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Covid : les hôpitaux corses à nouveau sous tension ?


Pierre-Manuel Pescetti le Vendredi 25 Mars 2022 à 15:35

En Corse, le taux d’incidence a augmenté de 90 % en une semaine, atteignant 1233 cas pour 100 000 habitants. Si pour l'instant le nombre d'hospitalisation reste stable, les projections de l’institut Pasteur sur l’impact hospitalier à 15 jours ne sont pas optimistes pour l'ile.
Les soignants corses restent confiants mais l'inquiétude grandit



À l'hôpital d'Ajaccio, les hospitalisations sont à un niveau stable mais la situation pourrait empirer dans les 15 prochains jours. Crédits Photo : Michel Luccioni
À l'hôpital d'Ajaccio, les hospitalisations sont à un niveau stable mais la situation pourrait empirer dans les 15 prochains jours. Crédits Photo : Michel Luccioni
Une sixième vague de Covid-19 à l’horizon ? Si les autorités sanitaires n’ont pas encore utilisé le terme, elles préviennent : l’épidémie n’est pas terminée. L’ARS (Agence Régionale de la Santé) de Corse en tête faisait part ce 24 mars d’un « taux d’incidence qui a augmenté de 90 % en une semaine atteignant 1 233 cas pour 100 000 habitants ». La faute au nouveau sous-variant BA.2 du variant Omicron. « Il serait 30 à 40% plus contagieux que sa souche de base mais ne semble pas plus virulent », note le docteur ajaccien Laurent Carlini.

En première ligne depuis les premières heures de l’épidémie au printemps 2020, le médecin généraliste et praticien hospitalier aux urgences de l’hôpital d’Ajaccio est inquiet pour la suite. « Pour l’instant le nombre d’hospitalisation est stable mais nous sommes préoccupés par la circulation virale de ces 10 derniers jours. Il ne faut pas oublier qu’il y a toujours un décalage d’environ deux semaines pour voir la vraie étendue des contaminations et ses conséquences ».

Les hôpitaux corses sous tensions dans 15 jours ?

Selon les prévisions de l’institut Pasteur relayée par l’ARS de Corse, « les projections sur l’impact hospitalier à 15 jours ne sont pas optimistes en Corse ». D’autant plus qu’il faut ajouter aux patients Covid, ceux touchés par l’épidémie de grippe croissante sur l’île. « Les deux épidémies s’entremêlent », indique le docteur Laurent Carlini qui constate une augmentation des consultations pour des symptômes grippaux.

Lire aussi : 4 252 positifs en une semaine : le nombre de cas de Covid augmente en Corse

De quoi mettre sous tension les services hospitaliers ? « Celui des urgences d’Ajaccio l’est déjà à cause de cette double filière Covid et conventionnelle », selon le médecin. Pour l’instant, les hospitalisations liées au Covid ne sont pas des plus virulentes même si cinq personnes en sont décédées entre le 13 et le 20 mars. « Aux urgences on retrouve une population âgée et fragile et dont, majoritairement, le schéma vaccinal n’a pas été complété par une dose de rappel », précise le docteur Laurent Carlini. Selon l’ARS, au 20 mars 2022, 67,3 % de la population insulaire a reçu un schéma initial complet et 49,8 % a reçu une dose de rappel.

Les gestes barrières toujours d’actualité

Si la situation hospitalière est loin d’être aussi tendue que lors des précédents pics épidémiques, les soignants gardent à l’esprit les deux années passées, tout en espérant ne pas les revivre à l’identique. « On a l’impression de ne jamais voir le bout du tunnel », soupire le docteur Laurent Carlini. Il craint une nouvelle augmentation des hospitalisations conjuguée à la hausse de fréquentation sur l’île. S’il ne peut influer sur ce dernier paramètre, le médecin espère que les gestes barrières ne soient pas balayés d’un revers de manche par la population malgré l’abandon de la majorité des mesures sanitaires le 14 mars. « Le gouvernement envoie un mauvais message : celui que l’épidémie est terminée. Cette politisation des mesures sanitaires est regrettable », confie-t-il.