des Soins Infirmiers), à l’origine d’une grogne au plan national et qui a gagné la Corse ces derniers jours : « Nous souhaitons la suppression ou modification du BSI, dont l’algorithme ne correspond pas aux critères de la prise en charge des patients dépendants, mais aussi la revalorisation des forfaits de soins, dont les tarifs, est un affront à nos compétences acquises après plus de 3 années d’études et de nombreuses années d’expériences professionnelles. Il faudrait aussi prendre en compte la particularité de l’insularité, la précarité et l’augmentation constante de la population vieillissante dans le maintien à domicile ».
 
Autre revendication importante du collectif, celle concernant l’indemnisation des frais kilométriques et la prise en compte de la pénibilité du travail : « On nous fait l’aumône de nous accorder 0,25 cts d’euros bruts passant de 2,50 à 2,75 € brut. C’est le tarif le plus bas de tous les professionnels de santé. Nous revendiquons le même tarif que celui attribué aux médecins, car nous achetons des véhicules au même prix tout comme le carburant et les mêmes dépenses d’entretien. Concernant la pénibilité, il faut savoir que notre espérance de vie est nettement inférieure que la moyenne tout comme la surcharge mentale, physique et administrative ».
 
 

Une réunion « encourageante » avec les responsables de l’ARS
Une révision du régime de retraite, des indemnités de formation et des charges URSSAF ont été également été évoquée lors d’une entrevue avec Marie-Hélène Lecenne, la directrice de l’ARS de Corse, qui a reçu une délégation du collectif composée de Charline Grimaldi, Martine Santarelli, Gilles Silvy et Jean-Jacques Franceschetti. À l’issue de la réunion, les membres du collectif se montraient finalement plutôt satisfaits : « Nous avons été écoutés et nos propos ont été pris en considération. C’est une réunion encourageante. Les spécificités de notre métier en Corse ont également été largement évoquées. Maintenant, la Directrice de l’ARS va faire remonter nos revendications auprès de la CNAM (Caisse Nationale de l’Assurance Maladie et nous allons nous-mêmes discuter prochainement avec l’URPS (Union Régionale des Professionnels de Santé) pour convenir des suites à donner. Nous sommes très satisfaits de la forte mobilisation enregistrée aujourd’hui. Nous n’avons pas voulu faire, des opérations escargots comme sur le Continent, pour ne pas pénaliser les usagers, mais nous poursuivre le mouvement et relancer un syndicat pour être unis afin de nous faire entendre dans l’attente de mesures fortes prises pour notre métier ».
Au plan national, une pétition « Infirmiers en colère » a été mise en ligne aujourd’hui et recueille déjà plus de 117 000 signatures pour une meilleure prise en compte de la profession.
 

La réunion avec l'ARS
La réunion avec l'ARS