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Elections européennes : Pas d’euro-député pour la Corse !


Nicole Mari le Dimanche 25 Mai 2014 à 23:17

Contrairement aux résultats nationaux, la Corse ne place pas le Front national en tête du scrutin européen, même si la vague Jean-Marie Le Pen arrache la 2ème place et de très bons scores, notamment en urbain. Elle est devancée par la Droite qui réussit à bien tirer son épingle du jeu et talonnée par l’autonomiste François Alfonsi qui réalise une belle élection à Bastia et dans le rural, mais pas suffisante pour décrocher un nouveau billet pour Strasbourg. La déroute se confirme à Gauche qui continue sa descente aux enfers. Aucun candidat corse n’est élu sur les 13 eurodéputés de la circonscription du Sud-Est.



Le Parlement européen à Strasbourg.
Le Parlement européen à Strasbourg.
La Corse n’aura, donc, pas de représentant à Bruxelles. François Alfonsi, le député sortant n’est pas réélu. L’UMP ne décrochant que 3 députés, Franck Giovannucci, en 5ème place de la liste Muselier, ne peut monter dans le wagon européen. C’est une mauvaise nouvelle pour l’île qui a tant besoin d’une voix propre pour défendre sa spécificité devant les instances communautaires. Les Corses n’ont visiblement pas compris l’enjeu et, comme en 2009, se sont massivement abstenus de se rendre aux urnes. En Haute-Corse, comme en Corse du Sud, près de 7 électeurs sur 10 n’ont pas voté. Les deux départements détiennent toujours le triste record d’être les moutons noirs du devoir civique européen et affichent les taux de participation les plus bas de France. Un taux inférieur de 12 % à la moyenne européenne et de 22 % à la moyenne nationale. Il atteint 35,8 % en Haute-Corse et 25,7% en Corse du Sud. Le désintérêt était tel que les partis politiques ont eu du mal à trouver des assesseurs pour tous les bureaux de vote.
 
La dominante libérale
Il est vrai que la campagne, étouffée par la passion et l’intensité qu’a suscitée celle des municipales, a été tardive et peu audible. De plus, la prolifération des listes, 23 au total, et le manque d’éligibilité des candidats insulaires, noyés dans l’immense circonscription du Sud-Est, rendaient le scrutin peu lisible. Comme pour les présidentielles, le camp libéral arrive en tête dans l’île et dans chacun des deux départements. Il récolte 26,31 % des suffrages, soit 21043 voix. Suivi par le Front National (FN) qui engrange 23,25% des suffrages, soit 18631 voix. La liste RP&S de François Alfonsi prend la 3ème place avec 21,51%, soit 17 206 voix. La gauche confirme, comme au plan national, sa déroute avec seulement 9,41% et 7528 voix pour la liste PS-PRG de Vincent Peillon et 5,99%, soit 4790 voix pour le Front de gauche. Le Modem dépasse 3,5 % avec plus de 2800 voix.
 
Le souffle de la droite
L’UMP affiche 27,51% en Corse du Sud et 25,3% en Haute-Corse. Elle caracole en tête à Ajaccio avec 2728 voix pour Renaud Muselier, soit 27,07% des suffrages, 30,26% à Porto Vecchio, 60,86% à Borgo, 49,87% à Calvi, 38,59% à Conca et à Biguglia 28,96% à Ville-di-Pietrabugno… et frôle le plébiscite avec 91,35% à Ciamannacce, fief de Marcel Francisci. Si la droite conforte ses pré-carrés, dans le Sud et l’Extrême Sud, en plaine orientale et en Balagne, elle réussit même l’exploit à Bastia d’occuper la 3ème position, certes loin derrière François Alfonsi et le FN, mais très au-dessus de la Gauche. Est-ce l’effet Milani post-victoire de l’union municipale qui lui a redonné du punch ou l’effondrement de la gauche bastiaise et nationale ? Elle recueille 850 voix, soit 13,9% alors que le Parti socialiste peine à 9,8% et le Front de gauche à 8,8%. Au final, comme toujours dans les scrutins nationaux, la droite tire beaucoup mieux son épingle du jeu en Corse que dans le reste de la circonscription du Sud-Est où elle ne rassemble que 22,40 % des voix.
 
La vague Le Pen
Comme sur le continent, la mobilisation profite au Front national qui accroît son score du 1er tour des présidentielles. La liste de Jean-Marie Le Pen fait la course en 2nde position dans le département du Sud et dans nombre de communes urbaines. Au Nord, avec 22,06%, elle est devancée par l’UMP et François Alfonsi. Avec 2717 voix, soit 26,96% des suffrages, seules 11 petites voix la séparent de la liste de Renaud Muselier à Ajaccio. Idem à Bastia où, avec 26,08% des suffrages, l’écart n’est que de 7 voix avec François Alfonsi, arrivé en tête. Elle dépasse 30,4 % à Biguglia, 27,2% à Calvi, 26,9% à Afa, 26% à Vico, 25,73% à Porto Vecchio, 21% à Borgo et à l’Ile Rousse. Elle caracole même largement en tête avec 40,21% à Aléria, 37,5% à Ventiseri, 36,17% à Croce, 34,5% à Furiani, 33,83% à Lucciana, 32,56% à Aullène, 31,84% à Calinzana, 29,82% à Bonifacio, 28,90% à Figari… C’est la 2ème fois que ce parti, inexistant en Corse, réalise un score remarquable dans un scrutin qui dépasse les contingences locales. Dans la circonscription, il triple son score et rafle 28,18% des suffrages et 5 députés.
 
