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Bières artisanales : une filière corse en pleine effervescence


Rose Casado le Lundi 3 Juin 2024 à 18:40

Afin de célébrer la création de la Fédération des bières corses, une soirée de présentation a été organisée dimanche 2 juin à Patrimonio, en présence de plusieurs brasseurs corses désireux de promouvoir leur savoir-faire.



les brasseurs corses réunis lors de la soirée de présentation de la Fédération des bières corses à Patrimonio, dimanche 2 juin 2024.
les brasseurs corses réunis lors de la soirée de présentation de la Fédération des bières corses à Patrimonio, dimanche 2 juin 2024.
Dimanche 2 juin, le village de Patrimonio a accueilli une soirée consacrée à la bière, durant laquelle les brasseurs Pierre-François Maestracci (bière Ribella), Charles-Antoine Cesari (bière Filitosa) et Sylvain Martinez-Ciccolini (bière Bocca), ont présenté aux brasseurs insulaires, la Fédération des bières corses. Les représentants des brasseries Palazzu, Pietra, ou encore Gloria, ont notamment répondu présents. « Sur environ douze brasseries corses, personne n’est contre cette création », poursuit Charles-Antoine Cesari. Et pour cause, au total, les artisans attendent l’adhésion d’au moins huit des brasseurs insulaires.
Fraîchement créée par le trio – il y a seulement quelques semaines -, cette association « est née dans l’esprit des anciens micro-brasseurs » de l’île, cinq ans auparavant, précise Charles-Antoine Cesari, désireux de promouvoir leur savoir-faire et de développer collectivement la filière.

Parmi les objectifs fixés par la Fédération des bières corses, se trouve, à court terme, celle de « regrouper ». Ensemble, les producteurs entendent notamment « mettre en valeur le fait que la bière soit brassée en Corse ». Grâce à l’association, les institutions n’auraient également « plus qu’un seul interlocuteur ». « En interne, pour les brasseurs, c’est utile aussi parce que nous allons pouvoir mutualiser les données, les techniques. Ça fait de l’émulsion », pointe Charles-Antoine Cesari.

Une filière agricole corse « de l’épi à la chope »

Sur le long terme, la Fédération des bières corses souhaite produire un breuvage entièrement produit sur l’île « avec pourquoi pas une Indication géographique protégée ». Une filière agricole corse « de l’épi à la chope ». Mais si l’eau constituant 80 % de la bière provient des sources insulaires, l’absence d’une malterie sur le territoire oblige les brasseurs à sous-traiter une partie du travail sur le continent. « Ils peuvent faire de l’orge sur l’île, l’envoyer sur le continent dans une malterie, le transformer en malt et le faire revenir, mais au niveau du développement durable, ce n’est pas optimal », lance-t-il. L’autre solution étant de se fournir en orge déjà maltée sur le continent, avant de le brasser en Corse. « Si on veut faire du 100 % corse, il faut une malterie pour faire le lien entre l’agriculteur et le brasseur », martèle-t-il. Ce projet, estimé à environ 2 millions d’euros, est soutenu par la Chambre d’Agriculture de Haute-Corse. Le brasseur explique que la structure a d’ores et déjà « des idées d’emplacement pour la malterie, avec un méthaniseur ». La chaleur qui s’en dégage pourrait ainsi « être utilisée pour faire tourner le lieu de production. Il y a un intérêt écoresponsable. »

Dans le même temps, l’association souhaite développer la culture du houblon. « C’est une création de filières » avec le soutien de la Chambre d’Agriculture, confie-t-il. Cette démarche impliquerait la venue d’un technicien, afin de former les agriculteurs intéressés. « La bonne nouvelle est que l’université de Corse a mené des études il y a plusieurs années et s’est rendu compte qu’il y avait un houblon endémique. Il y a un terroir naturellement présent. Pour l’orge, certains agriculteurs l’utilisent déjà pour les bêtes, il y aurait alors simplement plus de demandes. Quand il y a de la demande, il y a de l’offre, surtout qu’ils savent déjà faire ».

Poursuivre dans une démarche éco-responsable

« Mettre en valeur le fait que la bière soit brassée en Corse. »
« Mettre en valeur le fait que la bière soit brassée en Corse. »
« Nous avons tous les trois des bières issues de l’agriculture biologique », note Charles-Antoine Cesari. Et de poursuivre : « Si nous développons une Scic (société coopérative d’intérêt collectif) avec une malterie et une nouvelle filière, nous souhaitons qu’elle soit biologique. »
Cette volonté s’inscrit dans une démarche écoresponsable déjà entamée par les fondateurs. En effet, les drêches - les grains des céréales dont a été extrait le sucre - sont déjà destinées à vivre une seconde vie. La brasserie de la Bocca a établi un partenariat avec un éleveur afin de fournir ces « déchets » pour nourrir les cochons. Les brasseries Ribella et Palazzu, quant à elles, transforment une partie des drêches en objets biodégradables pour alimenter les jardins. « Le but est de revaloriser », conclut-il.