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Bastia : message de détresse pour Jean-Pierre Santini


Philippe Jammes le Mercredi 28 Octobre 2020 à 15:41

La section corse de la Ligue des Droits de l’Homme a donné mercredi matin une conférence de presse en soutien à Jean-Pierre Santini, actuellement en détention provisoire à Fresnes dans le cadre de l’enquête sur des tirs contre la gendarmerie de Montesoro à Bastia en juillet dernier. Pour protester contre son arrestation et son incarcération l’écrivain, 76 ans, a entamé depuis plus de 3 semaines une grève de la faim.



Au coté de la LDH avaient pris place Laurent Santini, le fils de Jean-Pierre, l’Associu Patrioti et le collectif d’écrivains, Operata pè Santini. «Pour nous il y a urgence vitale, on redoute une hospitalisation dans les prochaines heures » indiquait en préambule Laurent Santini. «Mon père a perdu 10 kg et fait 2 malaises et sa surveillance médicale est minime. Il nous a dit avoir connu des moments très difficiles lors de sa garde à vue, des humiliations et se trouve être le détenu de Fresnes le plus âgé, dans une cellule délabrée. Il souligne que ce n’est pas un bras de fer avec la justice mais dénonce une police de la pensée. Aujourd’hui nous sommes très inquiets pour sa santé physique et mentale même s’il reste combattif face à cette situation ».


Ugo Pandolfi devait ensuite prendre la parole au nom du collectif d’écrivains, Operata pè Santini : «Ce 28 octobre, à la fin de la quatrième semaine de la grève de la faim engagée par l’écrivain Jean Pierre Santini depuis le jour de son arrestation le 6 octobre dernier, ce que nous avons à vous dire, haut, fort et clair, est bref, très bref et très simple, comme le sont les messages de détresse. Pour Jean Pierre Santini il y a urgence. Et cette urgence est vitale. Le poète, le romancier, le militant Jean-Pierre Santini ne doit pas mourir en prison. Nous ne voulons pas d’une France qui détruit ses écrivains. C’est ce que nous avons dit publiquement et écrit officiellement  il y a deux semaines à la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, dont les services n’ont toujours pas accusé réception de l’Adresse rendue publique le 14 octobre dernier. Depuis, un choix de la justice est intervenu et a prononcé le maintien en détention provisoire à Fresnes de l’écrivain. Ce choix est Incompréhensible, scandaleux, honteux. Il est inutile, injuste et dangereux comme l’ont dit les deux présidents de Corse.  Aujourd’hui 28 octobre, l’urgence vitale s’est aggravée. Il s’agit à présent d’une urgence absolue. Et cette urgence absolue pour la vie d’un homme interdit le silence, interdit d’ignorer, interdit de se taire. C’est parce que l’urgence interdit le silence que nous crions aujourd’hui. Nous crions haut fort et clair : Que la justice doit passer pour tous, mais elle ne doit pas prendre la forme d’un traitement inutile, injuste et éminemment dangereux. Nous demandons que Jean Pierre Santini soit placé sous contrôle judiciaire jusqu’à son procès. Nous demandons que la mesure et la proportionnalité encadrent désormais le cours de l’action judiciaire. Nous crions qu’une personne, coupable ou non d’un délit, ne doit pas, ne doit jamais être niée dans son humanité, ni dans sa détresse. Tel est notre cri. Tel est le sens de notre operata pè Santini. Pour qu’un poète, un écrivain, un éditeur, un militant ne meure pas en prison, aujourd’hui, en France ».


Lors de sa prise de parole, Jean-Philippe Antolini, de l’associu Patrioti, a réclamé la libération immédiate des personnes emprisonnées dans cette affaire : «Les patriotes corses n’ont rien à faire en prison. On demande leur libération immédiate. Dans le code de procédure, l’incarcération doit être exceptionnelle, or pour les Corses c’est la règle. On exige de l’Etat qu’il sorte de la répression et écoute la voix de la Corse qui se veut apaisante. On souhaite le dialogue avec lui »


Dernier à prendre la parole, André Paccou, responsable de la section corse de la LDH a lui aussi rappelé l’urgence vitale :  «On en revient aujourd’hui à des problèmes qui nous mobilisaient il y a quelques années : la justice antiterroriste. C’est aujourd’hui son grand retour. De nombreux jeunes sont en détention provisoire. On réalimente la machine antiterroriste, or le contexte politique a changé. Il y a aujourd’hui une disproportion de cette justice antiterroriste. Les personnes incarcérées sont présumées innocentes et on doit pouvoir trouver une alternative à la prison. Sur la situation de Jean-Pierre, il y a colère, mêlée à l’émotion, à la souffrance. Aujourd’hui la ligue fait son travail d’homme en étant aux cotés de la famille de Jean-Pierre. Nous allons discuter d’actions à faire ».
 
Laurent Santini s’est confié au micro de CNI


 
 

Nouvelle mobilisatiion ce mercredi à Bastia en soutien à Jean-Pierre Santini
Nouvelle mobilisatiion ce mercredi à Bastia en soutien à Jean-Pierre Santini