Les bons scores RP&S
François Alfonsi espérait faire le plein des voix en Corse. Mais, comme les autres, il pâtit du fort taux d’abstention qui profite surtout à la déferlante FN. Les bons scores, qu’il réalise, dans nombre de communes de l’île sont totalement insuffisants pour compenser le manque à gagner dans l’immense circonscription du Sud-Est. Mais, ils confirment la dynamique régionale des Nationalistes modérés et les résultats des municipales. Avec 1602 voix, soit 26,2% des suffrages, la liste RP&S arrive en tête à Bastia, où elle était soutenue par le maire Gilles Simeoni. Elle accroche la 3ème place à Ajaccio avec 16,53%, soit 1666 voix, et à Porto-Vecchio avec 17,39 %. Grâce à ses candidats locaux, elle cartonne, bien sûr, avec 73,47% des suffrages à Osani, où l’eurodéputé sortant est maire, mais également dans l’Alta-Rocca, le Nebbiu et le Cap Corse.
 
La résistance nationaliste
Elle est en 1ère place avec 91,67% à Carpinetu, 90,41% à Santa-Lucia-di-Mercuriu, 74,16% à Serriera, 72,88% à Partinellu, 66,67% à Marignana, 65,22% à Balogna, 63,86% à Serra-di-Scopamene, 55,91% à Patrimoniu,, 55,5% à Galeria, 50,81% à Pino, 50,94% à Levie, 50% à Quercitellu, 49,45% à Lozzi, 48,48% à Santo-Pietro di Tenda, 48,24% à Evisa, 45,67% à Poggio d’Oletta, 45,07% à Pietralba , 41,38% à Matra, 39,08% à Riventosa, 35,99% à Cuttoli-Corticchiato, 33,7% à Afa et à Canari, 32,26% à Rutali, 29,48% à Penta-di Casinca, 24,39% à Cagnano, 23,54% à San-Martino di Lota …
« Nous avons été laminé dans la circonscription par le raz-de-marée FN. Néanmoins, ces résultats prouvent qu’en Corse, les Nationalistes sont les mieux placés pour résister à l’extrémisme et au populisme. Ils montrent, également, une vraie détresse et un vrai rejet de la politique en France. Je pense qu’il est temps que la classe politique et les pouvoirs publics fassent une remise en cause car nous ne pouvons pas assister en simple spectateur à cette montée du FN un peu partout », commente Fabienne Giovanini, membre de la liste RP&S.
 
La déroute de la gauche
Huit semaines après la gifle des municipales, la Gauche continue son chemin de croix. Le désaveu est cinglant tant que le plan local, que sur le plan national. En Corse-du- Sud, la liste de Vincent Peillon ne recueille que 2913 voix, soit 7,96 des suffrages, celle du Front de gauche 5,43%, soit 1 987 voix. Le score s’améliore légèrement en Haute-Corse avec, respectivement, 10,64 %, soit 4615 voix, et 6,46%, soit 2803 voix. Mais, aucune de ses deux formations ne dépassent les 10 % dans les deux premières villes de Corse qu’elles géraient, collégialement, jusqu’en mars dernier. A Bastia, Vincent Peillon, soutenu par le PS et l’ancienne majorité Zuccarelliste, ne recueille que 9,83% (601 voix) des suffrages. En comparaison, le Front de Gauche s’en sort mieux avec 8,83% (601 voix). Les deux listes ensemble font 18,71%, c’est-à-dire autant que la droite UMP et le Modem réunies ! Même constat à Ajaccio, où la liste PS ne récolte 9,44% (952 voix) et le Front de Gauche, 5,65% (569) voix. A Venaco, fief du président PRG de l’Exécutif Paul Giacobbi, la liste PS-PRG (20,48%)  est distancée par le FN (23,29%) et François Alfonsi (22,09%). A Bonifacio, ville du maire PS Jean-Charles Orsucci, elle ne réalise que 8,97% loin derrière le FN (29,82%), l’UMP (24,48%) et François Alfonsi (20%).
En Corse, autant, que sur le continent, la gauche est dans l’impasse. Le 1er ministre Manuel Valls parle d’un « séisme » ! L’Elysée veut « tirer les leçons » ! Mais, face à une telle déroute, se reconstruire en vue des prochains scrutins ne sera pas une tâche aisée !
 
N.M.
 
Les résultats français
Deux inédits : Le FN a réalisé le meilleur score de son histoire à une élection européenne et le Parti socialiste, le plus mauvais ! Selon le ministère de l'Intérieur, le FN récolte 25,4% des suffrages, loin devant l'UMP qui obtient 20,8%. Le PS passe sous la barre des 14%, avec 13,97%. Les listes UDI-MoDem sont créditées de 9,8% des voix, Europe Ecologie-Les Verts de 8,9% et le Front de Gauche de 6,25%. Aucun autre parti ne franchit les 5%.
Selon une projection Ifop/Fiducial, le FN obtiendrait entre 22 et 25 sièges sur les 74 eurodéputés français du Parlement européen, l'UMP entre 18 et 20, le PS-PRG, 13 à 15.
 
Les résultats européens
La droite sort grand vainqueur des élections européennes. Selon une estimation réalisée par l'institut TNS dans les 28 pays de l'UE, les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) raflent 212 sièges sur les 751 députés du futur Parlement européen, loin devant les socialistes (185 sièges). Les Eurosceptiques ou les europhobes pourraient récolter plus de 140 sièges. Les Libéraux garderaient 71 eurodéputés, suivis par les Verts (55). La participation, estimée à 43,11% en moyenne sur les 28 pays et 388 millions d'électeurs, est équivalente à celle des scrutins précédents.